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La variation sociolinguistique

Cours : La variation sociolinguistique. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  3 Juin 2017  •  Cours  •  1 498 Mots (6 Pages)  •  2 644 Vues

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Université de Laghouat.

Département de français.

Année universitaire : 2013/2014.

Module : Sociolinguistique.

Enseignant: M.MORSLI.

                                        La variation sociolinguistique.

  1. La sociolinguistique variationniste : 

        W. Labov est le père de l’approche variationniste. Tout en considérant la langue comme étant un système (ou une structure), l’approche labovienne se distingue de la linguistique structurale (saussurienne ou chomskyenne), sur deux points fondamentaux, qui sont reliés. Premièrement, contrairement à Saussure qui envisage l’étude de la langue pour elle-même et en elle-même, c'est-à-dire en dehors de tout contexte social ou historique (une linguistique interne), Labov envisage l’étude de « la structure et l’évolution du langage au sein du contexte social formé par la communauté linguistique » (Labov,) ; deuxièmement, et en rapport avec cette exigence d’étudier la langue dans son contexte social, Labov remet en cause le postulat saussurien de l’homogénéité de la langue. Pour lui, la langue n’est pas homogène. La variabilité et « l’hétérogénéité [sont des] dimension[s] même de la langue», et elles doivent être expliquées (F. Gadet, 1992, p06). L’hétérogénéité de la langue ne se manifeste pas au niveau du locuteur comme individu, mais au niveau de toute la communauté sociale. Labov observe au niveau des usages de la langue dans la communauté sociale, des variations régulières (des régularités systématiques) qui ne peuvent pas être expliquées par le simple hasard : «il  y  a  une stratification de l'usage de  la  langue dans la  société,  dont il [Labov] a  pu  établir  qu'elle était à  la fois régulière  et  extrêmement fine. (Gadet, 1992). La tâche de la sociolinguistique variationniste, se ramène ainsi à l’explication de ces régularités observées au niveau de la langue.

        Pour F. Gadet, ce  «qui,  dans  l'organisation  de  la langue,  est  invariant,  ne  constitue  pas  un  enjeu  sociolinguistique.  Ce  que  l'on cherche, c'est à associer  chaque variante à une cause extra-linguistique (toutes les dimensions  qui  peuvent  être  en  jeu dans  une  situation  sociale  :  classe  sociale, sexe, âge, habitat, race, mais aussi style...). » (1992, p 7). On cherche ainsi à mettre en rapport et en corrélation, l’existence de la variation et de variable au niveau linguistique avec des variables indépendantes au niveau de l’organisation et de la structure sociales.

La variable linguistique :

La variable linguistique est «définie comme un ensemble de formes différentes ou variantes qui ont un sens identique» (Danièle Godard, 1992, p51). Elle «doit avoir une fréquence élevée, être à l’abri des suppressions conscientes, faire partie d’un sous-système de la langue, pouvoir être facilement quantifiée sur une échelle linéaire. ». (Baylon, 2002, p65). Le point de départ du travail en sociolinguistique variationniste, consiste à sélectionner les variables dont le «comportement a été repéré  comme instable à travers la communauté » (Gadet, 1992, p7).  Les travaux de Labov sur la stratification du (r) (présence ou absence de ce phonème dans le parler new yorkais) dans les magasins de New York ou son étude sur la variation des diphtongues (aw, ay) chez les habitants de Martha’S Vineyard.     

        

Types et niveaux de variation : Selon Labov la variation linguistique se manifeste à deux niveaux différents : un niveau stylistique et un niveau social : «L’ensemble des performances d’une communauté constitue une structure à deux dimensions : sociales et stylistique : […] les réalisations linguistiques des variables sont coreliées […] avec la position sociale de ceux qui parlent et avec les conditions de production des discours qu’ils tiennent ». (Marcellesi et Gardin, cité par P Thibault, p284-285).

  1. La variation diachronique : "La variation diachronique est liée au temps ; elle permet de contraster les traits selon qu'ils sont perçus comme plus ou moins anciens ou récents." (M. L. Moreau, 1997, p. 284). On peut citer la présence, dans un état de langue donné, d’unités linguistiques considérées comme des archaïsmes, à côtés de nouvelles unités avec lesquelles elles entrent en concurrences dans l’usage des locuteurs. 
  2. L’origine géographique (diatopique) : "La variation diatopique joue sur l'axe géographique ; la différenciation d'une langue suivant les régions relève de cette variation. Pour désigner les usages qui en résultent, on parle de régiolectes, de topolectes ou de géolectes. (M. L. Moreau, 1997, p. 284." Henriette Walter cite des exemples du lexique. Dans les différentes régions de la francophonie on utilise des mots différents pour désigner la même réalité : ainsi pour «remuer le sucre », les locuteurs d’une région utilisent touiller, d’autres tourner ou remuer. Ce que les francophone du nord de la France désignent par le terme petit déjeuner, d’autres francophones le désignent par le terme déjeuner, déjeuner par diner et le diné par le soupé. La variation géographique peut être aussi une variation sociale.
  3. L’origine sociale, l’appartenance à un milieu socioculturel (diastratique) : "La variation diastratique explique les différences entre les usages pratiquées par les diverses classes sociales. Il est question en ce cas de sociolectes" (M. L. Moreau, 1997, p. 284. L’étude de la variation des diphtongue (aw et ay) a montré que les locuteurs des différentes classes sociales de l’île Martha’ S Vineyard n’utilisent pas de la même façon les différentes variantes de ces diphtongues.
  4. Les circonstances de l’acte de communication (diaphasique) : "On parle de variation diaphasique lorsqu'on observe une différenciation des usages selon les situations de discours ; ainsi la production langagière est-elle influencée par le caractère plus ou moins formel du contexte d'énonciation et se coule-t-elle en des registres ou des styles différents." (M. L. Moreau, 1997, p. 284). Cette variation est à rapprocher de la variation stylistique de Labov et de la problématique des registres de langue qui concernent la variation selon la situation de communication. Les exemples de décédé/mort ; habiter/être domicilié, femme/épouse/conjointe etc.
  5. L’âge : L’âge est un facteur qui agit sur la diversité des usages dans une communauté linguistique donnée. Henri Boyer pense que dans une communauté sociale, on peut considérer qu’il y a plusieurs synchronies dont les différentes générations sont porteuses (2001, p26) : les différentes tranches d’âge utilisent différemment les différentes variétés d’une même langue. Ainsi, on peut donner l’exemple de ce que l’on appelle le parler jeune (ou parler des cités) comme une langue qui présentent des spécificités et des variations au niveau lexicales, phonétique et grammatircal. Les parlers argotiques sont principalement des variétés spécifiques du français pratiqués par les jeunes.
  6. Le sexe : Souvent les femmes et les hommes n’ont pas les mêmes comportements langagiers. Dans certaines de ces études, Labov a constaté que les femmes sont plus sensibles aux formes de prestiges et aux variétés standards, elles utilisent moins que les hommes, les formes stigmatisées dans un discours surveillé.

Variation et changement linguistique : Le changement linguistique est lié à la variation et à l’hétérogénéité de la structure linguistique : « le changement s’accompagne nécessairement de variation » (Gadet, 1992, p09). L’hétérogénéité et la variation de la structure linguistique se trouve liée à l’hétérogénéité de la communauté sociale. Ainsi, expliquer le changement, c’est le rapporter à des facteurs externes (sociaux) : « Comprendre un changement  suppose de  pouvoir établir  une relation entre la part  de  l'interne  (système)  et  celle  de  l'externe  (société) » (Gadet, 1992, p08).

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