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Un enterrement à Ornans

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ns cette époque sensible au contexte social, les artistes ne se rangent pas forcément aux côtés de la classe ouvrière et de son combat (Courbet participera à la Commune seulement en 1871) mais ils se détachent de la bourgeoisie qui rejette les nouvelles formes d’art. L’artiste véritablement novateur tend à s’isoler et à se marginaliser : après la Bohème, forme de vie aléatoire mais libre des artistes romantiques, la deuxième moitié du xixe siècle voit l’apparition de l’image de l’artiste maudit, qui n'est plus au service des institutions et des pouvoirs en place comme auparavant, et qui n'est compris que par une petite élite intellectuelle et artistique.

Critiques

Un enterrement à Ornans fut présenté au Salon de peinture de 1850 où, malgré la médaille de deuxième classe qui l’a récompensé, il fut très mal accueilli par les critiques outrés de voir une si grande œuvre (6,68 mètres sur 3,15 mètres) traiter d'une « anecdote » populaire avec une telle gravité. Ce format panoramique était alors réservé aux grandes scènes historiques, mythologiques ou religieuses. La composition rappelle Le Sacre de Napoléon du peintre David. Cette remise en question de la hiérarchie des genres va choquer les critiques. Pour la plupart d'entre eux, la peinture de Courbet fut assimilée à un art « socialiste ». Les réactions furent violentes : « Est-il possible de peindre des gens si affreux ? » demandent des bourgeois dans un dessin d'Honoré Daumier. La critique décrit les personnages comme « d'ignobles caricatures inspirant le dégoût et provoquant le rire ». Par exemple, Dupays dénonça chez Courbet « un amour du laid endimanché ». D'autres diront « Oh ! Les laides gens ! Et quel peuple ! Et quand on est fait comme cela... l'on devrait au moins avoir le droit de ne pas se faire peindre ! »

Le point de vue de Courbet Face au critiques

À ces critiques, Courbet répond : « Je n'ai jamais eu d'autres maîtres en peinture que la nature et la tradition, que le public et le travail. » C'est la définition de ce nouveau courant dont il est devenu en 1847 le chef de file : le Réalisme, que son ami journaliste Champfleury a propagé. Courbet déclara aussi : « Je tiens ainsi que la peinture est un art essentiellement concret et ne peut consister que dans la représentation des choses réelles et existantes (...) de tous les objets visibles ; un objet abstrait, non visible, non existant n'est pas du domaine de la peinture ». Il souhaite balayer l'hypocrisie et l'académisme ambiants des peintres de salon embourgeoisés, et montrer la réalité brute de la province, le monde de la campagne et de ses pauvres habitants.

Le tableau vu de nos jours

Du fait de l'engagement politique et artistique de Courbet, l'œuvre a soulevé et soulève encore aujourd'hui de nombreuses interrogations, notamment sur l'identité du mort que l'artiste enterre. S'agirait-il de sa sœur Clarisse, morte lorsqu'il avait 15 ans, expulsant ainsi ses remords personnels et exposant son deuil au public à travers la peinture ? D'un point de vue symbolique, est-ce une « prédiction » de l'enterrement prochain de la Seconde République en 1852 et de l'avènement du Second Empire de Louis-Napoléon Bonaparte? Ou bien encore l'enterrement du Romantisme dont Delacroix avait déjà commencé à s'émanciper ?

En tout cas, le fait que le débat perdure encore aujourd'hui

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