La prédominance des opinions sur les faits

Spinoza, dans sa thèse, souligne la prévalence de la subjectivité dans les récits humains, où les opinions des narrateurs teintent la neutralité des faits. Cette première partie se penche sur la subjectivité des récits à travers "Les Liaisons Dangereuses" de Choderlos de Laclos, "Lorenzaccio" d'Alfred de Musset, ainsi que les œuvres de Hannah Arendt, "Vérité et Politique" et "Du Mensonge en Politique".

Première sous-partie : La prédominance des opinions sur les faits

Dans "Les Liaisons dangereuses," Laclos manœuvre avec une subtilité délibérée en jouant sur le nombre des lettres pour mettre en évidence la prédominance des opinions sur les faits. La marquise de Merteuil, dans sa lettre 81, expose avec finesse l'idée que la vérité doit être sublimée pour séduire, révélant ainsi la manipulation délibérée de la réalité à travers les opinions individuelles des personnages. Cette subversion de la vérité par l'esthétique des opinions dévoile la complexité inhérente à la narration historique.

"Lorenzaccio" d'Alfred de Musset approfondit cette complexité à travers la scène poignante de l'assassinat de Lorenzo. Le monologue intérieur de Lorenzo, notamment la tirade où il exprime son désespoir devant la corruption politique, illustre de manière poignante comment la subjectivité du personnage principal peut influencer profondément la narration historique. Cette scène éloquente expose comment les opinions individuelles peuvent transcender les faits bruts pour modeler la perception des événements cruciaux.

De manière similaire, dans "Vérité et politique," Arendt souligne comment les hommes politiques manipulent les faits pour servir leurs propres opinions. La déclaration percutante, "Les menteurs ne mentent pas seulement aux autres, ils mentent aussi à eux-mêmes," met en lumière la collusion entre les opinions individuelles et la déformation délibérée de la vérité dans le contexte politique, soulignant ainsi l'intrication complexe des subjectivités dans les récits historiques.

Deuxième sous-partie : La diversité des interprétations

"Les Liaisons dangereuses" expose une diversité d'interprétations à travers les lettres échangées entre les personnages. La lettre 33, où la présidente de Tourvel écrit à Valmont, souligne la variabilité des points de vue et la complexité inhérente à la vérité historique. La déclaration, "On peut plus aisément renoncer à un préjugé qu’à une émotion," apporte une nuance psychologique à la question de la vérité historique, révélant comment les émotions influencent profondément l'interprétation des événements.

"Lorenzaccio" d'Alfred de Musset accentue cette idée en présentant une diversité d'opinions politiques à travers les dialogues entre les personnages. La confrontation entre Lorenzo et le duc Alexandre souligne la complexité des perspectives politiques, montrant comment même au sein d'une même scène, la diversité des opinions peut prédominer, rendant la compréhension des faits historiques encore plus nuancée et subjective.

Dans "Vérité et politique," Arendt expose la pluralité des interprétations possibles des faits historiques. La déclaration, "Le passé, bien qu’il ne soit pas modifiable, est modifié dès qu’on en a une nouvelle image," souligne la dynamique et la variabilité inhérente à la compréhension de l'histoire, introduisant une perspective sur la façon dont le temps lui-même peut influencer la perception des événements passés.

Troisième sous-partie : L'influence de l'auteur sur la narration

Choderlos de Laclos, en tant qu'auteur de "Les Liaisons dangereuses," guide activement le lecteur à travers la subjectivité des lettres échangées dans l'intrigue, influençant ainsi la perception des événements. La lettre 10, où le vicomte de Valmont expose ses intentions, révèle de manière éloquente comment l'auteur peut façonner la narration pour servir une vision particulière. La manipulation des lettres devient un artifice par lequel l'auteur peut teinter la vérité historique avec une palette d'émotions et d'intentions.