La Paix
Dissertation : La Paix. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresrouve cette idée chez Kant dans Projet de paix perpétuelle, où celui-ci montre justement qu’une paix véritable n’est pas un simple « cessez-le-feu » mais au contraire impose l’abandon définitif des armes.
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Ainsi, Kant distingue la paix et la fin des combats qui cessent faute de combattants car il considère que ceux-ci constituent toujours une menace pour l’avenir. On peut le vérifier avec une « guerre d’extermination qui anéantirait les deux camps et par la même le droit n’établirait la paix perpétuelle que dans le grand cimetière du genre humain ». On retrouve ici le terme de « cimetière » (déjà évoqué par Kant dans le préambule de son œuvre) employé par Emmanuel Levinas, comme si la paix ne pouvait être possible que quand il n’y a plus de combattants, c'est-à-dire quand tous les hommes sont morts. C’est pourquoi une telle vision de la paix ne peut se justifier car elle signifierait qu’elle est impossible. D’autre part, il est évident que l’on ne peut résumer la paix par la défaite des uns et la victoire des autres car cela serait oublier l’atrocité et l’effroi que suscitent la guerre et le conflit. En effet, à bien des égards, la guerre apparaît comme un mal, un véritable fléau et une entrave essentielle dans la réalisation de la paix. Il est inconcevable d’espérer la paix en essayant d’éliminer autrui et toutes formes d’opposition car cela ne ferait qu’amplifier le conflit et les combats. Cette atrocité de la guerre n’est pas absente des œuvres d’Aristophane, Kant ou Hugo. En effet, au début de son œuvre, Aristophane dans La Paix, nous donne à voir les malheurs que cause la guerre à travers ses personnages, les cultivateurs : ce qu’ils perçoivent de la guerre c’est qu’elle change leur quotidien puisqu’ils doivent faire face à la pénurie, à l’effroi, aux désagréments ainsi qu’à la souffrance quotidienne. Aristophane parle même de la guerre à travers les éléments qu’elle implique à savoir : les armes, boucliers, etc. Cela est renforcé par la personnification de la guerre. Celle-ci apparaît comme un être monstrueux, affreux et laid : « voilà le monstre que nous fuyons ! Ce monstre effroyable, impitoyable ». Ainsi, la guerre apparaît comme une plaie de l’humanité, elle fait souffrir les hommes et en ce sens on ne peut la justifier et encore moins la revendiquer pour espérer la paix. Le roman de Victor Hugo Quatre-vingt-treize n’est également pas avare dans la représentation du mal que représente la guerre. Par exemple, on peut s’intéresser à l’interprétation faite à travers les yeux d’un personnage du massacre causé par Lantenac « tous étaient des cadavres », « touts étaient morts », « il n’y a pas besoin de feu…c’était du sang ». La misère du peuple vendéen, l’image de la mère errante sont autant d’autres éléments mettant en relief l’atrocité de la guerre.
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Ainsi, comme l’affirme Levinas, on ne peut identifier la paix à la seule fin des combats et à la disparition des ennemis potentiels. Cependant, il arrive parfois que les conflits et la guerre soient nécessaires pour espérer retrouver la paix. En effet, on peut remarquer que c’est dans la guerre que se prépare déjà la paix. En effet, selon Kant, une guerre d’extermination qui anéantirait tous les hommes mettrait à mal la confiance entre les hommes au point où cela rendrait impossible la confiance réciproque dans la paix future. Ainsi, c’est dans la guerre même que l’on prépare la paix future, en ce sens que les hommes en guerre doivent se comporter d’une façon qui ne remettrait pas en cause la réconciliation future. De ce point de vue, Kant s’oppose à Levinas puisque selon lui la réalisation de la paix dépend de la façon dont on a mené la guerre. Un exemple de conflit nécessaire est sans doute la révolution française dont Kant et Hugo sont de profonds défenseurs. En effet, pour Victor Hugo, une finalité heureuse peut justifier le recours aux armes « les catastrophes ont une sombre façon d’arranger les choses », « les devoirs terribles existent ». C’est pourquoi selon Hugo toute guerre n’est pas forcément injuste « la révolution est une forme du phénomène immanent qui nous presse de toute part et que nous appelons la Nécessité ». La guerre est le prix à payer pour « ce grand rajeunissement…peuples » et la clémence de Gauvain envers Lantenac permet d’inscrire dans la guerre un signe de paix. La paix apparaît donc comme indissociable de la guerre : la paix est un long processus qui passe par la guerre. D’autre part, Levinas fait remarquer que la paix doit être installée en relation avec autrui. Or, les hommes étant guidés par leurs intérêts particuliers et leur égoïsme, autrui constitue au contraire une menace. Aristophane montre bien le plaisir qu’ont les hommes à faire souffrir les autres. C’est cette agressivité naturelle de l’homme qui a découragé les dieux et a conduit à engager « la guerre » : « Pourquoi les dieux ont-ils déménagé ? Parce que vous avez refusé la paix toutes les fois qu’il vous est donné l’occasion de faire la paix ». Ainsi, dans le conflit, les hommes cherchent le profit qu’ils peuvent en tirer quelle que soit la nature. Celui qui l’emporte sur l’autre a tout intérêt à ce que le conflit perdure afin d’accroître sa domination et sa puissance sur les autres. Cette nature fondamentalement violence et égoïste montre que les autres ne sont qu’un danger pour nous. Sartre, affirmant « L’enfer, c’est les autres ». De ce fait, pour espérer la 3
paix les hommes doivent mettre en place des règles communes et un régime politique stable. En effet, dans un état de nature, c'est-à-dire un état avant qu’un lien politique ne soit constitué, la guerre prédomine. Puisque d’emblée autrui est considéré comme un ennemi potentiel. Hobbes considérant l’état de nature comme « une guerre de tous contre tous ». D’ où la nécessité d’établir un régime politique car l’élaboration de la paix interroge les rapports entre les hommes. Selon Kant « la constitution civile doit être républicaine ». Seule la république garantit la liberté des citoyens, la dépendance et l’égalité de tous devant la loi. La république repose essentiellement sur la liberté humaine. La république garantit la paix perpétuelle car la guerre ne sera pas choisie par le peuple qui généralement en est la première victime : c’est dans l’intérêt du peuple de ne pas entrer en guerre.
A partir de là, comment instauré la paix ? Comme l’indique Levinas « ma paix » impose en dépit de la
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