Fénelon, Télémaque
Commentaire d'oeuvre : Fénelon, Télémaque. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar tbgbghbgb • 17 Septembre 2019 • Commentaire d'oeuvre • 1 343 Mots (6 Pages) • 607 Vues
Fénelon, analyse
- Un discours : l’art de la rhétorique
- Situation d’énonciation : Le jeune Télémaque, fils d’Ulysse : « Je », s’adresse à Mentor, son éducateur ; = relation de maître à élève. Un « mentor » désigne une personne sage qui a autorité sur quelqu’un, qui le guide dans ses apprentissages.
- La phrase introductive donne le sujet du texte : en quoi consiste l’autorité du roi. Le terme est ici positif, et suggère la notion de respect : comment le roi doit-il agir pour gagner le respect de son peuple ? (donc que le peuple reconnaisse et respecte son autorité). La dernière phrase conclut l’ensemble du texte en en reprenant l’idée principale, et c’est finalement la réponse à la question posée par le jeune Télémaque : le roi « n’est digne de la royauté qu’autant qu’il s’oublie lui-même pour se sacrifier au bien public » : c’est l’idée principale du texte.
- Tout le discours a un double but :
- le but apparent : présenter les qualités du bon roi
- le but moins apparent : dénoncer les défauts du mauvais roi, donc de Louis XIV. Mais il s’agit d’éviter la colère du roi, donc cette critique est plus sous-entendue, par antithèse. Et surtout, Fénelon a la prudence de transmettre sa critique dans un récit fictif qui se déroule dans l’Antiquité grecque, dans la continuité de l’Odyssée d’Homère.
Tout l’ensemble du texte est construit sur cette antithèse entre l’éloge du bon roi et le blâme du mauvais roi : relevez toutes les phrases en rythme binaire
- Le roi est le « père » de son peuple
- Le mot « peuples » revient 6 fois dans le texte, repris par le mot « hommes » ; et ces termes sont au pluriel à chaque fois, par opposition à la personne du roi : Un seul homme a la responsabilité d’une multitude d’hommes, ce que souligne Fénelon tout au long du texte : « Les lois lui confient les peuples comme le plus précieux de tous les dépôts, à condition qu’il sera le père de tous ses sujets ». « Elles veulent (les lois) qu’un seul homme serve (…) à la félicité (= le bonheur) de tant d’hommes. »
Et particulièrement dans la fin du texte : « Ce n’est point pour lui-même que les dieux l’ont fait roi ; il ne l’est que pour être l’homme des peuples (=antithèse) : c’est aux peuples qu’il doit tout son temps, tous ses soins, toute son affection (=énumération en rythme ternaire), et il n’est digne de la royauté qu’autant qu’il s’oublie lui-même pour se sacrifier au bien public ». Le groupe adjectival « digne de la royauté» suggère que le roi doit mériter son rôle, même si ce sont « les dieux » qui l’ont fait roi. Fénelon rappelle qu’au XVII° siècle le roi est « de droit divin », il n’a pas été élu, mais il est roi par hérédité, Louis XIV est né roi ! Il parle « des dieux » : allusion aux dieux de l’Antiquité grecque, puisque Télémaque est le fils d’Ulysse, roi d’Ithaque, mais le parallélisme est évident. Et le roi doit se « sacrifier » pour son peuple, c’est-à-dire veiller sur lui comme un père prêt à tout donner pour ses enfants : « tout son temps, tous ses soins, toute son affection » : les mots choisis dans cette énumération expriment bien ce rôle paternel du roi. Il doit même les servir : « [les lois] veulent qu’un seul homme les serve… »
- Le discours commence par deux antithèses qui montrent les limites de son pouvoir :
- « Il peut tout sur les peuples ; mais les lois peuvent tout sur lui » Le roi n’est pas au-dessus des lois, ce qui réduit le sens de la première partie de la phrase : il peut tout sur les peuples dans la limite de la légalité.
- « Il a une puissance absolue pour faire le bien, et les mains liées dès qu’il veut faire le mal. » L’opposition entre les 2 mots bien / mal, indique les valeurs morales que doit avoir le roi, valeurs qui doivent gouverner ses actions.
Cette 2° phrase ajoute donc à la première qu’il ne peut apporter que du bien à son peuple.
- Son rôle : protéger son peuple.
- En tant que chef des armées, il les protège physiquement des ennemis extérieurs
- En étant le garant des lois, il les protège moralement du mal
Ces deux fonctions sont réunies dans cette phrase en rythme binaire (=parallélisme) : « Il doit être au-dehors le défenseur de la patrie, en commandant les armées, et, au-dedans, le juge des peuples, pour les rendre bons, sages et heureux. » Cette dernière énumération croissante en rythme ternaire montre que les lois permettent aux hommes de faire le bien, donc de développer des qualités morales qui apportent le bonheur.
- Les qualités personnelles d’un bon roi
- Le refus de la vanité, de l’orgueil. Le risque est grand puisqu’il a « une puissance absolue » et que « les dieux l’ont fait roi ». Pourtant Fénelon insiste : « le roi doit être…plus exempt de hauteur qu’aucun autre » cela dépend de lui, c’est-à-dire qu’il doit comprendre qu’il n’est pas au-dessus des lois et qu’il est au service de son peuple ; il doit même les servir : « [les lois] veulent qu’un seul homme les serve… ». Et cela dépend aussi du peuple qui ne doit pas chercher à obtenir du roi quelque chose en flattant la vanité du souverain : C’est ce qu’exprime l’antithèse de la longue phrase, bâtie sur la répétition du verbe « servir » :
« Elles veulent qu’un seul homme serve (…) à la félicité de tant d’hommes ; et non pas que tant d’hommes servent, par leur misère et par leur servitude lâche, à flatter l’orgueil et la mollesse d’un seul homme » L’antithèse (rythme binaire) est renforcée par le chiasme, mis en valeur par les mots soulignés ici.
- Le refus de l’enrichissement personnel
« Le roi ne doit rien avoir au-dessus des autres, excepté ce qui est nécessaire ou pour le soulager dans ses pénibles fonctions ». « Il ne doit point avoir plus de richesses et de plaisirs » et doit être « exempt de faste ». Et par 2 fois Fénelon évoque « la mollesse », qui peut suggérer le fait de se laisser aller à une vie de paresse et de plaisirs. On ne peut s’empêcher de penser que Fénelon critique ici le faste, le luxe qui entoure les rois d’Europe, particulièrement le roi de France : Versailles et les nombreux châteaux du roi et de ses ministres. Et sans doute aussi les nombreux divertissements (la chasse, les bals, les jeux à la cour,…) auxquels s’adonne bien souvent le roi.
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