L'image de la femme dans Le Mariage de Figaro
Étude de cas : L'image de la femme dans Le Mariage de Figaro. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar annahale876 • 12 Mai 2018 • Étude de cas • 3 475 Mots (14 Pages) • 2 669 Vues
L’image de la femme dans Le Mariage de Figaro de Beaumarchais
Beaumarchais revendique dans ses œuvres le droit de dénoncer les abus de son temps grâce à la comédie. Il a notamment déclaré : « Les vices, les abus, voilà ce qui ne change point mais se déguise en mille formes sous le masque des mœurs dominantes : leur arracher ce masque et les montrer à découvert, telle est la noble tâche de l'homme qui se voue au théâtre […]. »
Le dramaturge a essayé de faire du Mariage de Figaro une comédie qui insiste sur le comportement social de l’individu et sur l’injustice de certains ordres sociaux.
La condition féminine au XVIIIème siècle occupe une place importante dans son œuvre. Ainsi, nous allons étudier les différentes images de la femme que nous propose Beaumarchais dans Le mariage de Figaro.
Tout d’abord, l’auteur nous livre l’image « d’une jeune personne adroite », « spirituelle et rieuse » à travers le personnage de Suzanne. Figaro la décrit dans la scène 2 de l’acte I comme « toujours riante, verdissante, pleine de gaieté, d’esprit, d’amour et de délices ! ». Elle est une femme joyeuse et également vertueuse. Elle ne veut pas embrasser son fiancé avant le mariage « A mon amant aujourd’hui ? Je t’en souhaite ! » et refuse les avances du Comte Almaviva « Je n’en veux point, Monseigneur, je n’en veux point. Quittez-moi, je vous prie. ». C’est un personnage ferme sur ses décisions, comme on peut le voir par son refus d’habiter dans la chambre offerte par le comte « Et moi, je n’en veux point. ». Beaumarchais écrit dans sa préface qu’ « il n’y a pas une phrase, un mot, qui ne respire la sagesse et l’attachement à ses devoirs ». En effet, Suzanne est entièrement dévouée à sa maitresse, on peut le remarquer à la façon dont elle réagit quand la Comtesse pense qu’elle la trompe « Au nom du ciel, espoir de tous ! vous ne savez pas, Madame, le mal que vous faites à Suzanne ! Après vos bontés continuelles et la dot que vous me donnez !... ». De plus, Beaumarchais dénonce l’autorité abusive des hommes et le statut des femmes dans une société masculine à travers le couplet de Suzanne :
« Qu’un mari sa foi trahisse Il s’en vante, et chacun rit Que sa femme ait un caprice S’il l’accuse, on la punit De cette absurde injustice Faut –il dire pourquoi ? Les plus forts ont bien la loi »
Suzanne est l’incarnation des contestations roturières face aux exigences aristocratique. Malgré sa condition sociale très basse, c’est le portrait d’une femme heureuse et courageuse que nous dresse Beaumarchais de ce personnage.
Ensuite, c’est l’image de « la plus vertueuses des femmes, un modèle de vertu, l’exemple de son sexe et l’amour du nôtre » que l’auteur a voulu nous montrer du personnage de La Comtesse. Anciennement appelé Rosine dans la pièce Le Barbier de Séville, il y a une nette différence du personnage entre les deux pièces. Dans Le Mariage de Figaro, elle n’est plus que La Comtesse, qu’une femme avec un rang social, délaissée par son mari « Je ne la suis plus cette Rosine que vous avez tant poursuivie ! Je suis la pauvre comtesse Almaviva , la triste femme délaissée, que vous n’aimez plus ! ». Ni le rang ni le mariage ne lui ont apporté bonheur « Me suis-je unie à vous pour être éternellement dévouée à l’abandon et à la jalousie, que vous seule osez concilier ? ». Mais la Comtesse reste fidèle au Comte même si on comprend qu’elle n’est pas insensible au charme de Chérubin par ses rêveries « Ah! le ruban! mon joli ruban! je t'oubliais! (Elle le prend sur sa bergère et le roule.) Tu ne me quitteras plus... tu me rappelleras la scène où ce malheureux enfant... Ah! Monsieur le Comte, qu'avez-vous fait?... Et moi! que fais-je en ce moment? ». C’est la vertu qui l’empêche de reconnaitre la tendresse amoureuse qu’elle éprouve pour Chérubin. En effet, Beaumarchais note explicitement que ses sentiments ne doivent pas entraver à son comportement respectable aimé du public « Agitée de deux sentiments contraires, ne doit montrer qu’une sensibilité réprimée, ou une colère très modéré ; rien surtout qui dégrade, aux yeux du spectateur, son caractère aimable et vertueux. ». Car malgré le fait qu’elle est une femme délaissée, c’est également une femme combative et rusée. Elle va jusqu’à se déguiser en Suzanne pour mieux confondre son mari et le ramener à elle « Attends… Au lieu d’un autre, ou de toi, si j’y allais moi-même ? […] Il n’y aurait personne d’exposé… Le Comte alors ne pourrait nier…Avoir puni sa jalousie et lui prouvait son infidélité ! ». Beaumarchais nous livre cette fois-ci, un portrait très subtil de la femme. La Comtesse est l’image ambiguë d’une épouse délaissée par son mari, victime de la société qui livre les femmes au pouvoir masculin, et d’une femme vertueuse tiraillée par ses propres tentations.
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