Ulysse from Bagdad, Erice-Emmanuel Schmitt
Dissertation : Ulysse from Bagdad, Erice-Emmanuel Schmitt. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar SabRiNa Robic • 6 Janvier 2024 • Dissertation • 1 354 Mots (6 Pages) • 177 Vues
Dans le roman Ulysse from Bagdad, Éric-Emmanuel Schmitt retrace l’exil d’un jeune irakien ayant fui son pays en guerre. Cet incipit du roman décrit la douloureuse situation du narrateur appelé Saad Saad à l’aube de sa nouvelle vie. Le narrateur passe d’un sentiment de souffrance à un autre. Il a souffert de quitter sa famille, ses amis pour découvrir une nouvelle forme de souffrance, la perte totale d’identité avec un sentiment d’être un apatride. Qu’en est-il exactement ? L’exil est-il la clé pour l’espoir d’une vie meilleure ou bien entrainera-t-il de nouvelles douleurs inéluctables ? Si fuir la tyrannie et la guerre est une évidence pour espérer le bonheur et la liberté, toutefois l’exil est vécu comme une période douloureuse avec un sentiment inévitable de déracinement.
L’exil est la solution à la fuite du chaos. Il est le meilleur moyen pour se protéger et vivre mieux.
Dans les situations extrêmes, l’exil est une solution contrainte pour survivre. Il est impossible de vivre et grandir avec la peur au ventre dans un pays en guerre sous un régime tyrannique. Le jeune irakien Saad Saad dans l’incipit de Ulysse from Bagdad reconnait qu’il s’est senti obligé de quitter sa terre natale sous le régime de “la guerre, la dictature, le chaos, des milliers de souffrances, trop de morts...” (l. 20). Le récit biblique de l’Exode évoque également l’exil des hébreux sous la conduite de Moise qui ont fui l’esclavage des Egyptiens. L’exil est aussi une solution pour se protéger, se confiner. En effet, dans l’ouvrage de La Peste de Albert Camus, nul ne peut entrer, nul ne peut sortir de la ville pestiférée. Chacun est donc comme exilé de ses proches faisant ainsi l'expérience de la séparation.
L’exil représente une chance, un nouveau départ vers un monde libre. Dans Ellis Island, Geoges Pérec présente l’incarnation du rêve américain dans les yeux des émigrés. Cette Amérique représente une terre de liberté où tous les hommes sont égaux, le pays où chacun aurait sa chance, un monde libre où une vie nouvelle pouvait commencer. Dans ce même esprit, Saad Saad évoque lui aussi avec envie la posture de l’américain représenté par son président Georges Bush. “Je le jalouse. Comme j’envie tout homme qui jouit de la chance d’habiter un endroit habitable”. L'exil est aussi vécu comme une seconde chance. Saad désire recommencer sa vie parce qu’il dit ne pas avoir eu la chance d’atterir sur le bon sol. “A la loterie de la naissance, on tire de bons, de mauvais numéros”. En s’exilant, Saad Saad veut donc “renverser la chance”. Omar Youssef Souleimane, auteur réfugié Syrien arrivé en France en 2012 et qui a obtenu la citoyenneté française en 2022 a su quant à lui “renverser la chance”. Il a écrit plusieurs poèmes en langue française. Dans son récit “Etre français” publié en 2023, Omar Youssef Souleimane revient sur son parcours semé d’embûches tout en racontant son attachement pour son nouveau pays. Il a écrit: ”Je vis une nouvelle naissance, j’ai une nouvelle mère, la France. Comment ne pas considérer ainsi la terre qui m’a protégé, qui m’a offert la liberté de m’exprimer, qui m’a sauvé de la tyrannie et qui m’a donné ce cadeau, la citoyenneté ?”.
L'exil peut devenir une opportunité pour se recontruire. Dans le Comte de Monte-Cristo de Alexandre Dumas, Edmond Dantès est banni et a subi un exil forcé sur deux îles, le château d'If et l'île de Monte-Cristo. Lors de cette période d’exil, il a pu recharger son énergie, s’instruire, préparer sa vengeance et reconquérir ainsi son honneur. En outre, lors du coup d’état de 1851, qui a donné le pouvoir à Napoléon III, Victor Hugo s’est exilé. Cette période d’isolement ne lui a pas empêché de poursuivre ses oeuvres littéraires. Il est même revenu en tant qu’idole de la gauche républicaine. Pour que l’exil soit mieux vécu, l’homme reconstruit autour de lui des repères, un espace familier. A l'instar du roman de Daniel Defoe, Robinson Crusoé a su adapter le lieu dans lequel il est confiné pour qu’il s’y sente bien. Il a su construire “son chez-soi ailleurs”. D’ailleurs, dans l’ouvrage Vendredi ou la Vie sauvage de Michel Tournier, Robinson ne veut plus repartir bien qu’on lui offre la possibilité de quitter cette île perdue grâce à un navire. Lorsqu’on ne regrette plus son pays natal, on peut alors dire que le processus d’intégration aboutit enfin sans nostalgie.
Toutefois, l’exil reste une épreuve particulièrement douloureuse dans une vie.
L’exil vers la terre d’accueil est d’abord marqué par un périple difficile avec souvent de graves mésaventures. Sous la plume d’Eric-Emmanuel Schmitt, Vittoria nomme Saad Saad comme un « Ulysse des temps modernes ». L’auteur fait ainsi référence à l’Odyssée d’Homère pour comparer les aventures épiques vécues par Saad Saad et celles de Ulysse. Ulysse a voulu rejoindre Ithaque, sa terre natale après la guerre de Troie et en raison de la colère de Neptune, le retour d'Ulysse a été retardé en raison de combats contre des Cyclopes et autres espèces monstrueuses.
L’exil est aussi vécu comme un véritable déracinement. Le déracinement est d’ailleurs la métaphore filée pour évoquer le sentiment de tristesse vécu par Saad Saad. Il utilise en effet le champ lexical du cycle de vie de la plante (l.15 et l.16) avec “éclore”, “sève”, “pousser”, “m’élever”, “expirer”, “tel un arbre” “prodiguant des rejets”. En tant que lecteur, nous comprenons donc qu’il lui manque dorénavant des racines. Et c’est la guerre qui lui a “arraché” (l.19) ses racines, ses origines familiales.
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