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Dissertation théâtre

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Par   •  30 Décembre 2018  •  Dissertation  •  4 630 Mots (19 Pages)  •  537 Vues

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Dissertation personnage du roman (laideur)

Beaucoup d’écrivains comme Stendhal avec Julien Sorel dans Le rouge et le Noir choisissent de mettre en scène un personnage beau, bon, aimé, ambitieux, à la vie aisé ou bien encore exemplaire chez qui le lecteur va pouvoir chercher un idéal à atteindre et s’identifier comme un enfant qui se stupéfait devant un super-héros aux nombreuses qualités et rêve d’en devenir un, lui ressembler. Le personnage dans le roman ou la nouvelle est la pièce maitresse des émotions du lecteur ; c’est à travers lui que le lecteur va vivre l’histoire, s’impliquer dedans et développer son imagination. Le personnage digne d’un héros souvent va permettre l’immersion totale du lecteur dans l’aventure. Nous verrons que ces caractéristiques peuvent aussi se retrouver dans la mise en scène d’un personnage physiquement disgracieux ou moralement laid. Les 8 textes du corpus sont d’époques variées : le thème des personnages physiquement disgracieux ou moralement laids voyage à travers les époques et est utilisé par de nombreux auteurs. Ce thème va parfois venir causer la rupture avec des mouvements littéraires comme le fantastique ou le baroque qui idéalise la société ou bien des évènements comme les accumulations de réussite ou de victoire. Si ce thème cause la rupture avec des mouvements littéraires, il va également se servir de mouvements comme avec le réalisme pour montrer les défauts de la société, le fait que tout le monde n’a pas les mêmes facilités, la même chance de réussite. Pourquoi embellir les hommes alors qu’après tout comme assure Henri-Frédéric Amiel, « A chacun ses imperfections, nul homme en ce monde n’est parfait ». Nous nous demanderons quels effets un personnage imparfait peut produire sur le lecteur. Nous verrons que la présence d’un personnage imparfait peut nuire à l’intérêt porté à la lecture du roman mais également suscité cet intérêt. Nous aborderons enfin le fait que ces personnes peuvent nous apprendre beaucoup de choses par leur disgrâce.

La mise en place d’un personnage physiquement disgracieux ou moralement laid peut dégoûter le lecteur et le repousser de sa lecture.

Cet arrêt de la lecture peut trouver sa cause dans l’aspect physique du personnage en question. En effet, le personnage peut paraitre pour le lecteur déplaisant ou écœurant. Comme le personnage de Bernadette Bernardin dans Les Catilinaires, le personnage est « à la l’imite de l’humain » par son surpoids. La laideur physique de madame Bernardin est telle qu’elle en vient à susciter un questionnement sur ses origines. Le portrait démesuré de la femme fait apparaitre le moindre défaut de son surpoids comme une chose d’un extrême dégout. L’arrivée de cette personne dans la demeure est considérée de plus comme une « invasion ». Elle donne l’impression au lecteur d’imposer son surpoids et de l’étouffer. L’état de son surpoids prend alors une ampleur gigantesque. Cette « invasion » donne à voir au lecteur une arrivée d’un grand nombre d’entité qui n’est en fait qu’une innocente personne. Le narrateur en arrive à prénommer la femme de « kyste », « cette boursouflure », « Ça » qui peut laisser au lecteur une mauvaise impression de lecture. Certes, la laideur est exprimée par le surpoids sur personnage mais elle s’exprime tout autant chez le personnage maigre. La laideur du personnage devient même un défi pour celui qui l’accueil tant tous ceci est mauvais pour l’œil et réfute son regard. A la manière de François Mauriac dans Le Baiser au lépreux, le personnage de Jean Péloueyre se voit hideux par son poids une fois de plus, mais cette fois ci un poids trop faible. En effet, Jean est homme maigre, trop maigre. Lui et « sa pauvre mine, ses joues creuses, [son] nez long,[…] usé, pareil à ces sucres d’orge qu’amincissent, en les suçant, de patients garçons » est disgracieux pour le lecteur. Il est bien trop maigre et donné à voir comme un malheureux, seul, tant par la société que par ses os. Il est également sale, il ne se préoccupe que peu de son hygiène comme laisse suggérer ses « dents mauvaises ». Le lecteur ne trouve ici pas d’intérêt à s’intéresser à ce personnage inutile qui ne lui éprouve aucune distraction et aucun plaisir. Le dégout du lecteur se retrouve donc en premier lieu dans l’aspect physique du personnage qu’il soit présent sous la forme d’un surpoids, d’un manque de poids ou bien d’hygiène.

Si l’amer ressenti du lecteur se trouve dans l’aspect physique du personnage, il se retrouve tout autant dans l’aspect moral repoussant de celui-ci. Le caractère vil, vilain, violent, méchant, agressif du personnage peut témoigner d’une certaine déplaisance pour le lecteur. Le personnage d’Edgar Allan Poe dans Nouvelles Extraordinaires illustre la violence et l’agressivité. Le fait de raconter un passage tragique peut déplaire au lecteur. L’extrait montre la violence de l’homme sur son chat puis sa femme. En colère l’homme « [fit] sauter un des yeux [du chat] de son orbite » avant de le pendre et planta une hache dans le crâne de sa femme ayant voulu retenir un coup destiné à un nouveau chat. L’extrême violence dont fait preuve le personnage horrifie le lecteur pratiquement témoin de l’assassinat et peut lui faire fermer le livre. Sa barbarie de viking rempli de haine font l’objet d’une épouvante chez le lecteur. Le caractère vil est par exemple lui montré dans Les Bienveillantes de Jonathan Lithell et son personnage qui se remémore l’Holocauste et le nombre de mort juive qu’il a fait. Maximilien Aue, en toute sérénité se rappelle du massacre de la Solution Finale pendant la seconde Guerre Mondiale. Il parle de son caractère sur un ton sarcastique qui est « comme un four crématoire », chose responsable de la mort de nombreux déportés juifs. Cynique, il se rappelle sans pression, avec une forme de satisfaction ses actes. Maximilien prend le temps de faire des mathématiques et d’élaborer quelques statistiques sur le nombre de décès sur un ton agaçant. L’exhaustivité de ses chiffres contribue elle aussi à ce ton agaçant. Il s’adresse également indirectement au lecteur lorsqu’il parle d’une « minute supplémentaire […] pédantesque ». Le personnage trouve même le temps de justifier ses actes.  Il n’éprouve également pas de sentiment sur l’opinion de son dialogue. La tranquillité, la satisfaction du personnage, la précision et l’élaboration de ses mathématiques sont sources d’énervement, de colère, d’incompréhension pour le lecteur. Il voit le personnage fier d’arborer un trophée de guerre, fier d’avoir participé au massacre, à haute voix, dont les millions de mort n’ont guère l’air de poser problème et qui à la manière d’un scientifique dévoile les résultats de ses expériences aux yeux de tous. Le caractère narquois, malicieux et réjouis du personnage contribue à un mécontentement du lecteur qui ne souhaite pas en savoir d’avantage. La violence, la méchanceté, le machiavélisme d’un personnage sont des aspects moraux nuisibles à l’intérêt du lecteur dans un roman tant par le dégout que l’outrage qu’il peut susciter chez le lecteur.

Dans l’introduction fut évoqué le fait d’identification au personnage par le lecteur. Si cet élément fait défaut, il peut également avoir des répercussions sur l’importance de la lecture. L’identification impossible est éventuel lorsque le lecteur n’apprécie pas suffisamment le personnage, voir qu’il en est dégouté selon son aspect physique ou moral comme nous l’avons vu. La non-identification pourrait venir du fait que le lecteur n’arrive pas à se mettre à la place du personnage du fait de ses actes ou de son état. Le lecteur n’aurait peut-être pas envie de reproduire les mêmes choses que le personnage. Cela viendrait faire obstacle à l’imagination du lecteur et rendrait cette projection impossible. Comme dans Les bienveillantes avec Maximilien Aue évoqué précédemment, le personnage raconte en se remémorant la seconde guerre mondiale, plus précisément le génocide juif et le fait qu’il y a pris parti. Maximilien témoigne de son sadisme en disant que « ce [qu’il] a fait, vous l’auriez fait aussi. Avec peut-être moins de zèle, mais peut-être aussi moins de désespoir ». L’acte de barbarie qualifié par le procès Nuremberg de « Crime contre l’humanité » pourrait littéralement empêcher l’identification. Le lecteur n’est pas inhumain, il n’est pas ce barbare-là. Le lecteur ne cherche pas à ressembler à un être sans cœur et immoral. Etre fier d’avoir tué des millions d’humains, qui pourraient réjouir de ça ? L’impossibilité d’identification se retrouve également dans le physique du personnage comme chez les Thénardier dans Les Misérables. De l’homme maigrelet à la femme forte, puissante, barbue qui ressemble à un « colosse ».  Cette femme dont « [personne n’aurait eu l’idée de l’appeler comme ça » témoigne en effet d’un profil plutôt masculin au premier regard. Elle a beaucoup de caractère le plus communément masculin comme la barbe, la force ou la musculature qui ne laisse pas suggérer des caractères usuellement attendus chez la femme comme la tendresse, la fragilité ou l’amour. Egalement dans ses gestes elle est perçu comme masculine ce qui montre que son physique relève de sa personne aussi bien que sa personne dépend de son physique. Le fait qu’elle soit défigurée peut éventuellement faire penser à une soldate -plus souvent un soldat. Le fait que madame Thénardier soit donné à voir comme un homme peut désillusionner la vue de la femme pour les lectrices et ainsi réfuter l’identification au personnage. Le récit d’un personnage mauvais, sadique et inhumain ou de nature plutôt contraire peu donc causé au lecteur une impossibilité à s’identifier à un pareil personnage.

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