Dissertation insoutenable légerté de l'être

ans réalistes ont pour but de jouer le rôle de « témoins », Balzac souhaitait d’ailleurs être « secrétaire de la société française » en écrivant « l’histoire […] des mœurs ». Aussi, est-il logique pour l’auteur de supprimer les éléments de fiction pour donner une impression de réel. Pour réaliser cela, un personnage peut représenter une partie de la société entière comme par exemple dans Aurélien, où le personnage éponyme, a été créé pour représenter l’image de « l’ancien combattant », de « l’homme qui est revenu et qui ne retrouve pas sa place dans la société dans laquelle il rentre ». Ainsi, par l’intermédiaire d’un seul personnage, l’auteur peut exprimer par les faits et gestes ou encore grâce à un narrateur omniscient les ressentis de toute cette partie de la population. Nous pouvons aussi citer Bel-ami, où Georges Duroy est un représentant des hommes parvenus au sommet de la pyramide sociale grâce à diverses manigances ou encore Nana, le personnage éponyme qui reflète la corruption de l’époque. Ce type d’écrit est utilisé pour décrire une société comme une sorte de peinture sociale où le personnage devient uniquement une image, un symbole de son groupe social.

Parfois, l’illusion est telle que pour le lecteur, les personnages fictifs deviennent des personnes réelles comme un vrai miroir qui lui renvoie une image de la société dans laquelle il vit. D’ailleurs la définition du roman pour le romancier Stendhal est : « un roman, c’est un miroir que l’on promène le long d’un chemin ».

L’un des procédés utilisés par les naturalistes est d’écrire des cycles. Le principe est qu’au fil de la lecture des tomes le lecteur découvre différents milieux sociaux. L’un deux, Zola, s’est illustré avec son cycle des Rougon-Macquart comptant vingt romans. De même, Aragon a écrit le cycle du « monde réel » comprenant cinq tomes dont Aurélien est le quatrième. Après avoir réalisé une enquête approfondie sur la société, le romancier peut ainsi, au travers de ses personnages, dépeindre les travers de celle-ci : c’est-à-dire les tares héréditaires comme l’alcoolisme et la folie ou encore les caractères traditionnels d’un milieu donné.

Le roman est ainsi au service de la dénonciation et peut susciter la révolte du lecteur.

Ce type de roman est donc, la plupart du temps, engagé pour avoir un impact plus important et pour mieux capter l’attention du lecteur.

Est-ce possible pour l’auteur de représenter la société sans s’inspirer des évènements vécus, en faisant impasse sur ce qui l’a marqué ? L’auteur peut il s’affranchir de son expérience, son éducation et sa culture dans ses écrits?

Comme l’affirme Balzac : « La littérature se sert du procédé qu’emploie la peinture qui […] prend les mains de tel modèle, le pied de tel autre, la poitrine de celui, les épaules de celui-là ». En effet, en partant du même principe, il est possible d’établir quelque rapprochement entre la vie d’Aragon et celle du personnage éponyme de son roman. L’auteur a vécu des turbulences majeures au sein de sa famille, de même Aurélien est persuadé que son père n’est pas son père et que ce dernier a tué sa mère.

Nous pouvons par ailleurs établir une relation entre Paul Denis et Aragon puisque dans sa jeunesse, Aragon a participé au dadaïsme.

De plus, Aragon dit lui-même qu’Aurélien est à la fois une part de lui mais aussi une part de son ancien ami Drieu la Rochelle lors de leur jeunesse ; « Je pense qu’Aurélien est un portrait plus fidèle de Drieu […] bien des traits d’Aurélien viennent de moi […]. ». De même, derrière le peintre Zamora on devine Francis Picabia, derrière le poète Ménestrel André Breton.

D’autre part, d’après Pierre Daix, Aragon s’est inspiré d’une de ses connaissances (Denise Levy, mariée à un médecin) pour créer le personnage de Bérénice. Aragon avoue effectivement : « que Bérénice a été écrite, décrite à partir d’une femme réelle, je n’en disconviens pas ». A la lecture du roman, on apprend par ailleurs que Bérénice est mariée à un pharmacien, activité assez proche de celle du médecin.

Nous pouvons encore trouver un lien ; en effet dans la vie réelle, il n’y a eu aucune aventure physique entre Aragon et Denise Lévy ainsi il n’y en aura pas non plus entre