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Plan commentaire Le ravissement de Lol V. Stein

Fiche de lecture : Plan commentaire Le ravissement de Lol V. Stein. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  8 Mai 2021  •  Fiche de lecture  •  758 Mots (4 Pages)  •  507 Vues

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COMMENTAIRE LE RAVISSEMENT DE LOL V. STEIN

Le ravissement dans tous ses états…

        « Lol V. Stein, je l’ai vue dans un bal, dans un bal de Noël, dans un asile psychiatrique des environs de Paris. [...] Elle était comme un automate. [...] Elle croyait que j’étais un docteur et elle a parlé pour paraître être comme tout le monde. Et plus elle le faisait, plus elle paraissait singulière à mes yeux. », explique Marguerite Duras, dans l’émission de Pierre Dumayet , Lectures pour tous, après la publication de son roman, Le ravissement de Lol V. Stein en 1964. L’écrivaine évoque les difficultés qu’elle a eues à l’ouvrage : elle achève ce roman au sortir de sa première cure de désintoxication alcoolique, en un été, seule, dans son appartement de Trouville. Elle transpire la peur d’écrire sans boire, l’angoisse de trouver la force de vivre sans alcool. À son héroïne, Lol, elle transfère sa crainte absolue de basculer dans la folie. « J’étais vis-à-vis de moi dans une sorte de confiance. C’était à la fois le livre que j’avais le plus envie de faire et le plus dur en même temps. », confie-t-elle à la publication littéraire, Les Lettres Françaises.

Après les relatifs échecs de ses deux derniers ouvrages Dix heures et demie du soir en été (1960) et L’Après-midi de monsieur Andesmas (1962), Le Ravissement de Lol V. Stein lui permet de renouer avec le succès. Le défi est osé : Marguerite Duras développe une écriture bipolaire afin de traduire une réflexion sur les états seconds de la personnalité intime. Elle oppose le régime narratif et poétique, elle construit la structure de son récit sur l’aventure psychique : en miroir de situations réfractaire à la conscience, elle choisit de mettre à défaut la langue. La pratique de la fiction est sans cesse cadrée et décadrée et la représentation de l’être oscille à l’infini entre normalité apparente et anormalité souterraine. Ce texte, qui selon les critiques littéraires appartient au cycle indien durassien - Vice-consul (1966) et India Song (1973) en complèteront les rangs - met en scène deux personnages, Anna-Marie Stretter et Michaël Richardson, qui deviendront récurrents, et s’inscrit dans la démarche du Nouveau Roman. En effet, l’auteure souhaite déconstruire progressivement la matière romanesque et la fiction narrative.

L’extrait mis en lumière par cette étude se situe vers la fin de l’ouvrage. Durant toute l’oeuvre, Jacques Hold, le narrateur, a tenté de comprendre le récit de vie de Lol V. Stein. Obnubilé par le trouble psychique de l’héroïne, définitivement absente d’elle-même, il mène l’enquête, allant jusqu’à essayer de s’incruster dans sa mémoire pour qu’elle ait la sensation qu’il fasse lui-même partie du souvenir. À cet instant précis, ils sont à la gare : départ imminent pour le lieu du bal de T.Beach, où Lol a assisté, jadis, au rapt par une autre femme de son fiancé, l’élément déclencheur de l’histoire. Tous deux partent à la conquête d’une vérité qui sera définitivement partielle, si ce n’est impossible. Toutefois, les deux quêtes sont distinctes : Lol veut revivre pour la première fois cette union qui l’a détruite, Jacques Hold quant-à-lui désire seulement posséder totalement Lol. Finalement, deux quêtes qui structurent à deux niveaux la trame du roman, et s’inscrivent dans la même perspective, celle d’accéder à ce qui échappe, de toucher à l’absolu. Au ravissement total de l’être.

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