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Commentaire Du Poème Aube De Rimbaud

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temporel dans ce récit, bien souligné par la présence des adverbes ou adjectifs temporels « encore « première entreprise », « alors ». La présence de brefs paragraphes

Les verbes évoquent les actions accomplies par le « je » narrateur pendant cette levée du jour : des verbes d’action au passé simple ou pc : « j’ai marché », … »je ris », « courant », « chassai » « tombèrent » exprimant la succession ; la marche du narrateur au sein de la nature se transforme soudain, à la quatrième strophe, en course effrénée derrière l’aube qui fuit…cf les verbes « fuyait », « courant », « chassai ».

Le narrateur accomplit donc un trajet, qui s’achève brusquement , alors qu’il est près du bois de lauriers : une chute brutale, une ellipse temporelle…suivie d’un réveil « à midi ».

2.L’apparition progressive de la lumière et de la vie

- Au début,présence d’un lexique évoquant la mort, l’immobilité « l’eau était morte », « rien ne bougeait » : l’ombre résiste, comme le suggèrent les connotations presque militaires du terme « camps d’ombre », la nuit semble résister à l’arrivée du jour, puis tout prend vie et s’anime, la nature se met en mouvement : « regardèrent », « se levèrent » ; le passé simple à valeur inchoative accentue l’impression de mise en mouvement soudaine.

- parallèlement, on assiste à une extension progressive de la lumière, exprimée par la gradation des termes la désignant : « les pierreries scintillèrent » », évoquant la brillance des rayons du soleil frappant les gouttes de rosée -puis « frais et blêmes éclats » oxymore qui suggère la luminosité encore pâle des premiers rayons dans la rosée du petit matin, (avec un bel effet de synesthésie, mise en correspondance de sensations tactile et visuelle) ;; puis la lumière semble monter et atteindre les parties hautes du paysage : le regard du narrateur s’élève vers « les cîmes argentées » et le « wasserfall blond » : les adjectifs évoquent des jeux de lumière sur la neige des cîmes ou dans les cascades (cf sans de wasserfall en allemand) ; après cette ascension verticale, la lumière s’étend horizontalement jusqu’ à éclairer les « clochers et les dômes », « parmi » lesquels elle évolue : donc elle se répand partout sur tout l’espace qu’elle surplombe.

3.Dans un cadre merveilleux et onirique

Mais cette marche et cette course du poète, cet avènement de la lumière ont lieu dans un espace étrange ; les lieux changent soudainement : au début, évocation d’un univers naturel , atmosphère humide et fraîche, « bois », « sentier », « fleur »… » espace végétal mais marqué par la présence d’éléments rappelant l’univers merveilleux des contes : « les palais », « les pierreries », on peut aussi remarquer le choix du terme allemand « wasserfall », dont les sonorités germaniques rappellent le romantisme allemand, les contes des frères Grimm …Tous les éléments semblent doués de vie : capables de sensations « les pierreries regardèrent « , ou de mouvement, avec la synecdoque des « ailes » qui se lèvent, les souffles comparés à des « haleines » vivantes...puis métamorphose soudaine du paysage, qui devient paysage de montagnes enneigées, puis descente vers « la plaine », avec l’étrangeté de l’article défini « l’allée », lieu précis mais inconnu…puis espace devient urbain, citadin, « la grand ville », minéral « les quais de marbre » « les cloches et les dômes » : aspect hétéroclite, mélange curieux d’architectures pointues et rondes, des formes, de l’Orient et de l’Occident, tandis que le pluriel fait paraître la ville immense…puis le bois de laurier…le je semble, comme dans les rêves, doué de pouvoirs magiques…et à la fin, il semble soudain émerger du sommeil « au réveil, il était midi », comme si tout ce qui précède relevait du songe.

Ce poème ressemble au récit d’une expérience vécue, plus ou moins rêvée. mais la chute énigmatique interdit de réduire le poème à cette interprétation. Car le poème peut aussi se lire, à un second niveau, comme le récit d’une quête érotique, d’un amour impossible

II. Une quête amoureuse

1La personnification de l’aube

L’aube, personnifiée, dès la première phrase , par la présence du verbe « embrassé ». (Personnification traditionnelle en poésie, cf « l’aurore aux doigts de rose » chez Homère, ou bien poème de Du Bellay) …mais que Rimbaud va renouveler. Quand elle apparaît soudain, il la reconnaît aussitôt : ; présence féminine déjà suggérée par la cascade, au « wasserfall », qui grâce à l’adjectif « blond » est comparé à une chevelure ; le verbe actif et réfléchi « s’échevela » suggère l’image poétique des gouttes de la cascade qui se dispersent dans le soleil ; puis on trouve le terme des « voiles » qui peut désigner à la fois les nappes de brume du petit matin et le vêtement drapé à l’antique comme dans les statues grecques. Elle a enfin « un immense corps », elle court… : c’est une femme qui cherche à échapper à celui qui la poursuit…

2. Une poursuite érotique

- A partir de la strophe 4, à partir de l’instant ou le narrateur voit la déesse, le rythme du poème s’accélère : les phrases deviennent plus brèves (§5) .(citer des exemples)

-Commence alors une course-poursuite entre le narrateur et la déesse, marquée par une certaine agressivité,cf les connotations présentes dans les termes suivants: « je l’ai dénoncé », « comme un traître », « la chassais », elle fuit comme une proie, éperdument, …le narrateur cherche à l’attraper ;

-connotations érotiques présentes dans l’action de « lever un à un les voiles », voiles désignant le vêtement de la déesse: il la dénude par les mouvements de ses bras. La poursuite semble à la fois haletante et longue…vu tous les espaces parcourus. Il finit par l’atteindre, « l’entourer », il « sent un peu son immense corps » : champ lexical du toucher, de la sensualité, du désir.

3. Le châtiment d’une transgression

Chute soudaine et inattendue, chute dans les deux sens du terme : chute du poème…et chute du narrateur soudain appelé « l’enfant ». Chute suivie d’une ellipse…le je narrateur semble disparaître totalement.

Comme l’aube est assimilée à une déesse, le narrateur peut être rapproché du simple « mortel » coupable d’avoir voulu porter la main sur une divinité ; l’ étreinte fugitive « j’ai senti un peu » s’achève sur un brusque sommeil profond et rappelle l’idée d’un châtiment infligé à celui qui transgresse un interdit, comme dans les mythes antiques ; l « ‘immense corps », par son gigantisme, …peut faire penser à celui de la mère pour l’enfant, corps interdit entre tous…l’adjectif immense peut aussi renvoyer à la divinité…qui doit rester tabou pour les mortels…

Enfin, c’est aussi l’évocation de la démarche de création poétique que propose Rimbaud dans ce poème…

III. La dimension symbolique : la création poétique, la « voyance » rimbaldienne

1 Le je : un enfant, un mendiant, un poète :

Le je peut représenter le poète : on trouve en effet dans le texte deux état de ce « je » : le « mendiant », à travers la comparaison, et « l’enfant » . Or, dans l’œuvre de Rimbaud, le poète est souvent représenté par ces deux figures. En outre, on peut remarquer que le narrateur parvient à atteindre l’aube « près d’un bois de lauriers », lieu symbolique car le laurier est à la fois le symbole de la victoire mais aussi est l’attribut d’Apollon, dieu de la poésie. Pourquoi ces deux comparaisons ?

Le poète est comme l’enfant, il porte un regard émerveillé sur le monde, en perçoit la féérie : il est joyeux, euphorique, dans une relation de complicité avec la nature comme le montre son rire : « il rit » aux éléments naturels qui l’entourent…il est comme Baudelaire, celui « qui peut comprendre le langage des fleurs et des choses muettes » : idée qu’il reprend à son tour dans la phrase « une fleur qui me dit son nom »…

Et enfin il est comme le mendiant, démuni, en quête, mais libre.

2. Les pouvoirs du poète

Le poète , par sa marche, a le pouvoir presque magique de réveiller la nature endormie, de la faire passer de la mort à la vie : « j’ai marché, réveillant…, et les pierreries regardèrent… » : C’est

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