Histoire D'Un Bon Bramin
Dissertation : Histoire D'Un Bon Bramin. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresis que tout est le mieux du monde ; mais ceux qui ont été ruinés et mutilés à la guerre n’en croient rien, ni moi non plus : je me retire chez moi accablé de ma curiosité et de mon ignorance. Je lis nos anciens livres, et ils redoublent mes ténèbres. Je parle à mes compagnons : les uns me répondent qu’il faut jouir de la vie et se moquer des hommes ; les autres croient savoir quelque chose, et se perdent dans des idées extravagantes ; tout augmente le sentiment douloureux que j’éprouve. Je suis prêt quelquefois de tomber dans le désespoir, quand je songe qu’après toutes mes recherches je ne sais ni d’où je viens, ni ce que je suis, ni où j’irai, ni ce que je deviendrai. »
L’état de ce bon homme me fit une vraie peine : personne n’était ni plus raisonnable ni de meilleure foi que lui. Je conçus que plus il avait de lumières dans son entendement et de sensibilité dans son cœur, plus il était malheureux.
Je vis le même jour la vieille femme qui demeurait dans son voisinage : je lui demandai si elle avait jamais été affligée de ne savoir pas comment son âme était faite. Elle ne comprit seulement pas ma question : elle n’avait jamais réfléchi un seul moment de sa vie sur un seul des points qui tourmentaient le bramin ; elle croyait aux métamorphoses de Vitsnou de tout son cœur, et, pourvu qu’elle pût avoir quelquefois de l’eau du Gange pour se laver, elle se croyait la plus heureuse des femmes.
Frappé du bonheur de cette pauvre créature, je revins à mon philosophe, et je lui dis :« N’êtes-vous pas honteux d’être malheureux dans le temps qu’à votre porte il y a un vieil automate qui ne pense à rien, et qui vit content ? — Vous avez raison, me répondit-il ; je me suis dit cent fois que je serais heureux si j’étais aussi sot que ma voisine, et cependant je ne voudrais pas d’un tel bonheur. »
Cette réponse de mon bramin me fit une plus grande impression que tout le reste ; je m’examinai moi-même, et je vis qu’en effet je n’aurais pas voulu être heureux à condition d’être imbécile.
Dans Histoire d’un bon Bramin, l’auteur utilise la fiction pour véhiculer ses idées, en nous présentant une mise en scène vivante. En effet il a tout d’abord recours à un personnage exotique qu’il nomme « mon bramin ». Il s’agit d’un « philosophe » que le narrateur met en opposition avec une vieille femme, une « pauvre créature », « qui ne pense à rien ». Par ailleurs, le narrateur présent à travers les divers indices de la première personne – le pronom « je » est répété dix fois - semble partager les idées du bramin. L’emploi de dialogues vifs et animés nous montre son engagement dans la réflexion qui est exposée. Nous trouvons, en outre, dans le texte la présence de « philosophes » (ligne 15) consultés par le narrateur ; puis pour finir, il est question de « tout le monde » (ligne 26). A travers cette animation, le souci de l’auteur est de captiver l’attention du lecteur. Le titre de l’œuvre nous oriente vers l’univers du conte philosophique qui est une forme d’apologue. Du reste, la valeur argumentative du texte se trouve augmentée par les raisonnements des personnages. Ce choix n’a
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