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La vie devant soi

Fiche de lecture : La vie devant soi. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  19 Février 2018  •  Fiche de lecture  •  1 145 Mots (5 Pages)  •  2 628 Vues

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Lecture analytique de l'extrait 2- Préparation à 'épreuve orale

(Présentation de l’œuvre) Au fur et à mesure que la santé de Madame  Rosa se dégrade, Momo s'occupe d'elle du mieux qu'il peut, souvent en utilisant ses connaissances. En l'occurrence, il a demandé l'aide du Mahoute, un jeune diabétique et héroïnomane, dont l'intervention malheureuse fait tourner les choses à la catastrophe. (Lecture) en quoi le récit de cette overdose incongrue révèle-t-il le regard que Momo pose sur la vie (annonce du plan)

La composition du passage traduit le fait que le récit de l'accident amène des réflexions plus générales : après avoir narré l'anecdote, celle-ci induit des commentaires sur la drogue et la façon dont chacun tente de trouver le bonheur ou plutôt d'oublier qu'il est malheureux. La fin du chapitre revient sur l'anecdote. Ainsi, le changement de propos entraîne l'emploi de temps verbaux différents : le récit de l'anecdote est mené aux différents temps du passé (passé composé avec « il est venu » « « j'ai tout de suite vu », l'imparfait avec « il se passait » ou « je croyais » et le plus que parfait avec « il s'était trompé » « il avait foutu ». Tandis que les réflexions personnelles de Momo sont majoritairement exprimées au présent gnomique : « je crache dessus », « les mômes qui se piquent deviennent tous habitués au bonheur ».

 L'anecdote révèle à quel point l'univers des drogués est familier à l'enfant.

Champ lexical de la drogue où apparaissent notamment des surnoms ou termes argotiques révélateurs de la connaissance de l'enfant à la drogue et ses usages : « Je me suis jamais sucré, j'ai fumé la Marie des fois avec des copains », « désintoxication ». Le texte confirme sa proximité avec les drogués, d'abord par l'intermédiaire du Mahoute, héroïnomane invétéré « il avait foutu dans le cul de Madame Rosa la ration d'héroïne qu'il se réservait pour le jour où il aurait fini sa désintoxication » mais d'autres remarques suggèrent encore que les propositions de drogue affluent dans son entourage.

Momo se lance dans un réquisitoire contre la drogue et la séduction fallacieuse qu'elle exerce.

Puisque l'injection accidentelle d'héroïne plonge Madame Rosa dans un état extatique, Momo décrit les effets de la drogue en termes mélioratifs et grâce à des superlatifs : « je n'avais jamais vu la Juive aussi enchantée », « elle a été prise de bonheur » « tellement elle était au ciel ». Pourtant, la manière dont le narrateur emploie ces termes montre bien qu'il est averti du caractère artificiel et dangereux de la béatitude dans laquelle plonge l'héroïne : « prise de bonheur », emploi incongru du terme, presque clinique comme il observerait qu'elle est « prise de tremblement » ou de « spasmes » ; « j'ai même eu peur tellement elle était au ciel » ou « un état de satisfaction qui faisait peine à voir » : paradoxe apparent lié à l'antithèse satisfaction/peine.

► Les propos de Momo montrent d'ailleurs à quel point la drogue ne le tente pas : « Moi l'héroïne, je crache dessus ou « c'est pas moi qui irait ma piquer pour être heureux ». Il ne justifie ses expériences que par le souci des convenances. Il s'indigne contre la bêtise qui pousse à se droguer et fait preuve d'une maturité déroutante en dénonçant l'inconséquence des plus grands qui poussent les petits à se droguer (« Et pourtant, à dix ans, c'est l''âge où les grands vous apprennent des tas de choses »). Il use de termes péjoratifs pour qualifier la drogue comme « la merde » et il se montre lucide vis à vis de la dépendance qu'elle entraîne.

► Un emploi ambigu du mot « bonheur »

L'emploi du mot bonheur dans l'extrait est très complexe. Si l'on repère toutes les occurrences des termes bonheur / heureux, on constate un glissement sémantique dans l'emploi qu'en fait Momo :

  • On l'a vu, le mot est parfois utilisé de manière hyperbolique pour désigner l'état d'euphorie provoqué artificiellement par les stupéfiants
  • Mais il est aussi utilisé parfois au sens littéral pour désigner plus largement le bonheur humain, c'est à dire le sentiment de joie profonde vis à vis de l'existence auquel on aspire.
  • Cependant, ces deux sens se confondent souvent sans qu'on puisse démêler exactement si Momo envisage l'un ou l'autre

La drogue apparaît comme une échappatoire, le moyen désespéré de fuir une réalité et par conséquent comme une forme fallacieuse de « bonheur » qui n'a rien d'enviable : « pour se piquer il faut vraiment chercher à être heureux »

Une diatribe contre le bonheur

Le propos de Momo n'est paradoxal qu'en apparence. En effet, nous avons vu que parfois le mot « bonheur » désigne uniquement l'état d'hébétude du toxicomane : il n'est donc pas chargé de connotations positives qui lui sont ordinairement attachées.

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