La Roumanie de 1918 à 1928
Dissertation : La Roumanie de 1918 à 1928. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar isaac89 • 10 Octobre 2023 • Dissertation • 1 937 Mots (8 Pages) • 145 Vues
La Roumanie de 1918 à 1928
La Roumanie connaît, de 1918 à 1928, une période charnière de son histoire qui s'est traduit par de nombreux traités et de nombreux essais politiques et diplomatiques.
La Roumanie est un état d'Europe centre-orientale assez grand, qui, au début du XXème siècle, se trouve entre les influences, et donc la possible menace, de l'empire russe et de l'empire austro-hongrois. Le terme "Roumanie" vient en fait puiser ses origines dans l'adjectif latin "romanus" qui signifie donc "romain", puisque la région a été sous domination romaine durant l'Antiquité. Le pays a connu de nombreuses domination qu'elle soit romaine, ottomane ou russe, et la Roumanie contient en son sein de nombreuses minorités comme des Magyars, des bessarabiens ou des Hongrois. Il est donc intéressant d'étudier l'évolution politique, sociale, ethnique et territoriale de la Roumanie de 1918, à la fin de la Grande Guerre afin de comprendre comment le pays a vécu la sortie de guerre et quelles en furent les conséquences, et ce, jusqu'en 1928, juste avant la crise économique donc.
Au moment où la Grande Guerre s'apprête à éclater, la Roumanie est face un choix : la Triple-Entente se rapproche d'elle et lui promet la création d'une "Grande Roumanie", qui consisterait à, comme l'indique la Convention Diamandi-Sazanov avec la Russie, pouvoir annexer les territoires austro-hongrois étant habités par des populations roumaines. D'abord neutre, la Roumanie s'engage dans le conflit au côté de la France et de la Russie mais a rapidement subie de nombreux revers, à tel point que le pays est militairement vaincu en 3mois puis occupé par les bulgares, les austro-hongrois, les ottomans et même les allemands qui occupent sa capitale Bucarest. Impossible alors pour l'état roumain se se tourner vers son allié logique qu'est la Russie, en effet, le pays est alors en pleine révolution bolchevique et n'est plus en mesure d'opérer une intervention. Toutefois, avec l'aide de la France et d'un jeu diplomatique assez intelligent, la Roumanie a su passer de pays "martyr" et vaincu à une "Grande Roumanie" victorieuse et agrandie.
De quelle manière la Roumanie, de 1918 à 1928 a su sortir de son statut de pays martyr et vaincu pour accomplir le rêve d'une "Grande Roumanie" ?
En premier lieu, nous verrons que la sortie de guerre, marquée par les traités, fut assez contrastée et difficile de la Roumanie. Par la suite, il faudra voir comment se manifeste cette "Grande Roumanie" au cours de cette importante décennie et quels furent ses relations avec les autres acteurs de la région. Et enfin, dans un dernier temps, les limites et les freins de ce projet politique roumain.
I. L'impact important des traités de paix sur une Roumanie en sortie de guerre
1. Le traité de Bucarest : entre perte territoriales et humiliations
Suite à l'armistice entre la Roumanie et les Empires Centraux, ces derniers se rassemblèrent à Bucarest, alors occupée par les allemands pour signer un traité indiquant les clauses de la défaite roumaine. Le roi roumain Ferdinand fut obligé d'accepter les dures conditions qui s'imposaient à lui sous peine de voir son pays disparaître des cartes de l'Europe. Ainsi, le Reich allemand imposa son pouvoir sur l'économie du pays, un monopole sur le commerce fluvial du Danube et elle veilla à s'immiscer fortement dans la production de pétrole, le pays étant alors à l'époque le quatrième plus gros producteur au monde de cette ressource. De son côté l'Autriche-Hongrie récupéra de nombreuses clauses économiques sur la production de viande et de blé ainsi qu'une partie des Carpates, ce qui lui fit gagner pas moins de 150 000 habitants. Cet important coup de frein à la "Grande Roumanie" s'est accompagné d'autres pertes territoriales comme l'occupation de la Valachie et la cession de la Dobrudja du Sud à la Bulgarie.
2. Un basculement de la situation politique en faveur de la Roumanie
Alors que le projet d'une grande puissance roumaine était en train de détériorer de plus en plus, un soudain basculement de la situation politique et territorial de l'Europe centre-oriental va rabattre les cartes et avantager la Roumanie. Tout d'abord, l'effondrement de l'empire Austro-Hongrois en Novembre 1918 permit à la Roumanie de reprendre la Transylvanie et les Carpates, mais aussi une région du sud-est appelée le Banat. Par la suite, l'éphémère république socialiste de Bessarabie, formée après le traité de Bucarest, finit par être envahi, occupée puis annexée par les roumains en décembre 1918. Après de fortes négociations, la Roumanie obtient l'autorisation auprès des Alliés d'étendre encore un peu plus la frontière de l'ouest avec la Hongrie. Enfin, cette fois-ci, les traités seront bien plus favorables envers la Roumanie : celui de St-Germain-en-Laye en 1919 qui s'assure d'établir la paix entre les Alliés et l'Autriche, ainsi que le traité de Trianon en Juin 1920 qui s'assurait du démantèlement territorial de la Hongrie.
On le voit, ce projet d'une Grande Roumanie a été quelque peu complexe et difficile à être mis en oeuvre, mais, des suites d'un basculement et du hasard de la situation politique de la région, la Roumanie a réussi son projet politique.
II. La Grande Roumanie : un nouvel état puissant dans l'Europe du traité de Versailles
1. Un nouvel état Roumain sur les cartes européennes
De ce fait, la Roumanie peut à présent se constituer en un nouvel état fraîchement formé des suites de la Grande Guerre. Avant toute chose, le pays voit son territoire et ses frontières largement s'agrandir, à tel point que le pays passe de 130 000km2 à presque 295 000km2 du fait de l'annexion et du rattachement des territoires cités précédemment. Ensuite, plus qu'une construction territoriale et militaire, le projet de la Grande Roumanie est avant tout culturel et ethnique : en effet, il est considéré comme l'aboutissement politique et ethnique de l'indépendance du peuple roumain en Europe, qui consistait à récupérer tous les territoires et régions d'où étaient originaires les roumains. Toutefois, sur ces 15 millions d'habitants ; soit le double de la population d'avant-guerre ; seulement 70% d'entre-deux se considéraient et se reconnaissaient en tant que roumains. En effet, ces territoires "roumains" contenaient en réalité une multitude de peuples assez différents comme des hongrois, des russes, des allemands ou des Bessarabiens, qui, par peur du bolchevisme grandissant en Russie, préféraient rester en Roumanie.
2. Un rôle politique important dans l'Europe d'après-guerre
Ainsi devenu un nouvel état au sein d'une Europe fragilisée et redessinée, la Grande Roumanie se doit de s'affirmer sur la scène européenne. Pour commencer, le nouvel état sait qu'il est important de garder ses nouvelles frontières et son unité nationale, c'est pour cette raison que la Roumanie s'est volontairement rangée dans le camp de l'ordre de Versailles. L'occasion pour ce nouvel état de briller s'offrit soudain à lui : en Mars 1919, sous la direction de Bela Kun, un régime communiste s'installe en Hongrie et menace la stabilité de la région. Les Puissances Alliées demandèrent au début aux roumains de ne pas vraiment intervenir tout de suite, mais ces derniers attaquèrent tout de même la Hongrie communiste et occupèrent une bonne partie du pays, jusqu'au Danube et vers la frontière tchécoslovaque. Cela montre que la Grande Roumanie est un état certes nouveau, mais qui cherche à s'affirmer militairement aux yeux de l'Europe. Sur le plan politique et diplomatique, la Roumanie a également su occuper une place importante dans la Société des Nations puisque son ministre des Affaires étrangères, Nicolae Titulescu l'a en effet présidée par deux fois. L'état roumain s'est par la suite prononcé pour la diminution des armements et l'importance de la sécurité lors du pacte Briand-Kellog de 1928.
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