La Religion Grecque Au Ve
Dissertations Gratuits : La Religion Grecque Au Ve. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresion d’interdit.
- la pureté, renvoyant à la notion de souillure (miasma) dont il faut se libérer par le khatarmos (purification), dépend du contexte: le sang, consécration sur l’autel devient souillure sur le sol.
- la piété se manifeste par la participation (physique et économique) aux cultes et cérémonies religieuses. Mais la religion grecque ne dépend pas d’une Eglise ou de dogmes (il n’y a ni l’un ni l’autre chez les grecs), ainsi l’incroyance est généralement tolérée tant qu’elle ne se traduit pas par l’impiété (asébéia), c’est à dire l’absence de respect envers les croyances communes (profanation, introduction de Dieux non-officiels…). L’opinion de certains individus mettant en doute l’existence des Dieux peut les mener à la condamnation capitale (ce fut le cas de Socrate): en effet, la cité les considèrent comme une menace envers son unité, puisque celle-ci est en partie basée sur la religion.
3) La religion grecque n’a pas de grand texte fondateur mais on en retrouve les traces dans de nombreux ouvrages (L’Iliade et l’Odyssée d’Homère, La Théogonie et Les Travaux et les Jours d’Hésiode, les tragédies d’Eschyle, Sophocle et Euripide, etc.…)
PARTIE I: Les pratiques cultuelles
I) Les rites, les acteurs et les lieux:
1) Les rituels
C’est l’observance des rites qui permet la cohésion de la communauté. La religion renvoie à la structure même de la société humaine. « Le religieux est intimement mêlé à tous les moments et à toutes les étapes de la vie du citoyen ». On le retrouve ainsi à travers de nombreux rites.
1 - Le sacrifice est au centre de la plupart des rituels, et la plupart du temps il s’agit d’un sacrifice sanglant. Ce dernier consiste en l’égorgement rituel d’un ou plusieurs animal/aux dit(s) « domestique(s) » (qui varie(nt) en fonction de l’importance du rituel). Il peut avoir lieu à diverses occasions (mariage…), que ce soit chez le particulier ou dans un sanctuaire. Une partie, destinée aux Dieux, est incinérée, le reste est consommé par les participants.
2 - Le grand sacrifice civique, plus solennel, est un sacrifice public donnant lieu à de grandes fêtes (comme les Panathénées à Athènes). La victime y est partagée entre les participants dont, d’après M. Detienne « l’ensemble constitue cette communauté sacrificielle qui définit la cité ». Au cours de ce rituel, la victime, après procession, est consacrée (prière et libations), égorgée, puis répartie entre les participants (par morceaux de poids égal qui évoquent l’isonomia, à savoir l’égalité des droits des citoyens). Comme pour n’importe quel sacrifice, une part revient aux Dieux.
3 - Il existe d’autres variantes de sacrifices: l’holocauste, où l’animal est entièrement brûlé pour les Dieux, ou à l’inverse des sacrifices non sanglants, très courants, où l’on offre des aliments tels que du pain, des fruits… Il y a également de simples dépôts d’offrandes.
4 - Les pratiques sacrificielles des sectes, qui par la contestation du sacrifice sanglant se démarquent de la société, montrent l’importance de ce rituel dans la définition de la cité.
Ainsi, les orphiques et les pythagoriciens refusent de consommer de la nourriture carnée (bien que certains pythagoriciens s’accommodent des victimes les plus communes). A l’inverse l’omophagie, qu’on trouve chez les fidèles de Dionysos, consiste en la consommation de viande crue chassée comme un gibier.
5 - Les libations, introductions aux sacrifices sanglants, peuvent aussi être autonomes et évoquent les rites de la vie quotidienne. Elles sont aussi utilisées pour sceller les alliances. Les libations sont généralement constituées de vin et d’eau. Comme pour les sacrifices, une part est offerte aux Dieux et le reste est consommée. Cependant, il peut ne pas y avoir consommation, de même que les libations peuvent être totalement consacrées.
6 - La prière, généralement associée aux libations, introduit le grand sacrifice et est aussi prononcée à l’Assemblée avant le discours des orateurs. Mais elle a aussi sa place dans la vie quotidienne, ce qui fera écrire à Hésiode, dans Travaux, que « pour l’homme pieux, une première libation, accompagnée d’une première prière ouvre chaque journée ».
Ainsi l’on constate que les rites font partie intégrante de la vie grecque et que leur forte valeur symbolique se fait représentative de la vie citoyenne.
2) Le personnel religieux
Sans Eglise, la pratique de la religion grecque peut se passer d’intermédiaire. « Il n’y a pas de dépositaire exclusif d’un savoir qui permettrait seul de communiquer avec les Dieux ». Néanmoins, le fonctionnement des sanctuaires et des célébrations religieuses exigent un personnel particulier.
1 - Les charges religieuses déléguées par la cité appartient en vérité au démos, qui exerce son autorité religieuse à travers l’élection de plusieurs personnels et magistrats: les hériopes, élus par la Boulè au nombre de 10, ont la charge des grandes fêtes (à l’exception des Grandes Panathénées); les épimélètes organisent et financent des fêtes particulières; les épistates qui apparaissent plus tard (seconde moitié du 5° siècle) assurent le contrôle financier des cultes; l’archonte-roi détient le principal des fonctions religieuses, il dirige les sacrifices les plus anciens et juge les affaires religieuses; l’archonte-éponyme se charge des fêtes plus récentes (Grandes Dionysies, Thargélies…); le polémarque s’occupe de certains sacrifices (notamment funèbres) et veille aux Jeux funéraires, à la fête commémorative de Marathon.
Mais les oracles jouent également un rôle essentiel, or l’Etat choisit des théores chargés d’interpréter leurs paroles, conduits par l’archithéore. En raison de leur rang important, l’Etat finit par se méfier d’eux.
2 - Les prêtres ont un statut proche de celui des magistrats. Comme eux ils sont généralement élus annuellement par un tirage au sort auquel tout citoyen peut participer (à condition d’être exempt de tare physique), bien que certains prêtres soient choisis dans les rangs d‘une famille particulière. Il est important de noter que des femmes peuvent également occuper la position de prêtresse. Très respectés, ils sont les gardiens des lois sacrés mais c’est néanmoins le démos qui légifère par l’intermédiaire de la Boulè. Leur rôle est d’assister et de procéder aux sacrifices (même s’ils peuvent laisser cette tâche aux sacrificateurs, c‘est d‘ailleurs une obligation pour les prêtresses), de diriger les cérémonies cultuelles mais également de s’occuper de l’entretien, de l’administration et de la gestion des finances du sanctuaire auquel ils sont attachés. Une part des bêtes sacrifiées leur revient de droit, mais leurs revenus (qui dépendent du sanctuaire qu’ils desservent) semblent dans l’ensemble assez modestes. Ils ont en revanche droit aux honneurs publics et peuvent être mariés (l’obligation de chasteté ne vaut qu’en période de fête religieuse) et vivre en-dehors du sanctuaire.
3 - Les exégètes sont les interprètes des lois sacrées qui apparaissent au Ve siècle. Spécialistes de leur domaine, ils ne sont pas soumis au vote, de même que les chresmologues et devins qui interprètent les prophéties et les oracles. Consultés par les particuliers comme par les cités, l’importance de la religion dans la Grèce antique leur a donné le pouvoir d’influer sur la vie politique.
3) Les lieux de culte
1 - Les sanctuaires ne sont pas nécessairement des espaces construits. La seule condition pour qu’un emplacement soit un lieu de culte, c’est qu’il soit reconnu comme tel par les grecs (par exemple en raison de sa beauté ou d’un supposé signe des Dieux). Il est alors délimité et considéré téménos (coupé, sous-entendu de la terre non-sacrée), et il est dès lors interdit d’y accoucher, d’y faire l’amour et d’y tuer, sous peine de déclencher un fléau. Ainsi, le sanctuaire est un lieu inviolable qui peut tenir lieu de refuge. On trouve les bâtiments civiques en-dehors du téménos, toutefois plusieurs constructions peuvent s’y développer jusqu’à former de petites villes, et on y trouve le bômos (autel), matérialisé ou non, qui constitue le lieu du sacrifice. A noter que les sanctuaires peuvent être destinés à une ou plusieurs divinité(s). On trouve des sanctuaires partout, et il semble qu’ils organisent l’espace de la cité.
2 - Le temple, ou naos, bien que spectaculaire, n’est pas considéré comme indispensable au culte puisqu’en général les cérémonies se déroulent dans le sanctuaire. En vérité, il est la plupart du temps fermé car il a avant tout pour fonction de protéger les statues des Dieux. On y trouve également les trésors (offrandes faites aux Dieux) et la fontaine nécessaire à l’absolution, ainsi que divers bâtiments fonctionnels. Il est généralement de forme rectangulaire mais il en existe des circulaires, les tholos, qui en plus de leur fonction religieuse peuvent être des lieux d’assemblée. A l’extérieur du temple se développent souvent des commerces, des marchés s’y tiennent en période de fêtes.
3 - Les images des Dieux sont chargées d’une forte symbolique, soulignée par leur anthropomorphisme.
...