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Brumes et pluies

TD : Brumes et pluies. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  10 Mai 2017  •  TD  •  1 898 Mots (8 Pages)  •  3 558 Vues

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CI. BRUMES ET PLUIES…………………………………………………….   p. 136

Ô fins d'automne, hivers, printemps trempés de boue,
Endormeuses saisons! je vous aime et vous loue
D'envelopper ainsi mon coeur et mon cerveau
D'un linceul vaporeux et d'un vague tombeau.

Dans cette grande plaine où l'autan froid se joue,
Où par les longues nuits la girouette s'enroue,
Mon âme mieux qu'au temps du tiède renouveau
Ouvrira largement ses ailes de corbeau.

Rien n'est plus doux au coeur plein de choses funèbres,
Et sur qui dès longtemps descendent les frimas,
Ô blafardes saisons, reines de nos climats,

Que l'aspect permanent de vos pâles ténèbres,
— Si ce n'est, par un soir sans lune, deux à deux,
D'endormir la douleur sur un lit hasardeux.

Écrit par Charles Baudelaire, poète du 19ème siècle, dans la  toute fin du romantisme, mais un peu trop tôt pour être considéré comme étant du symbolisme, le poème « Brumes et pluies » est un parfait exemple de l’ambiguïté entre l’amour et la mort (ou la mélancolie) dont raffole Baudelaire. Ainsi, je vais démontrer qu’il est question du vide mélancolique laissé après la mort de notre douce moitié, un vide qui cherchera à être rempli, peu importe la façon. Pour éclaircir mon point, je traiterais d’abord des aspects  de la mélancolie et de la mort, pour finalement expliquer le lien de l’amour.

Le poème prend la forme d’Alexandrins, 12 pieds, une coupe fixe et deux coupes libres. Les deux quatrains font l’alternance entre deux rimes féminines suivies de deux rimes masculines, AABB AABB, semblable pour les tercets qui commencent par une rime féminine et se terminent par deux rimes masculines, ABB ACC. Il y a une répétition et une continuité des rimes dans les quatrains du son « ou » pour les rimes féminines et « o » pour celles masculines. L’ambiance du poème est donnée dès le départ par le titre « Brumes et pluies », monotone, grisâtre et souvent associé aux fins d’automnes, aux hivers (en France dans les régions plus chaudes) et aux débuts de printemps rendu boueux par la pluie et le mauvais temps.

                                                                                                                 Coupe fixe

Ô fins d’automne, | hivers, printemps | trempés de boue,

                                                     Coupe libre                                          Coupe libre

On énumère ces trois saisons, la fin de l’automne qui peut représenter la fin de la vie, l’hiver qui représente habituellement la mort et le printemps, mais un printemps non pas de renouveau et de renaissance, mais un printemps gris, bouetteux et qui ne fini plus, qui ne veut pas partir et laisser sa place aux temps chauds et rayonnants d’été. Ces trois saisons sont d’ailleurs citées aux pluriels, donnant une impression de persistance, de répétition et de continuité.

Endormeuses saisons ! je vous aime et vous loue

D’envelopper ainsi mon cœur et mon cerveau

D’un linceul vaporeux et d’un vague tombeau.

Champ lexical de la brume : vaporeux, vague, froid, nuit, frimas, climats, hasardeux.

Dans cette grande plaine où l’autan froid se joue,

Idées d’oppositions : le petit espace renfermé d’un tombeau s’oppose à l’étendue immense de la plaine ouverte. Autan = vent chaud et sec provenant du sud-est, en contradiction à la mention du froid.

Se joue, le choix du mot « joue » fait légèrement sourciller sachant qu’il dépasse fréquemment les 100 kilomètres à l’heure dans certaines régions de France.

Où par les longues nuits la girouette s’enroue,

Grande plaine, longues nuits = impression de vide immense.

(s’enroue = s’érailler la voix, la rendre rauque et voilé → à  force de tourner sans arrêt poussé par le vent, la girouette perd de sa liberté et s’abîme, (la girouette s’enroue = personnification de la voix de l’homme, ou de celle d’une femme) elle produit du même coup un léger grincement dans la nuit qui amplifie l’atmosphère lugubre et funeste du poème)

Mon âme mieux qu’au temps du tiède renouveau

Tiède renouveau, le printemps étant indissociable du renouveau, ce qui devrait être positif, mais où l’adjectif tiède reviens brouiller cet aspect. Il ne me  semble pas être utilisé dans le sens d’une température, mais renverrait plutôt à une image de quelque chose fait à moitié, d’un peu décevant. Il renforce cette ambiguïté du poème,  il dépeint une situation vague, ni belle ni laide, mais mélancolique tout au long.

Une idée, peut-être un peu trop poussé, mais qui semble tout de même faire légèrement de sens. Dans le premier vers du second quatrain, l’on fait référence à l’autan froid, ce vent chaud du sud, mais qui se refroidit par les fins d’automne. Dans le second, l’on parle de longues nuits, soit de ces nuits éternelles d’hiver. Et puis, dans le troisième, il est question d’un tiède renouveau, le printemps étant indissociable du renouveau, mais l’adjectif tiède vient ternir ce renouveau, semblable aux printemps trempés de boue. Il y aurait donc un rappel du premier vers dans ces trois vers.

Ouvrira largement ses ailes de corbeau.

Rien n’est plus doux au cœur plein de choses funèbres,

Champ lexical de la mort : linceul, tombeau, âme, corbeau, funèbres, pâles, ténèbres.

Et sur qui dès longtemps descendent les frimas,

Ô blafardes saisons, reines de nos climats,

Blafardes saisons → Terne et mat. Rappel des saisons, quelque peu lugubre.

Reines de nos climats → sous-entend une certaine importance dans le contrôle des climats (Reine = importance, pouvoir permanent).

 

Que l’aspect permanent de vos pâles ténèbres,

Oxymore « pâles ténèbres », oppose la blancheur à une extrême noirceur.

  • Si ce n’est, par un soir sans lune, deux à deux,

Champ lexical du blanc : linceul, frimas, blafardes, pâles, hiver.

Champ lexical du noir : tombeau, nuits, corbeau, ténèbres, soir sans lune.

Paradoxe incessant entre la blancheur et la noirceur tout au long du poème. Il y a une thématique d’opposition du début à la fin : l’autan froid, tiède renouveau, pâles ténèbres, l’amour et la mort.

D’endormir la douleur sur un lit hasardeux.

Hasardeux → continu avec cette impression de flou, vague et incertain.

Paysage extérieur marqué par la grisaille et la monotonie qui donne un ton mélancolique.

Ainsi, la présence de la mélancolie a été grandement démontré et celle de la mort quelque peu, cependant, il reste ce sentiment d’opposition et de contradiction présent dès le début et qui le reste jusqu'au dernier vers, mais qui sans la présence d’une association, crée un sentiment de vide dans le poème. Il me faut donc prouver celle de l’amour à la mélancolie et la mort.

En relisant le poème à plusieurs reprises (un poème qui laisse grandement place à l’interprétation), on se rend compte qu’il peut être question d’un vide causé par la mort de sa compagne. L’auteur semble subir cette mort comme si cette femme lui était quelqu'un de proche et il en est mélancolique.

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