Le Salut, Une Épopée ?
Compte Rendu : Le Salut, Une Épopée ?. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoirese mémorialiste peint un évènement véritablement étonnant dans ses proportions. Jamais l'histoire n'avait connu si grand conflit. A titre de comparaison, le dimanche 27 Juillet 1214, lors de la Bataille de Bouvines opposant les troupes royales de Philippe Auguste aux forces anglo-germano-flamande conduites par Otton IV, quinze mille chevaliers et autres combattants étaient engagés. En l'occurrence, le général de Gaulle décrit plusieurs centaines de milliers de combattants (p. 163, 175). La dernière offensive des Alliés contre la Wehrmacht (p. 188-189) est vue comme « colossale » et « grandiose » (p. 187). Outre les forces humaines sont impliquées des forces matérielles. Ainsi trouve-t-on des avions à réaction, « les premiers dans le monde », aux mains de l'Allemagne (p. 175), mais également des bombes atomiques à mettre au crédit des Etats-Unis et qu'ils ont déposées sur Hiroshima et Nagasaki (p. 271). C'est dire si cet évènement guerrier constitue un déploiement inédit de forces souvent nouvelles.
C) La recomposition d'un monde bousculé par la guerre
A l'image du Congrès de Vienne en 1815 qui vit se redessiner la carte du monde à l'issue des expéditions de Napoléon Ier à travers l'Europe, le conflit mondial que relate Le Salut redessine également le monde. Les conférences de Yalta (p. 106) et de Potsdam (p. 245-246) assurent la séparation Est/Ouest de l'Europe. Puis c'est le Japon qui s'écroule (p. 271), les anciennes composantes de l'Indochine qui s'effritent (p. 273-276), la Syrie et le Liban qui accèdent à l'indépendance (p. 221-230). Bref, le paysage politique est transformé en particulier dans ses régimes et dans ses frontières (p. 79-80).
En définitive, Le Salut met en lumière un conflit impliquant des forces immenses. Mais il met de la même manière en avant un conflit de valeurs et de principes.
II] L'évocation d'un conflit mettant en jeu des valeurs
Alors que l'homme est éprouvé par un conflit rappelant ses contrariétés naturelles (A), des perspectives nouvelles se dessinent pour l'humanité (B). En France, c'est toute une nation qui s'est unifiée face à un ennemi commun (C).
A) Les contrariétés d'un homme marqué par le péché originel
Dans ses Pensées, Blaise Pascal rappelle combien l'homme est fait de contrariétés. Ainsi s'exclame-t-il en parlant de l'homme: « Qu'il s'aime, car il y a en lui une nature capable de bien, mais qu'il n'aime pas pour cela les bassesses qui y sont ». Justement, la guerre décrite par le mémorialiste oppose le bien et le mal et rappelle cette dualité de la « condition humaine » (p. 115). D'un côté, Mussolini et Hitler mènent une entreprise plaçant en captivité la liberté et instaurant la dictature. Cette entreprise, est « surhumaine, inhumaine » et mène « tout droit à l'oppression et [...] au crime » (p. 209). De l'autre, la lutte s'organise face à cette entreprise diabolique. Aussi, l'enjeu est également moral.
B) L'organisation nécessaire d'un monde plus juste
L'idée de justice reparait lorsque le monde vit un tournant. Le juste, c'est la bonne mesure, l'équilibre. A ce titre, le monde qui est à reconstruire impose plus de justice, un meilleur équilibre. Pour ce faire, De Gaulle décrit avec une teinte de merveilleux ce monde à venir. On ne tombe certes pas dans un conte de fées mais l'épopée suppose sa petite touche de merveilleux comme on le constate chez Homère. Le général de Gaulle évoque ainsi le « jour » où sera effective « l'association » de « tous les peuples d'Europe » (p. 265) et où le Rhin aura un rôle civilisateur (p. 264). Quant à Roosevelt, il prophétise « le progrès du genre humain » ainsi que la « démocratie internationale » que l'ONU favorisera (p. 239). Ces visions souvent utopiques ne vont pas sans rappeler le merveilleux médiéval et vont de pair avec l'espérance que suscite l'issue du conflit mondial.
C) Le rassemblement des Français autour de valeurs communes
S'il est un chant qui retentit dans les églises de France aux lendemains des défaites ou des temps de guerre, c'est bien « Ô Marie, ô mère chérie » duquel un cri à la Patrie surgit et clame : « Catholiques et Français toujours ». Le Salut rappelle ce renouveau national lorsqu'est évoquée la Marseillaise entonnée à l'Assemblée nationale (p. 289) puis à Dunkerque (p. 305). De Gaulle est le ferment de cette cohésion: lorsqu'il se déplace, « l'enthousiasme » est manifeste (p. 27, 183, 259). Enfin, cet amour de la France se retrouve dans le Te Deum saluant la victoire et où de Gaulle affirme être « envahi par les mêmes sentiments qui avaient exalté nos pères chaque fois que la gloire couronnait la patrie » (p. 301).
Ce faisant, l'homme est au centre de l'échiquier lors de ce conflit. Ce sont ses passions qui s'exacerbent, reflétant toutes les particularités de la condition humaine. Une écriture épique relate ce conflit dans ses perspectives matérielle et humaine.
III] La plume épique du mémorialiste
Le Salut est imprégné par le registre du sublime (A) et donne à voir au lecteur des images imposantes (B). Le général de Gaulle, ainsi que certains autres personnages, sont élevés au-dessus du commun des mortels (C).
A) Une réalité magnifiée
L'épopée ne va pas sans la magnificence. Il s'agit d'exalter une réalité qui dès lors prend des dimensions grandioses. Le Salut use de façon récurrence des champs lexicaux du prestige et de l'élan conquérant : « La route de la grandeur est libre ! » (p. 279), « L'honneur et l'intérêt de notre pays sont en cause » (p. 236), n'hésite pas à affirmer le chef de l'Etat. Selon lui, c'est « une carrière ouverte » sur le monde (p. 266), un « souffle venu des sommets » (p. 342) qui se font jour. Puis, à ces champs lexicaux s'ajoutent des questions oratoires : « Comment garder l'indépendance
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