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L'Aventure Ambigue.

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ne autre va provoquer dans l'esprit du personnage, plutôt qu'une métamorphose, un métissage de son esprit qui le trouble dans le sens où, comme il le dit, « il n'arrive plus à être l'un ou l'autre, il est les deux à la fois », ce qui le tiraille. Ce conflit de l'intérieur n'est pas seulement celui du personnage il est aussi celui de l'Afrique entière qui à l'arrivée de l'étranger. Ceux qui résistent et ceux qui cèdent connaissent au final le même sort : celui de la domination étrangère. Le problème c'est l'identité face à cela, « ce qu'ils apprendront vaut-il ce qu'ils oublieront ? ». Dans ce livre, c'est par l'école que passe la domination de l'étranger puisque la problématique est celle du passage de l'école coranique à celle de l'étranger, et c'est dans ce passage que les traditions laissent la place à l'apprentissage de ce qui consiste à « lier le bois au bois », c'est à dire l'apprentissage de l'outil, de l'industrie, de la science.

De cette thématique principale en découlent plusieurs autres et on dégage les suivantes :

la Parole a une place capitale dans le livre puisque c'est sur elle qu'il s'ouvre. La première scène est celle où Simba, à l'école coranique et sous les enseignements du maître Thierno se trompe en récitant ses versets, et cette faute lui vaut tous les coups. La Parole revêt donc une importance capitale puisqu'elle apprend à Simba et à l'africain en général ce qu'il est, comment se comporter et sur quoi se centre sa vie. Cette parole incontestable va être remise en question et confrontée aux pensées de l'Occident, c'est ainsi que Simba la confronte à Pascal, Descartes et Platon. Par exemple, en reprenant les paroles de Pascal sur la volonté, Simba comprend que la volonté de l'homme doit être une parcelle de la volonté de Dieu, et que c'est là l'acte le plus pieux. Si tout au long du livre Simba se révèle à sa parole, tout comme tout au long de la colonisation l'homme africain s'accroche le plus à ses racines, l'ouvrage finit par une réconciliation entre Simba et ses sources, ce qui se veut comme message d'espoir et d'avertissement de Kane aux africains : il faut rester soi-même.

De manière plus générale, la parole en tant que discussion a un rôle dans le texte dans le sens où plusieurs visions se confrontent. On assiste à plusieurs échanges d'idées, plusieurs confrontations comme celle, dès le départ, entre le maître de l'école étrangère, celui de l'école coranique et le chef des Diaboulé : le premier privilégiant la science tandis que les deux autres insistent sur l'importance d'une « demeure durable » faisant ainsi référence à l'au-délà. On évoque aussi la confrontation de Samba avec une jeune fille qu'il rencontre lors de ses études à la Sorbonne, Lucienne, communiste, et là encore la discussion oppose la vie réelle que Lucienne veut défendre à celle, spirituelle, pour laquelle Samba se bat.

Les dialectiques sont parfois internes et révélatrices du tiraillement que connaît l'Afrique dans les conditions dictées. Le père de Samba lui même, indéniablement pieux, s'interroge à la page 80 sur la priorité du bien matériel sur l'esprit et se demande « Cela est-il bien ? »

Outre la Parole, ce qui jalonne l'histoire c'est la présence de symbole, notamment féminins et c'est biensûr ce qui nous intéresse le plus. Ces symboles sont comparés dans la préface, par Monteil à des « types » que sont les pions d'un jeux d'échecs, comparaison biensûr qui s'appuie sur le conflit Noirs-Blanc mais qui va au-delà, avec les caractères du Fou, du Roi, de la Reine..

° Le premier, Samba, reflète la jeunesse montante. Au départ, très attaché à la foi, pieux, donnant l'exemple. Bien que triste, il reflète l'obéissance et le prolongement de la tradition. Petit à petit, il évolue en allant d'abord à l'école étrangère, puis à la Sorbonne ou il se confronte aux plus grands philosophes, petit à petit on le voit changer, il commence par oublier de faire sa prière puis refuse de la faire à la fin.Il est symboliquement porteur de l'expérience du métissage culturel qui se solde par un échec vu que la personnalité devient double et que les deux consciences se combattent. A la fin, sa mort n'est pas pessimiste mais c'est la réconciliation avec son passé, son retour aux sources.

° Son père, le chef des Diaboulé, qui constitue les générations passées. Même lui, parfois en proie au doute, continue de défendre les valeurs des Anciens. Son désarroi face à la sortie de fils de l'école coranique reflète l'impuissance des Anciens face à l'inéluctable transformation qu'est l'envahissement de l'Occident. Il constitue quand même un repère vers lequel son fils vient trouver refuge quand il sent qu'il se perd.

° Le fou, c'est ce personnage qui n'arrive pas à se remettre de sa rencontre avec l'Occident, c'est ce personnage désemparé marqué jusque dans sa santé morale par ce qu'il a vu ailleurs, chez les Blancs mais qui a foi en l'avenir.

° Le maître, symbole de la religion, impitoyable avec cette idée que la tradition doit se perpétuer, prie dès le début pour que Samba reste lui-même, il est donc conscient du danger. Symbolise aussi l'important de la religion comme repère dans ces sociétés d'Afrique Noire, ce qui les retient et ce à quoi elles s'accrochent le plus, le fou lui dit d'ailleurs « tu es le seul à retenir la métamorphose.. » Mais avec l'évolution du maître on voit l'évolution des sociétés, le départ de Samba symbolise alors le changement, le maître ne prie plus autant avant de mourir après avoir tout remis en question.. il est alors remplacé par un jeune, Demba, qui change les horaires de l'école coranique pour permettre aux enfants d'aller à l'école étrangère. On a donc cette résignation face à l'arrivée de l'étranger.

° l'opposition entre la nature / la machine, dans le sens où en Afrique, les éléments récurrents sont la terre brune, le soleil, les discussions se font à même le sol, on dort à même le sol, alors qu'en France, les éléments récurrents sont « la mécanique », les « mécaniques déchaînées », les rues vides que décrit Samba.. La nature c'est aussi les émotions, dont s'émeuvent temps les Africains et que l'Occident a du mal à comprendre. Jean, camarade de classe de Samba se demande pourquoi il pleure ? Son père, le directeur d'école, s'émeut pour la première fois devant le soleil..

° on passe enfin aux femmes.. la première, qui apparaît rapidement mais qui a son importance c'est Mariam, cousine de Samba, symbole de la jeune fille, aimante, qui apporte la nourriture. Elle sourit mais Samba ne lui rend pas son sourire. Sa présence est d'autant plus importante quand on la compare avec les autres jeunes filles du livre. Lucienne, la communiste qui est avec Samba à la Sorbonne, est plus proche de lui, à elle, il rend son sourire.. Enfin, Adèle, la jeune fille « exilée » puisqu'Africaine n'y ayant jamais vécue, et qui veut retrouver ses origines.. Trois jeunes filles différentes et traitées différemment, la dernière étant la seule qui

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