Fiche Candide, Voltaire
Fiche de lecture : Fiche Candide, Voltaire. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar Eva Danan • 27 Avril 2017 • Fiche de lecture • 4 200 Mots (17 Pages) • 1 233 Vues
1) Voltaire est l’un des plus grands écrivains et philosophes français du XVIIIème siècle. Admirateur du XVIIème siècle, il cherche à égaler les écrivains classiques dans l’épopée la Henriade, en 1728 ou la tragédie Zaïre, en 1732. Mais il est surtout pour l’Europe un symbole d’esprit, notamment pour ses idées philosophiques qu’il diffuse dans ses poèmes tel que Poème sur le désastre de Lisbonne en 1756, ou dans ses contes tels que Micromégas en 1752 et Candide en 1759 où il dénonce notamment l’obscurantisme et prône l’usage de la raison. Il participe également à cette époque, à une trentaine d’articles de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert sur la liberté de penser et d’écrire, mais aussi contre la monarchie de droit divin.
2) Gottfried Wilhelm Leibniz naît à Leipzig en Allemagne, le 1er juillet 1646. A la fois philosophe, théologien, mathématicien, physicien et historien, il cultive et perfectionne presque toutes les branches des connaissances humaines. Son immense érudition et sa vaste intelligence sont servies par une mémoire prodigieuse. Il prend part à tous les travaux scientifiques de son siècle et aux affaires de la vie publique, littéraire et religieuse. Il écrit ses textes en latin, en français et en allemand. Il entretient également des relations avec toute l’Europe savante.
Le philosophe allemand expose en 1710 sa Théodicée (du grec théos, Dieu ; et diké, la justice) : il y décrit un système philosophique célèbre fondé sur « une harmonie préétablie » pour expliquer l’existence du mal sur Terre. Leibniz, pour sa théorie, part du principe de la perfection et de la bonté divine. D'après lui, rien ne peut être aussi parfait que Dieu, donc le monde n'est pas parfait. Or, comme Dieu est bon, le monde qu'il a créé est forcément le meilleur possible. Le mal n'est donc qu'apparent, et si nous pensons que le monde souffre, c'est que nous ne sommes pas capables de percevoir la finalité nécessairement bonne qui justifie cette souffrance. D’où sa célèbre formule : « Dieu, entre les suites possibles des choses, infinies en nombre, a choisi la meilleure ». Cette théorie a ensuite été critiquée par Voltaire dans Candide, où le personnage de Pangloss défend une théorie pareille à celle de Leibniz.
3) Candide est le personnage éponyme du conte, ainsi que le héros de l’œuvre. Le nom que choisit Voltaire pour son personnage principal n’est d’ailleurs pas dû au hasard. En effet, tout au long du récit, différents éléments prouvent qu’un lien existe entre le nom de Candide et le personnage qu’il incarne.
Dans le premier chapitre, Voltaire ne transmet que peu d’informations au sujet de Candide. Néanmoins, les quelques termes qui le caractérisent révèlent les raisons pour lesquelles le personnage se nomme ainsi. En effet, le choix du nom de Candide est justifié dès le début du texte par l’auteur : « Il avait le jugement assez droit, avec l’esprit le plus simple ; c’est, je crois, pour cette raison qu’on le nommait Candide. ». Par la suite, le personnage de Pangloss, le précepteur du château, est introduit dans l’histoire. L’admiration qu’éprouve Candide envers lui dévoile au grand jour la naïveté du jeune homme. Effectivement, Pangloss revendique une théorie fondée sur des raisonnements totalement absurdes. Il soutient que « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles », ce qui se démontre selon lui du fait que « les nez ont été faits pour porter des lunettes ; aussi avons-nous des lunettes. ». Pourtant, Candide le « croyait innocemment. ». Il n’émet aucun jugement et suit aveuglément la philosophie de son précepteur qu’il considère comme « le plus grand philosophe de la province, et par conséquent de toute la terre. »
D’autre part, Candide est éperdument amoureux de mademoiselle Cunégonde, la fille du baron. Néanmoins, il ne l’aime que pour ses attraits, car il la trouve « extrêmement belle » ou encore « appétissante ». Une nouvelle preuve de l’insouciance du jeune homme.
Dans le second chapitre, Candide se retrouve seul après s’être fait chasser « du plus beau des châteaux » par le baron et « marcha longtemps sans savoir où ». Il perd alors ses repères. Ainsi, il découvre le monde tel qu’il est vraiment et endure de nombreuses souffrances. En effet, Candide « se coucha sans souper », puis « se traîna » tout en « mourant de faim, et de lassitude. ». Pourtant, le lendemain, lors d’une rencontre avec « deux hommes habillés en bleu » dans un cabaret, il continue à affirmer que « tout est au mieux ». Il accepte d’ailleurs de se faire inviter à dîner par ces inconnus sans s’en méfier une seconde, ni se douter qu’ils seront à l’origine de plusieurs de ses malheurs. On constate donc une mise en avant du caractère naïf et optimiste de Candide dans ces passages.
Enfin, on peut relever que le nom de Candide a pour étymologie le mot latin « candidus », qui signifie « blanc » ; et que la consonance de Candide évoque celle du mot « candeur ».
On remarque ainsi que ces termes correspondent tout à fait à ce qu’incarne Candide, soit un symbole d’innocence, de candeur et d’optimisme.
4) La satire consiste à faire ouvertement la critique d’une époque, d’une politique, d’une morale, ou à tourner quelqu’un en ridicule. Dans ce conte, Voltaire se moque et critique de nombreux aspects de la société de son époque. Ainsi, il se sert des péripéties de son héros afin d’illustrer son point de vue de manière indirecte, à propos des sujets qui le préoccupent.
Dans le premier chapitre, Voltaire tourne la noblesse en dérision. En effet, le patronyme du baron, « Thunder-ten-tronckh » paraît comme ridicule. Par sa sonorité dure, il peut aussi être vu comme une caricature des noms allemands. De plus, le baron en question est présenté comme « un des plus puissants seigneur de la Vestphalie », soit d’un tout petit domaine. Cela n’est d’ailleurs dû qu’à une raison aberrante : « son château avait une porte et des fenêtres ». Il n’est également orné que « d’une seule tapisserie », ce qui prouve que la fortune du baron est très limitée et sa richesse, de toute évidence fausse. Pourtant, malgré cela, la sœur du baron aurait refusé d’épouser le père présumé de Candide car « il n’avait pu prouver que soixante et onze quartiers ». Ainsi, Voltaire fait preuve d’ironie afin de critiquer les trop hautes prétentions des nobles vis-à-vis des autres.
Dans ce même chapitre, Voltaire évoque l’optimisme leibnizien que revendique le précepteur Pangloss. Il est dit que ce dernier enseigne la « métaphysico-théologo-cosmolonigologie. ». Il enseigne donc la « métaphysique », c’est à dire les fondements de la condition humaine ; la « théologie », la théorie de Dieu ; la « cosmologie », la science des astres et de l’univers. Une science d’apparence très savante dans un premier temps. Mais le mot « nigologie », dérivé de « nigaud » qui signifie« stupide », suggère que toutes ces sciences ne sont que des futilités. Le long mot composé utilisé par Voltaire possède d’ailleurs une connotation satirique dans sa forme : les nombreux termes reliés ensemble ironisent à propos du jargon scientifique et philosophique. De plus, le discours de Pangloss censé expliquer la théorie de Leibniz comme quoi « tout est au mieux » n’est qu’une suite de sophismes tels que « Les jambes sont visiblement instituées pour êtres chaussées, et nous avons des chausses. ». Cette satire qui critique le philosophe allemand et caricature sa pensée se poursuit durant toute l’histoire. En effet, dans le quatrième chapitre, Pangloss en accord avec sa philosophie optimiste explique la nécessité de la vérole : « si Colomb n’avait pas attrapé cette maladie […] nous n’aurions ni le chocolat, ni la cochenille. ». Ainsi, Pangloss considère que cette maladie est « une chose indispensable dans le meilleur des mondes. ». On constate donc que Voltaire se moque ouvertement de la théorie optimiste dans ce passage. Il continue à s’y opposer dans le chapitre vingt, où Candide et le savant Martin voyagent en direction de la France. Ce dernier fait part de son point de vue pessimiste à Candide, « je vous avoue qu’en jetant la vue sur ce globe […] je pense que Dieu l’a abandonné à quelque être malfaisant. ». Martin use de nombreux arguments afin de justifier sa théorie. Candide, lui, persiste à croire qu’ « il y a pourtant du bon ». Par la suite, deux vaisseaux entament un combat. A l’issue de celui-ci, le patron hollandais ayant volé Candide plus tôt meurt avec tout son équipage. Candide s’en réjouit en affirmant que « le crime est puni quelque fois ». Néanmoins, Martin n’acquiesce pas et rétorque : « mais fallait-il que les passagers qui étaient sur son vaisseau périssent aussi ? ». Ainsi, la philosophie soutenant que « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles » est une nouvelle fois remise en question par Voltaire qui ne cesse de la critiquer.
Dans le troisième chapitre, Voltaire dénonce l’horreur de la guerre et ses terribles conséquences. Dans un premier temps, il met en avant la dimension esthétique de la bataille en valorisant ses
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