Jojo

es modèles de mesure et de normalité. Dans cette perspective, la notion d'individu étant, entre toutes, la plus excessive et la plus irréductible, les classiques fuient tout lyrisme indiscret enclin à porter l'accent sur les particularités d'un moi " haïssable ", et fondent leur esthétique sur une morale sociale bien faite pour convenir à l'urbanité de la vie de cour et de salon. Les lettres sont régentées par un code subtil de savoir-vivre et de civilité, apanage de quelques privilégiés et connaisseurs, qui, très vite, s'érigeront en gardiens de la doctrine, émanation des règles de conduite de leur classe.

Le triomphe de la raison

Des contraintes naît la liberté, et la règle des trois unités (temps, lieu et action) préconisée dès 1561 par le théoricien Scaliger, en concentrant l'intérêt sur le seul jeu des sentiments, comme chez Racine ou Mme de La Fayette, hausse la tragédie à un niveau de simplicité et de pureté bien en accord avec la retenue et l'authenticité de l'honnête homme. Mais elle aboutit en même temps, par la stylisation symbolique de l'espace et du temps qu'elle impose, à une négation de la vie dans sa réalité quotidienne. Ainsi, jamais de nature dans cet univers clos sur lui-même, jamais de perspective historique réelle dans cet espace fictif, ce lieu abstrait où le décor et les costumes sont le miroir du grand siècle. Le théâtre classique poursuit une vérité intangible et atemporelle à travers les opérations d'une raison toute-puissante qui recompose la réalité selon sa logique. Tous les écrivains classiques se réclament de la raison pour tirer leur univers esthétique du chaos. Principe classificateur des aristotéliciens, outil cartésien du discernement, la raison provoque aussi le sentiment d'avoir raison, qui mène à l'art de convaincre. Rien d'étonnant, alors, que le XVIIe siècle soit le siècle des polémiques et des cabales, où brillent, à travers les œuvres de Pascal ou de Bossuet, les artifices de la rhétorique et de l'éloquence.

Beaux-Arts

En Occident, le mot classique désigne en art la civilisation du monde grec des Ve et IVe siècles av. J.-C. (" la Grèce classique "). Cette période est considérée comme un moment privilégié où une perfection est atteinte, après la période précédente, dite archaïque, et avant la suivante, dite hellénistique. Le concept de classicisme est ensuite étendu, avec une rigueur discutable, à l'art français de la seconde moitié du XVIIe siècle sous le règne de Louis XIV.

Architecture

Le classicisme, que l'on tend à opposer au maniérisme ou au baroque, se caractérise dans le domaine de l'architecture par le sens des proportions, de la mesure, de la symétrie. Le langage formel est puisé dans l'Antiquité, notamment chez Vitruve. Dans cette optique, les modèles de l'architecture classique sont par exemple Versailles (Le Vau puis Jules Hardouin-Mansard) ou la chapelle du Val-de-Grâce à Paris (plans de François Mansart, repris par Lemercier et Le Muet).

[…]

Musique

La période classique se situe entre le baroque et précède le romantisme, s'étendant approximativement de 1750 à 1800. La production musicale de cette seconde moitié du XVIIIe siècle est alors dominée par les trois grands Viennois que sont Haydn, Mozart et Beethoven (même si ce dernier constitue l'un des points d'intersection entre le classicisme et le romantisme). Cet échelonnement historique demeure toutefois bien imprécis, la musique française du siècle de Louis XIV (Lully, Charpentier, Campra) étant également qualifiée par les musicologues de " classicisme versaillais ". En effet, quoique relevant d'un style orné et de conceptions dramatiques typiquement baroques, l'art versaillais n'en révèle pas moins une recherche de l'équilibre, qu'illustrent les œuvres de musiciens tels que Lully, François Couperin ou Rameau.

Le triomphe de la musique instrumentale

Au sens strict, le classicisme musical se caractérise par le goût de la mesure, la recherche du naturel, la simplification de l'écriture et du style général (avec notamment la simplification de l'ornementation), l'émancipation du timbre instrumental et le souci des nuances, ce qui n'exclut pas l'expression des sentiments ni l'épanouissement du sensualisme. Il élabore de nouveaux modes d'expression autour de divers courants esthétiques, tels que le style galant (incarné par Johann Christian Bach), qui affirme la suprématie de la mélodie sur l'harmonie, l'Empfindsamkeit (" sensibilité "), qui privilégie la sensibilité en réaction contre le rationalisme, et que personnifie Carl Philipp Emanuel Bach, et jusqu'au Sturm und Drang (" Orage et passion "), associé au romantisme naissant. L'époque classique se distingue par un essor incomparable de l'art instrumental, lié au développement des concerts, à l'évolution du goût et de la vie musicale qui déborde le cadre