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Le merveilleux dans le romantisme allemand

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Par   •  14 Mars 2022  •  Dissertation  •  3 545 Mots (15 Pages)  •  338 Vues

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Essai sur le Merveilleux.

Le merveilleux permet l’intervention de moyens et d’êtres surnaturels, de la magie ou de la féerie dans une œuvre littéraire. C’est grâce à ce procédé qu’un auteur peut faire apparaître des éléments qui ne peuvent entrer dans aucune croyance religieuse ou celle d’un peuple, mais il peut être vu et compris seulement par les personnes qui se permettent de les voir. Dans deux œuvres de romantiques allemands, nous pouvons retrouver la présence flagrante ou plus discrète du merveilleux. Henri d’Ofterdingen de Novalis est un roman inachevé dont l’auteur voulait instaurer une visée théorique sur la place de la Poésie et du moyen de pouvoir l’atteindre. Le but qu’il voulait atteindre avec cette œuvre est celle de créer un dictionnaire sur le romantisme et la poésie qui expliquerait, de manière théorique, tous ces procédés et ces manières de faire. Novalis raconte la vie d’Henri, un jeune homme qui s’intéresse à la poésie, et qui quitte le domaine familiale pour aller dans la ville natale de sa mère. Durant son voyage, il rencontre de nombreuses personnes qui vont lui permettre de suivre le chemin de la poésie. Ensuite, la deuxième œuvre est celle de Joseph von Eichendorff nommée Scènes de la vie d’un propre à rien, c’est un roman court et qui contient un personnage principale qui ne porte aucun nom ; alors que son père le met à la porte pour qu’il puisse enfin de faire quelque chose de sa vie. Il commence son parcours initiatique à la poésie en voyageant à travers l’Europe et en faisant la rencontre de nouvelles personnes qui vont être décisifs à son apprentissage. Cependant, les deux œuvres se contrarient sur la présence du merveilleux au sein de leur histoire. En effet, celui de Novalis donne une place importante à la dimension du merveilleux et du mystique et Henri vit pleinement sa quête pour la poésie ; de plus, cela se fait de manière plus théorisé et plus détaillé sur ce que Novalis souhaite faire comprendre au lecteur. Toutefois, Eichendorff garde une certaine distance avec l’aspect théorique de la poésie et du merveilleux dans son œuvre. Le personnage principal à l’air de subir l’action de son parcours et ne se rend pas compte de ce qu’il est en train de vivre et où cela va le mener. Néanmoins, l’importance du merveilleux dans le romantisme allemands devient un élément obligatoire dans son écriture et permet aux auteurs d’introduire des idées et des concepts que le monde moderne ne peut accepter dans la théorisation universelle des choses. Également, le mysticisme reste lui aussi une part du merveilleux car Novalis a tendance a amené la religion à la compréhension des actes produits par la poésie sur Henri. Dans nos textes, plusieurs points sont imprégnés par le merveilleux et on peut les analyser afin de comprendre leur visée.

        Comment le merveilleux marque-t-il la transcendance du parcours initiatique du poète dans nos deux œuvres ?

Afin de pouvoir répondre à cette question, nous allons le faire en nous posant également d’autres questions : quels sont les similitudes du merveilleux que l’on retrouve chez Novalis et Eichendorff ? Comment le merveilleux utilise-t-il la dimension spatio-temporelle, amoureuse et fantastique afin d’affirmer son genre ?

Pour débuter notre analyse du merveilleux dans les textes de nos romantiques allemands, nous allons le faire grâce aux aspects similaires que l’on retrouve dans nos deux romans. Tout d’abord, l’arc du mystère de la langue est très présent au sein des deux œuvres de nos auteurs allemands. De même, la théorie de la langue est aussi l’un des points capitaux du romantisme car l’analyse chronologique décroissante de la linguistique utilisée dans notre passé permettrait une compréhension totale du Verbe originel de la langue pré-babélique de Dieu ; donc, c’est un moyen de connaître la langue qu’Adam et Eve parlaient dans le Paradis comme le théorise Maurice Olender dans Les langues du Paradis. De nombreux critiques allemands de l’époque de Novalis et de Joseph von Eichendorff, ou de la nôtre, pensent que cette langue originelle serait ce qui se rapproche à l’hébreux ou ou latin ; cependant, la théorie qui reste serait que la langue originel pré-babélique était celle du sumérien. Cette même dimension divinatrice et sacré à la langue se trouve donc largement présente dans Henri d’Ofterdingen et Scènes de la vie d’un propre à rien. En commençant par le roman inachevé de Novalis, l’image d’une langue inconnue est mise en avant à deux reprises durant le parcours initiatique de Henri à la poésie. La première fois qu’on la remarque est dans le quatrième chapitre quand il fait la rencontre d’une jeune orientale. Alors que le personnage principal se promène dans les jardins du château, où ils ont fait escale, il entend un chant dans une langue inconnue et il est attirée par celle-ci. Zulima, la chanteuse orientale, offre à Henri un ruban comportant le nom de la jeune femme. Cependant, « c’est mon nom, écrit dans les caractères de ma langue maternelle » (p. 124), ici, la langue qui est référée est celle de l’hébreu et de son écriture en arabesques qui se rapproche de la langue ancienne pour les romantiques allemands donc elle est très importante pour l’avenir poétique d’Henri et marque une nouvelle étape dans son parcours initiatique. Le merveilleux se dénote par ses mystères et ses aspects surnaturels ; l’écriture sur le ruban est un heureux hasard qui donne envie à Henri d’en connaître plus sur cette idée de la poésie mais, également, cela mystifie l’acte de Zulima en donnant un ruban contenant une langue inconnue au personnage principal. Dans le même schéma, le roman de J. Eichendorff reste dans la lignée de la place d’une langue inconnue au propre à rien qui se retrouve en difficulté face aux langues étrangères des pays où ils voyagent. Sans compréhension de cette langue, il partage tout de même des informations avec eux et parvient à avancer dans son parcours initiatique, sans pour autant s’en rendre compte. Le merveilleux a une volonté d’un inconnu mystique qui amène le personnage principal au bout de son aventure et de sa quête poétique grâce à son voyage à travers l’Europe. Si l’on revient à Henri d’Ofterdingen, le deuxième passage qui contient une langue étrangère est plus symbolique et merveilleuse que les deux autres cités. Effectivement, dans le cinquième chapitre, Henri et ses compagnons descendent dans une grotte avec un vieillard qu’ils ont rencontré dans une taverne. A l’intérieur, ils rencontrent un ermite qui vit là, loin de la société, et passe son temps à admirer le centre de la terre et du monde et à lire des livres. L’un des livres de l’ermite que Henri feuillète se révèle être l’histoire de sa vie, mais il le remarque grâce aux images dont il est illustré. Néanmoins, la langue qui est utilisé lui est inconnue : « Et voilà que lui tombe dans les mains un ouvrage écrit dans une langue étrangère qui semblait avoir quelque analogie avec le latin et l’italien. Il eût désiré ardemment connaître cet idiome, car le livre lui plaisait extrêmement sans qu’il en comprît une seule syllabe. » (p.153). Dans ce passage, la langue se trouve encore plus ancienne que l’hébreu sur le ruban de Zulima et cela nous permet de noter la place du merveilleux dans cette scène ; d’autant plus que ce livre nous apparaît comme la prophétie divinatrice de la vie d’Henri, écrite depuis plusieurs millénaires, et qui se fait de manière cyclique et continuelle puisque les mêmes évènements lui arrivent à chaque fois. Également, le lien qui est fait avec l’écriture latine ou italienne est le même que l’on retrouve chez Eichendorff car les langues contre lesquels le personnage est confronté sont l’italien, « Je ne pouvais reconnaître les mots qui revenaient toujours, iddio, et cuero, et amore, et furore ! » (p.93), et le latin, « le latin qui chez eux coulait de source m’en imposait infiniment » (p.129). Donc, pour nos deux personnages, l’importance des langues inconnues se reflètent par leur caractère merveilleux car elles offrent un aspect supérieur à leur quête de la Poésie et de la compréhension du monde afin d’atteindre le Verbe divinatoire énoncé par la langue originale pré-babélique que tous les romantismes allemands cherchent à atteindre.

Ensuite, le second point commun du merveilleux qui unit les deux œuvres est celle du rêve. Il est vrai que la dimension du rêve est omniprésente dans l’œuvre de Novalis et elle comporte la plus grande part du merveilleux. Dans chacun des deux romans, le rêve a un aspect prophétique sur le parcourt initiatique et aide les deux personnages à trouver la voie vers l’Amour et la Poésie, où la première conduit inexorablement à la seconde. Tout de même, on la retrouve également chez Eichendorff de manière plus partielle et brève. Tout d’abord, dans Henri d’Ofterdingen, le roman s’ouvre sur une scène rêvée par Henri et qui permet de marquer le commencement de sa phase poétique. Ce premier chapitre comporte un double rêve que Henri parcourt et où il semble attiré par une Fleur Bleue : « Mais ce qui l’attira d’un charme irrésistible, c’était, au bord même de la source, une Fleur svelte, d’un bleu éthéré, qui le frôlait de ses larges pétales éclatants » (p.76). Chez Novalis, la Fleur Bleue est le chemin prophétique que Henri va devoir suivre pour pouvoir atteindre sa finalité poétique. Le rêve est aussi interprété comme un moyen pour l’apprenti en poésie de rencontrer son Moi intérieur qui l’aiderait à comprendre les attendus prophétiques et divins qui l’attendent. Lorsque le poète atteint la fin de son initiation, il devient un être éternel qui conduit les autres vers la bonne direction et il possède la compréhension du Verbe divin dont seul Dieu en possède le secret. Par conséquent, nous pouvons voir le rêve comme la méditation mystique et merveilleuse de l’être infini du poète et son chemin vers une sagesse limitée sur les autres hommes qui peuplent la terre. Dans ce rêve, Henri se trouve près d’une source d’eau – qui est la même chose dans son rêve du chapitre 6 – qui peut se référer aux gisements des eaux dans les profondeurs du monde qui seraient la voie mystique vers un voyage dans la conscience poétique. Dans le roman, nous avons l’image du mineur avec le vieillard et l’ermite, dans le chapitre 5, qui est proche de celle du poète car le mineur doit creuser dans les grottes qui se répandent sous la terre et qui le conduit vers le centre du monde et ses richesses inconnues. Nous avons là un parallèle important qui expliquerait les connotations du merveilleux au sein des rêves chez Novalis. Pour ce qui en est de Joseph von Eichendorff, la dimension mystique et profonde du rêve est présente également à travers les sources d’eaux qui rythment l’action dans le rêve. En effet, le personnage parvient à rêver, à quelques reprises dans des prairies ou lors de ses voyages, mais ils ont surtout une pensée amoureuse pour la dame qu’il aime. A la page 47, « En même temps, je voyais son image se refléter dans les eaux calmes de l’étang, mille fois plus belle encore [..] », le personnage s’endort dans son coin et rêve de sa dame et de sa ville natale ; ils se promènent tous deux, mains dans la mains, et passent près d’une source d’eau. Même si le rêve se finit sur une mauvaise note, on peut le voir comme un avertissement de son Moi profond qui lui indique qu’il choisit la mauvaise voie en s’éloignant d’elle ou alors qu’il lui montre qu’il doit la quitter pour un temps afin de la retrouver saine et sauve afin de vivre leur vie remplit d’amour et de poésie. Également, nous pouvons retrouver le rapport à la poésie avec le fait que la dame chante durant leur promenade et ce simple geste mystique rejoint l’idée d’un acte divin qu’est la prophétie sur les deux poètes en apprentissages. Le merveilleux se démarque donc pas sa volonté d’inclure des connotations mystérieuses et mystiques aux rêves afin d’en supprimer d’autres qui peuvent relever de Dieu ou de la religion et de rester dans un pouvoir supérieur extérieur à la religion.

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