L’Europe Barbare 476-714
Cours : L’Europe Barbare 476-714. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar LEO GAUTIER • 25 Septembre 2019 • Cours • 13 952 Mots (56 Pages) • 480 Vues
L’Europe Barbare
476-714
Entre le Vème et le VIIIème siècle, l’Europe occidentale cherche ses marques, bousculée entre la fin de la période romaine et le plein Moyen-Age, au cours de ce qu’on a appelé les « invasions barbares ». Le point fort de cette période et son moment d’aboutissement : la montée en puissance du pouvoir des Francs, aux sources de l’Empire de Charlemagne. Loin d’être seulement une période de désordre et de chaos, ce haut Moyen-Age est surtout un temps de création institutionnelle et juridique, où notre Europe trouve ses fondements. Ces siècles sont ceux de l’écroulement de pans entiers d’un vieux monde mais également de constructions innovantes : émergence de nouvelles institutions chrétiennes, mélange des cultures, restructuration de la famille et des communautés…
- La fin de l’Empire Romain d’Occident
Une grave crise politique et sociale secoue le monde romain au IIIème siècle après JC qui entraine une grande instabilité politique et un déclin démographique. Ces mutations s’accompagnent de la pénétration de peuples frontaliers à l’intérieur de l’espace romain. Tout au long du IIIème siècle, Rome est passée du statut de puissance dominante à celui de puissance menacée. Les formes de gouvernement héritées du Haut Empire étaient devenues inadaptées.
- Empire et Empereurs
L’Empire Romain atteint sa plus grande extension au IIème siècle après JC, couvrant un tiers de l’hémisphère nord. Il est centré autour de la Méditerranée mais s’est étendu vers le nord en Gaule, en Germanie et même en Angleterre. Au IIIème siècle, les romains considèrent toujours que la destinée de l’empire est de couvrir tout l’espace habité mais cette prétention devient de plus en plus difficile à soutenir face à l’existence de populations situées à l’extérieur de l’empire qui l’empêchent de s’étendre et la contraignent même à se restreindre à certaines de ses extrémités.
Sous le règne de Marc Aurèle (161-180), l’empire romain connait une grave crise militaire qui voit l’empire attaqué à l’Est par les Parthes et à l’Ouest dans la région de Danube. De plus, une pandémie aggrave la crise démographique. Sous la dynastie des Sévères, qui succède à celle des Antonins à la fin du IIème siècle, l’empire connait un effet de redressement économique et démographique et il s’étend encore, pour atteindre son ampleur maximale. Au-delà des frontières, l’influence de Rome se fait encore sentir car les empereurs soutiennent financièrement et politiquement les chefs de peuples clients qui y sont installés.
A partir de 249, les attaques que subit l’empire sur trois fronts simultanés (Rhin, Danube, Orient) perturbe la gestion de cet immense espace. Par exemple, en 251 l’empereur Dèce est tué lors d’un conflit contre les Goths. Cela entraine une répartition géographique des taches. L’association à la direction de l’Empire d’une ou plusieurs personnes n’est pas une nouveauté. A partir de 254, l’empereur Valérien intervient en Orient alors que son fils Gallien s’occupe des opérations sur le Danube. Ce dernier s’installe ensuite en Gaule menacée par les Francs et les Alamans. Valérien, prisonnier du roi perse Shapur Ier entraine une multiplication des usurpations en Gaule, en Orient et sur le Danube. Après une série de victoires contre les Alamans et les Vandales et un apaisement sur le Danube obtenu par l’abandon de la province de Dacie (Roumanie), l’empereur Aurélien fait fortifier Rome dans les années 270.
Les attaques des Francs et des Alamans sur le Rhin ne cessent pas, mais de 275 à 300, l’existence de l’empire ne semple plus en péril. Les empereurs se succèdent rapidement et on compte encore quelques usurpations notamment en Gaule, jusqu’en 285 mais le règne des Dioclétien (285-305) constitue une période de stabilité avec la mise en œuvre d’une série de réformes décisives : il sacralise la fonction impériale et sépare les fonctions civiles et militaires ; pour renforcer l’armée et l’administration, il augmente les impôts, qui servent aussi à poursuivre la fortification des frontières et des villes ; une nouvelle circonscription est créée : les provinces sont maintenant divisées en diocèses.
Au début du IVème siècle, Constantin réunifie l’Empire à son profit et met en place un régime autocratique et militaire : à l’issue de guerres civiles, il devient le seul maître de l’Occident en 312 et de tout l’empire en 324. Il poursuit la vague de réformes initiées par Dioclétien, notamment dans les domaines de l’armée et de l’économie. Ces réformes sont rendues possibles grâce à la stabilité de l’empire : pendant 30 ans Constantin se montre sans cesse victorieux. Les barbares n’ont pas pu mettre à profit les guerres civiles. Constantin l’invaincu devient Constantin le vainqueur au moment ou il choisit de se convertir au christianisme vers 312. Il est le premier empereur chrétien et pour cette raison il devient le modèle de tous les souverains du Moyen-Age.
La dynastie issue de Constantin reste au pouvoir jusqu’en 363. A la mort de Constantin en 337, l’empire est divisé entre ces 3 fils. Une série de guerres civiles oppose les fils de Constantin entre eux et avec des usurpateurs. Ces conflits éprouvent fortement l’armée, les barbares profitent de cet affaiblissement pour reprendre leurs attaques.
Une nouvelle dynastie monte alors sur le trône en la personne de Valentinien Ier et de son frère Valens en 364. Valentinien ramène l’ordre en Occident par ses victoires sur le Rhin, le Danube et en Grande Bretagne contre les Pictes et les Saxons. En 382, Théodose Ier qui remplace Valens en Orient (mort au combat) n’arrivant pas à vaincre les Goths conclut une alliance avec eux. Il conclut également une paix avec les perses qui lui permet de combattre avec ardeur les barbares occidentaux. Les deux parties de l’empire sont de plus en plus indépendantes l’une de l’autre depuis l’avènement des Valentiniens. L’unité de l’empire est maintenue, dirigée par une seule dynastie, ce qui renforce son cadre idéologique (celui de la Rome éternelle) et juridique. Cette unité est encore renforcée par les réformes de Théodose. Il y contribue du point de vue religieux en interdisant les cultes païens et en faisant du christianisme la seule religion officielle de l’empire.
A la mort de Théodose en 395, ses deux fils lui succèdent. Ces dates est considérée comme celle de la scission de l’empire en deux parties. Cette division ne remet pas en cause l’unité de l’empire, elle est même renforcée au point de vue juridique par la promulgation en 438 du Code Théodosien. Le pouvoir impérial subit de plus en plus de pressions exercées par les militaires, qui tentent de s’arroger tout ou une partie de son pouvoir. Les usurpateurs sont en général des généraux romains qui profitent du soutien de leur armée pour s’imposer dans une région ou essayer de chasser un empereur. D’autres essaient d’obtenir la fonction militaire la plus élevée, celle de maître de la milice. Les barbares entrés dans l’armée romaine ne peuvent eux-mêmes espérer prendre directement le pouvoir en tant qu’empereurs, car ils savent que l’administration romaine ne les soutiendra jamais. Cependant ils peuvent obtenir le poste de maître de la milice, qui s’accompagne parfois de la gestion concrète d’une partie de l’empire.
Stilichon (maitre de la milice qui gouverne l’empire en occident) remporte plusieurs victoires militaires contre Alaric, et l’emploie ensuite pour arrêter d’autres Goths qui se tournent également contre l’Italie. Pour contrer ces attaques, il doit dégarnir la frontière rhénane. Les Vandales, les Suèves et les Alains en profitent pour la prendre d’assaut. Quant à Alaric, il réclame les importants subsides qui lui ont été promis. Dans cette situation de crise, Stilichon est accusé de complot et exécuté en août 408. C’est alors que débute la campagne barbare qui va laisser le plus de traces puisqu’elle débouche sur la prise de Rome par les Goths d’Alaric en 410. C’est le début de l’affaiblissement progressif des structures de l’empire d’Occident, qui vont amener sa fin en 476. Le général Constance repousse les Goths installés en Gaule (à partir de cette époque on les appelle les Wisigoths). En 407, Constance III débarque de Grande Bretagne pour prendre le contrôle de la Gaule qui sera éliminé en 411. C’est un certain Jovin qui prend le pouvoir en Gaule du Nord. Il trouve des soutiens, les Burgondes et les Wisigoths. Ces derniers vont finalement décider de soutenir Honorius (empereur romain de 395 à 423) qui leur promet un traité avantageux. Ils se saisissent alors de Jovin qui est exécuté en 413. En 418, la situation semble stabilisée et favorable à Honorius car il a réussi à sauver son pouvoir mais au prix fort car il a dû laisser piller Rome par les Wisigoths et il doit leur permettre de s’installer dans l’Empire pour leurs services contre Jovin.
A la mort d’Honorius, les guerres civiles reprennent. Les Vandales en profitent pour passer en Afrique. Cet épisode qui débute en 429, joue un rôle majeur dans l’affaiblissement du pouvoir impérial. Les Romains concluent un foedus avec le roi vandale Genséric en 435 mais après la capture de Carthage, le blé africain n’est plus acheminé aussi bien à Rome. De plus l’Afrique était la région d’où les impôts parvenaient le mieux en ces temps troublés. Le manque à gagner se révèle très important pour l’empereur et cette situation affaiblit son influence, son indépendance et sa capacité à faire appel à des troupes barbares qui interviennent contre paiements. Cependant, Genséric continue à se considérer comme lié à l’empereur et à lui envoyer du blé jusqu’à la mort de Valentinien en 455. Face au mépris des accords noués entre Valentinien et Genséric, le roi vandale pille Rome pendant 2 semaines et annexe les restes de l’Afrique romaine.
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