Carnavale
Dissertation : Carnavale. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar lisa171717 • 1 Février 2021 • Dissertation • 5 413 Mots (22 Pages) • 750 Vues
“Carnelevale”, littéralement l’adieu à la chair, ou plus communément appelé carnaval est une fête populaire étant à l’origine une réaction du peuple contre la rigueur du Carême imposé par la chrétienté au Moyen- age, ayant alors pour but de libérer le peuple de sa morale le temps de quelques jours. Ses origines sont peut-être même plus lointaines puisque l’on a retrouvé en Mésopotamie les traces des “Babyloniaka”, des fêtes sacrées du IIIe siècle avant JC. C’est en 1965 que dans la préface de son ouvrage François Rabelais et la culture populaire au Moyen- ge et à la Renaissance, une analyse de la culture populaire dans la littérature, que Mikhaïl Bakhtine étudie la fête de carnaval et théorise les motifs littéraires et artistiques du carnavalesque. M.Bakhtine est un historien et théoricien russe de la littérature du XXe siècle. Il s’est également intéressé à la psychanalyse, l’esthétique et l’éthique et a été un précurseur de la sociolinguistique. Il a travaillé sur le dialogisme et la polyphonie romanesque et donc sur la philosophie du rire et le carnavalesque. Le carnavalesque est l’ensemble des motifs du carnaval dans les arts et la littérature, en dehors de la période de fête. La citation sur laquelle nous allons disserter se situe alors au tout début de cette préface : "Le carnaval est un spectacle sans la rampe et sans la séparation entre acteurs et spectateurs. Tous ses participants sont actifs, tous communient dans l'acte carnavalesque. On ne regarde pas le carnaval, pour être exact, on ne le joue même pas, on le vit, on se plie à ses lois aussi longtemps qu'elles ont cours, menant une existence de carnaval. Celle-ci pourtant se situe en dehors des ornières habituelles, c'est en quelque sorte "une vie à l'envers", un monde à l'envers." Nous pouvons alors décomposer cette citation en trois parties : dans un premier temps, M.Bakhtine affirme par contraste la nature concrète du carnaval qui engage celui qui y participe, comme un spectacle où chacun y serait acteur. Puis, il nous est expliqué que carnaval sous-entend un certain comportement à adapter, comme un mode de vie à part entière durant la période de fête. Enfin, le carnaval nous est décrit comme une parenthèse inversée de la vie, le temps de la fête, durant laquelle chacun vit dans une sorte de “monde à l’envers”. Suite à cela, nous nous demanderons alors comment, au travers de romans comme Concert Baroque d’Alejo Carpentier et Balthazar de Lawrence Durrell et de films tels que Orfeu Negro de Marcel Camus et Molière, la vie d’un honnête homme d’Ariane Mnouchkine, ces oeuvres appliquent la théorie de Mikhaïl Bakhtine. Nous analyserons alors une fête qui rassemble mais nous étudierons également le carnaval comme “spectacle sans rampe” et terminerons par un approfondissement de la notion de carnavalesque qu’a développé M.Bakhtine.
Le carnaval est une fête qui permet à tout le monde de se rassembler pour rire, danser, chanter et festoyer. Mais c’est avant tout une fête populaire. En effet, le carnaval est originellement une réaction du peuple face à la rigidité des règles du carême. Cette fête leur permettait ainsi de se libérer et de vivre dans l’opulence avant d’entamer le jeûne du carême. Le carnaval à ses débuts était donc une contestation qui réunissait le peuple dans le but de défendre ses droits. Nous pouvons retrouver une fête de carnaval de ce genre dans le film Molière d’Ariane Mnouchkine, sorti en 1978. En effet, la police a interdit au peuple et aux étudiants de l’Université, dont Jean-Baptiste Poquelin fait parti, de fêter le carnaval sous peine de sévères réprimandes. Ce ne sont pas ces menaces qui arrêtent ni les habitants ni les étudiants de festoyer, donnant alors lieu à une scène étonnante et belle, pleine de masques, de cris et de musiques, montrant ici la volonté du peuple de fêter le carnaval. La face populaire de cette fête s’exprime également par l’environnement dans lequel il prend place ainsi que les conditions de vie des personnes qui y participent. Marcel Camus y a porté une attention particulière dans son film Orfeu Negro, sorti en 1959 et qui se déroule au Brésil durant le carnaval de Rio. Le film nous montre alors les différentes étapes du carnaval : sa préparation avec les costumes et la répétition des danses et son déroulement. La phase de préparation prend place dans les favelas de Rio où vivent les personnages principaux, montrant aux téléspectateurs la misère des habitations et la pauvreté du peuple qui vit dans ses quartiers, insistant sur l’importance du peuple dans le carnaval. Enfin, le populaire du carnaval se fait au travers de sa musique, essentielle durant cette période de festivités pour accompagner les danseurs et chanteurs et placer le cadre et l’ambiance festive. Le meilleur exemple se trouve sans doute dans Concert Baroque d’Alejo Carpentier écrit en 1974. Rappelons tout d’abord que ce dernier était musicologue et passionné de musique et qu’il a tenu à donner une place importante à celle-ci dans ses ouvrages. En effet, dans Concert Baroque, la musique est omniprésente, dès le titre du roman et a pour fonction de rassembler les êtres dans une communion autour d’elle et notamment durant le carnaval lorsque le maître, Filomeno et les compositeurs se retrouvent à l’Ospedale della Pietà et jouent, improvisent et dansent tous ensemble.
Le carnaval est donc avant tout une fête populaire, pour le peuple et par le peuple. Cependant, ils s’y mélangent les statuts sociaux et tout le monde peut y participer.
Le carnaval est alors aussi une fête qui rassemble, le peuple tout d’abord, mais ensuite tous les statuts sociaux, où vont se mêler le peuple, la bourgeoisie, les prostituées etc. On retrouve ce concept de prostituées dans la foule dans Concert Baroque quand durant le carnaval de Venise, les prostituées ont le droit de déambuler parmi la fête et les gens et sont les seules démasquées pour être reconnues. C’était la seule période de l’année où ces femmes étaient autorisées à sortir en plein jour, le visage découvert, leur identité révélée à la vue de tous. Ainsi, nous pouvons voir un bourgeois comme le maître ou des femmes de la haute société aux côtés de prostituées en pleine rue. Cependant, l’élément qui rassemble vraiment dans ce roman est la musique qui vient faire oublier aux habitants leurs différences de statut et les rassemble pour profiter d’elle. Cette notion de carnaval qui rassemble les êtres est aussi présente dans Molière, la vie d’un honnête homme puisqu’au travers de la révolte il réunit le peuple et les étudiants qui sont originaires de familles aisées, mettant alors côte à côte deux classes sociales se battant pour la même liberté de fêter le carnaval. Différemment, dans Balthazar de Lawrence Durrell, publié en 1958 et deuxième opus du Quatuor d’Alexandrie, le carnaval rassemble les classes sociales bien sûr mais aussi les ethnies. Les classes sociales tout d’abord puisque absolument toute la ville participe à cette fête. Des couples antithétiques exprimant cela se créent le long du roman. Nous pouvons par exemple citer Narouz et Nessim, deux frères opposés physiquement, l’un étant défiguré de son bec-de-lièvre, l’autre étant séduisant mais aussi socialement puisque Narouz vit reclu à la campagne, vivant comme un paysan et Nessim lui s’est fait sa place dans les Affaires d’Alexandrie. C’est aussi un carnaval qui rassemble les différents peuples composant la ville, qui mettent de côté leurs religions et croyances pour festoyer tous ensemble.
La carnaval devient un évènement permettant à chacun d’ignorer son statut et sa classe sociale le temps de quelque jours et de faire la fête autour d’une joie commune. En plus de faire participer tout le monde, le carnaval invite les gens à se mélanger.
La fête de carnaval, véritablement rassemblement, entraîne durant quelques jours de célébrations un peuple dans son ensemble. Durant cette période de l’année, les différences culturelles et religieuses sont effacées et laissent la place à la communion et à l’entente entre le peuple. Au cours des différentes scènes de carnaval que nous avons étudiées nous avons pu voir un véritable mélange prendre place. Dans le film Orfeu Négro, ce métissage transparaît notamment grâce à la musique utilisée. En effet nous retrouvons pendant la scène du carnaval un air de bossa nova, qui est un style musical qui tire ses origines d’un croisement entre le jazz et la samba. Ce style musical à vu le jour à Rio de Janeiro durant la seconde moitié du XXème siècle, ce qui correspond à l’époque du film de Marcel Camus. Nous voyons donc Eurydice et Orphée, se mêler au public avec cette air de musique, musique qui est très importante pour le personnage d’Orphée rappelons-le. Ce mélange de styles musicaux que donne la bossa nova, rassemble ainsi le peuple et le fait danser ensemble sous cet air envoûtant. Dans le roman d’Alejo Carpentier Concert Baroque, le Maître nous montre lui aussi une facette du métissage que confère la période de carnaval. Ce mexicain, d’origine espagnol, se déguise alors en Moctezuma lors du carnaval de Venise en Italie. Il mêle ainsi les deux facettes de son personnage.Ce métissage de ses deux origines arrive à une période charnière dans la vie du Maître. Suite à la période de carnaval et grâce à ce costume qu’il a choisi d’endosser, nous voyons le personnage évoluer. Ainsi au travers de ce costume lourd de sens et de signification, le Maître accepte alors son passé tout en gardant un pied bien ancré dans son
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