La Matiere Et Le Vivant
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3. La matière est-elle ce qui n'a pas de conscience ?
Pour Hegel, la distinction entre la matière et l'esprit rejoint la distinction entre être conscient de soi et être non conscient de soi : en ce sens, l'esprit désigne tout ce qui porte la marque de l'homme (un produit du travail humain, ou une œuvre d'art) et la matière, tout ce qui est étranger à l'homme et n'est qu'un support possible pour ses activités : les choses de la nature, dans la mesure où elles existent indépendamment de toute intervention humaine et n'ont pas encore été transformées, sont matière. La matière est donc ce qui n'a pas de conscience et ce dont l'esprit a conscience.
4. Matière et esprit s'excluent-ils nécessairement ?
Telle est la position de Descartes, qui pose d'emblée l'existence de deux substances distinctes : « la substance pensante » et « la substance étendue », la première caractérisant l'homme en tant qu'il pense et se pense, et la seconde caractérisant la matière corporelle, pure étendue géométrique. Pourtant, cette distinction pose problème : comment penser en effet l'union étroite de « la substance pensante » et de « la substance étendue » que tout oppose, c'est-à-dire l'union de l'âme et du corps dans l'être humain ? Si cette union va de soi dans la vie courante (je veux mouvoir ma main, et je la meus) comment l'expliquer sur le plan métaphysique ? Descartes pose l'existence « d'esprits animaux », sortes d'influx nerveux assurant la communication entre l'esprit et le corps ; Spinoza, mais aussi Leibniz et Bergson, montreront que cette solution n'est pas satisfaisante.
Le vivant peut être défini comme le règne des êtres qui possèdent les caractéristiques de la vie. Mais qu’est-ce que la vie ? De manière sommaire, on dira que c’est l’ensemble des fonctions d’un corps et des phénomènes qui s’y déroulent depuis la naissance jusqu’à la mort. Cependant, comment rendre compte de la diversité des organismes vivants ? Comment expliquer l’évolution des espèces ? Quelles sont les critères de distinction des être vivants et des choses inanimées ? Ces questions exigent de nous que nous pénétrions plus en avant dans les sciences du vivant. Nous pensons bien évidemment en premier lieu à la biologie, mais il est indispensable de ne pas oublier que cette discipline est récente ; on peut en effet en situer la date de naissance à la fin du 18ème siècle. Avant elle, se sont succédées de multiples conceptions du vivant : finaliste, mécaniste et vitaliste. Ces conceptions, que certains jugeront peut-être ascientifiques, n’en demeurent pas moins sources de riches enseignements. Il est cependant exact d’affirmer que c’est à partir du 18ème siècle que le concept de vie va jouer un rôle essentiel dans l’ordre du savoir, en dépassant le strict cadre des sciences naturelles ; se développent alors ce qu’on a appelé les philosophies de la vie, dans lesquelles la vie se donne comme fondement de l’expérience et de la connaissance, ébranlant les anciennes catégories philosophiques.
« Il faut donc nécessairement que l’âme soit substance comme forme d’un corps naturel qui a potentiellement la vie. Or, cette substance est réalisation. Donc, elle est la réalisation d’un tel corps. (…) Et si l’on a besoin d’une formule qui s’applique en commun à toute âme, ce sera : la réalisation première d’un corps naturel pourvu d’organes. » Aristote, De l’âme.
Aristote a consacré une part très importante de son œuvre à la connaissance du vivant, compilant les multiples observations relatives aux différents animaux et établissant un système de classification des espèces qui demeure d’usage jusqu’au 18ème siècle. C’est dans De l’âme qu’il rend compte de la nature du vivant. En effet, selon lui, tout vivant possède une âme (anima) qui anime le corps. L’âme est la forme de cette matière qu’est le corps. En un sens, a lieu quelque chose d’équivalent à ce qui se passe dans le travail du sculpteur imposant une forme à la pierre dans la production d’une statue. Cependant, dans le cas de l’être vivant, la puissance de production et d’organisation est interne : l’organisme vivant se développe, croît de lui-même. Aristote distingue cependant plusieurs âmes au sein des vivants. Il y a tout d’abord l’âme végétative qui rend possible la génération, l’alimentation et la croissance ; vient ensuite l’âme sensitive, condition de la sensation et du mouvement (en quoi elle est aussi âme locomotrice) ; enfin, l’âme intellective qui préside à la pensée. Les plantes ne possèdent que l’âme végétative ; les animaux possèdent cette dernière ainsi que l’âme sensitive ; l’homme enfin possède les deux précédentes ainsi que l’âme intellective.
Aristote défend une conception finaliste des phénomènes du vivant. S’opposant à Empédocle, il nie toute présence du hasard dans l’ordre naturel. Selon lui, aux origines de la vie animale, une multiplicité d’organismes distincts dans leur forme seraient nées, certaines disparaissant presque immédiatement, les autres survivant jusqu’à nos jours (du moins ceux d’Aristote). Cette perpétuation des espèces ainsi que le fait que les animaux engendrent toujours des animaux de la même espèce suffit à démontrer que la nature obéit à un plan, celui-ci permettant notamment d’expliquer la hiérarchie des êtres en fonction de leur degré de complexité, l’homme occupant le sommet de cette hiérarchie. Nous allons voir dans quelques instants que cette conception sera profondément critiquée à l’âge classique mais il faut tout de même noter que des défenses du finalisme se développeront également, notamment chez Leibniz et Malebranche notamment, à partir d’arguments fondés sur la création du monde par Dieu.
Introduction
Parler du vivant oblige à rechercher les caractéristiques communes à tous les êtres vivants, de la plante à l'homme en passant par l'animal. Le langage, qui conduit à parler de "vivant" dans les trois cas, fait signe en direction du concept de "vie". Se pose dès lors la question de savoir ce qu'est un organisme vivant, ce qui le différencie d'un ensemble de processus purement physiques.
Pour rendre compte de l'ensemble des processus vitaux, trois modèles s'offrent à nous :
- le modèle vitaliste, qui fait appel à une force irréductible aux seules forces physico-chimiques et aux processus auxquels elles donnent lieu ;
- le modèle mécaniste, qui réduit le vivant à ses conditions physico-chimiques de vie ;
- le modèle organiciste qui reconnaît la spécificité des phénomènes vitaux et explique les organismes vivants par la capacité à s'organiser eux-mêmes.
La connaissance du vivant, et en particulier des modalités selon lesquelles il organise ses processus vitaux, conduit à intervenir sur eux. Se pose alors la question de savoir jusqu'où il est, non seulement possible, mais aussi souhaitable de le faire.
I. Définition du vivant
La première question qui se pose, à qui veut définir le vivant , est de savoir quelles en sont les caractéristiques. Vient ensuite la question de savoir quelles en sont les formes.
1. Les caractéristiques du vivant
Si je veux connaître les caractéristiques du vivant, il me faut observer les êtres vivants et en repérer les traits communs.
Un être vivant est un être
- qui est fait être par d'autres êtres, qui lui sont semblables, et qui en fait être d'autres, qui lui sont aussi semblables; Il est engendré et il engendre.
=> 1ère caractéristique : la reproduction. La vie est quelque chose qui se transmet.
- qui développe son être, se génère et se régénère sur la base des données (formelles, appelées aujourd'hui génétiques) qu'il trouve dans son milieu interne (patrimoine) et à l'aide des matériaux énergétiques et des composantes moléculaires qu'il puise dans son milieu externe.
Si l'on distingue dans le maintien en forme (en vie), qui est affaire d'auto-organisation (Cf. Kant, Critique du jugement ) et d'adaptation, la fonction d'assimilation (prélèvement, stockage et transformation -consommation et élimination - d'éléments prélevés sur le milieu externe) de la fonction de lutte contre les maladies et les accidents (cicatrisation, compensations fonctionnelles) il est possible de distinguer deux nouvelles caractéristiques : la nutrition et l'auto-réparation. On retrouve ces caractéristiques chez tous les être vivants, de l'unicellulaire le plus élémentaire au pluricellulaire le plus complexe, ou, pour reprendre un classification traditionnelle, du végétal à l'animal et à l'homme.
N.B. Comparaison avec Aristote et Descartes, et de ces philosophes entre eux.
- Aristote: Caractéristiques du vivant, selon lui
1. équilibre entre le chaud et l'humide
2.
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