Jacques Roubaud, Les animaux de tout le monde, "Le Lombric" : comment le poète est-il associé au lombric ?
Cours : Jacques Roubaud, Les animaux de tout le monde, "Le Lombric" : comment le poète est-il associé au lombric ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar amolppoon • 13 Juin 2023 • Cours • 1 027 Mots (5 Pages) • 414 Vues
Jacques Roubaud est un grand poète, écrivain, mathématicien français et membre de l’OULIPO (groupe de recherche de littérature expérimentale). Il a écrit son 1er recueil poétique à l’âge de 12 ans. En 1983, son recueil de sonnet « Les Animaux de tout le monde paraît. Dans ce recueil Roubaud met en scène des animaux personnifiés. C’est ainsi qu’il va écrire le poème « Le Lombric ». Ce poème est un sonnet classique composé de vers en alexandrin. Il est adressé à un jeune poète de 12 ans à qui il veut donner des conseils. Dans ce poème, le poète compare le travail du lombric à celui du poète pour valoriser son travail poétique.
Comment le poète est associé au lombric ?
Axe 1 : description du lombric
Axe 2 : métaphore du poète-lombric
- Description du lombric
- L1 : Cadre spatio-temporel qui s’installe avec les deux CCL « dans la nuit » et « Provence ». « Parfumée » fait appel au sens olfactif et apporte un sentiment agréable. Le GN « herbes de Provence » apporte une dimension culinaire ?
- L2 : « se réveille », « bâille » accumulation de verbes d’action qui personnifie le lombric. L’utilisation du présent d’habitude nous permet d’associer la routine du lombric au réveil d’un humain qui se prépare à aller au travail. CCL « sous le sol ».
- L3 : Le participe passé « Étirant » donne une impression de tranquillité et renforce l’idée que le lombric vient de se réveiller. L’allitération en m « motte molle » appuie sur la mollesse, la lenteur des actions du lombric. Ce COD fait également partie du champ lexical de l’agriculture.
- L4 : Présence de nouveau de verbes d’actions au présent « mâche », « digère », « fore » qui décrivent le quotidien du lombric. Le verbe « fore » renvoie à un travail d’ouvrier. Le lombric est personnifié par un CC de manière « avec conscience » ce qui a pour effet d’humaniser l’animal. Ce CC de manière nous montre la difficulté du lombric à faire son travail dans lequel il est obligé de s’impliquer.
- L5 : Verbes d’actions liées au travail « travaille », « laboure » et la ponctuation donne un rythme saccadé au poème ce qui renvoie directement au travail dans les champs. « Laboure » nous donne l’impression que le lombric a une image douloureuse du travail qui est harassant. « Vrai lombric de France » est une formule grandiloquente qui donne une tonalité comique et montre un attachement patriotique ainsi que la fierté du lombric d’être Français.
- L6 : La comparaison « Comme avant lui, ses père et grand-père » nous montre que ce travail de lombric est héréditaire, qu’il est inscrit dans sa lignée et qu’il ne peut y échapper.
- L6-7-8 : Le contre rejet « son rôle, Il le connaît. Il meurt. » montre la fatalité du destin du lombric. Il sait qu’il doit se sacrifier. Le rejet « la terre prend l’obole De son corps » nous montre que la terre profite du travail du poète et qu’elle reprend son dû.
- L8 : « Aérée, elle reprend confiance » est une personnification de la terre qui trahi par les Hommes qui la maltraite pense que le sacrifice du lombric est indispensable pour elle.
- Métaphore du poète-lombric :
- L9 : « Le poète » renvoie à Jacques Roubaud qui se compare directement à « un ver de terre » par l’intermédiaire du présent de vérité générale. Le poète apostrophe directement une personne qui est enfaite lui à l’âge de 12 ans à travers cette formule qui a une notation bienveillante « vois-tu ». Ainsi, on comprend donc que le poète veut enseigner une leçon, un conseil pour lui, quand il était jeune.
- L10 : La métaphore « Il laboure les mots » montre que le poète manipule la langue, utilise les mots pour les dynamise et essaye d’en tirer toutes les ressources possibles. La comparaison « Les mots », « comme un grand champ » démontre l’immensité du langage, de la langue française.
- L11 : Il s’agit ici d’une métaphore filée de l’agriculture ; « les hommes » représentent les gens, le verbe « récoltent » signifie qu’ils écoutent, lisent, et enfin les « denrées langagières » symbolisent les écrits, les poèmes qui sont rare, précieux. Cela montre également que le poète est nécessaire à la vitalité du langage.
- L12 : La conjonction de coordination « Mais » renforcé par le point d’exclamation introduit la crainte du poète. La métaphore « La terre s’épuise » représente l’affaiblissement de la langue. « A l’effort incessant » montre que le poète travaille sans limite, sans arrêt. Il s’épuise à la tâche.
- L13 : La négation lexicale « sans » introduit une forme de catastrophe si le « poète lombric » disparaît. Roubaud se met en valeur en montrant à quel point il est important et qu’il est un besoin vital pour la langue « l’air qu’il lui apporte ».
- L14 : Le NC « Le monde » renforce l’importance du rôle du poète. L’utilisation du conditionnel « étoufferait » nous indique une hypothèse. En effet, s’il le poète disparaît alors cela condamnerait à mort le langage. « Les paroles mortes » symbolisent les stéréotypes qui prennent un autre sens sous la plume du poète.
=> Roubaud délivre son message : il considère que les poètes ont une fonction essentielle, vitale.
- ∙Proposition de conclusion :
Ce poème traite de la condition du poète en livrant l’importance de son rôle à travers une image animale. C’est le ver de terre que Roubaud a choisi. Au fil de son poème le poète nous dévoile les raisons de ce rapprochement. Jacques Roubaud nous décrit le ver de terre tel un animal utile et consciencieux. Son travail est minutieux, répétitif et essentiel. Se comparant au lombric, le poète nous donne une belle image du poète travaillant le langage et le renouvelant. C’est une image plus modeste que celle que nous donne Baudelaire dans « L’Albatros » et qui met en avant l’utilité du poète.
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