Le dernier jour d'un condamné / Victor Hugo
Dissertation : Le dernier jour d'un condamné / Victor Hugo. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar IM05 • 9 Janvier 2022 • Dissertation • 2 111 Mots (9 Pages) • 6 624 Vues
Dissertation Le dernier jour d’un condamné
Comme le disait Emile Zola, « Les gouvernements suspectent la littérature parce qu’elle est une force qu’il leur échappe. » Cette citation nous montre que l’écrivain à un réel pourvoir. Son rôle est de dénoncer à travers une analyse et une critique de la société les inégalités et l’injustice. Avec son oeuvre Le Dernier Jour d’un condamné, Victor Hugo nous propose lui aussi une analyse de la société à travers le récit du dernier jour d’un condamné à mort. Dans la préface de 1832, il déclare que Le Dernier Jour d’un condamné « n’est autre chose qu’un plaidoyer, direct ou indirect, comme on voudra, pour l’abolition de la peine de mort. ». Cette oeuvre est dans son intégralité une argumentation contre la peine de mort. Cependant, l’auteur nous pousse à s’interroger sur la forme de ce plaidoyer.
C’est ainsi que l’on peut se demander dans quelles mesures Le Dernier Jour d’un condamné est un plaidoyer direct ou indirect contre la peine de mort ?
Nous allons dans un premier temps nous demander en quoi ce récit est un plaidoyer indirect contre la peine de mort. Cependant, certains passages indépendants peuvent nous faire penser à un discours, et donc un plaidoyer direct.
Victor Hugo nous propose une argumentation implicite pour défendre sa thèse : « La peine de mort est immorale, c’est une barbarie dont est indigne une société qui se dit civilisée » il fait le choix d’utiliser la fiction et ses outils pour développer une argumentation indirecte afin de toucher le lecteur. Il ne cherche pas à faire passer explicitement un message, mais à faire vivre une expérience qui est la condamnation à mort. Pour cela, il jette le lecteur immédiatement dans les pensées d’un condamné à mort : « Mon dieu, l’horrible idée ! Développer, creuser, analyser, l’une après l’autre et sans en passer une seule, toutes les souffrances physiques, toutes les tortures morales que doit éprouver un homme condamné à mort, le jour de l’exécution ! Cela n’est-il pas atroce ? » Et il l’oblige à vivre les dernières heures, minutes par minutes l’agonie du condamné.
L’objectif de l’auteur était d’apporter une certaine réalité à son oeuvre. Le livre est présenté en 1829 de manière anonyme. Il se compose uniquement d’une petite préface, et du récit d’un condamné à mort. C’est un personnage mystérieux sur lequel nous ne savons pas grand-chose. Il n’a pas de nom, on sait uniquement de lui qu’il est jeune, éduquer, marié et qu’il a une petite fille : « Je laisse une mère, je laisse une femme, je laisse un enfant. Une petite fille de 3 ans » C’est un homme quelconque, ce qui permet une identification plus facile au lecteur : « Autrefois, car il me semble plutôt des années que des semaines, j’étais un homme comme un autre. » De plus, le récit est à la première personne. Il y a donc une focalisation interne qui accentue le réalisme de cette oeuvre. On voit que l’objectif de Victor
Hugo est rendre ce roman plus réel et pousser le lecteur à vivre et ressentir les souffrances du condamné, et il y arrive parfaitement : « On n’a pas le droit de faire éprouver a son lecteur des souffrances physiques. Quand je vois des tragédies on se tue, eh bien ! Cela ne me fait rien. Mais ce roman, il vous fait dresser les cheveux sur la tête, il vous fait venir la chair de poule, il vous donne de mauvais rêves. J’ai été deux jours au lit pour l’avoir lu.»
Le réalisme de ce roman et la focalisation interne permettent à l’auteur de dénoncer l’injuste et l’inhumanité de la justice et cela à travers le regard du condamné qui est victime du système qui le considère déjà comme mort. A travers les yeux du condamné, on découvre une justice qui déshumanise l’être humain notamment à travers une administration lourde dans laquelle l’homme n’a plus sa place, « Trois jours de délai après l’arrêt prononcé pour le pourvoi en cassation. Huit jours d’oubli au parquet de la cour d’assises, après quoi les pièces, comme ils disent, sont envoyées au ministre. Quinze jours d’attente chez le ministre, qui ne savent seulement pas qu’elles existent, et qui cependant est supposé les transmettre, après examen, à la cour de cassation. Là, classement, numérotage, enregistrement ; car la guillotine est encombrée, et chacun ne doit passer qu’à son tour. Quinze jours pour veiller à ce qu’il ne vous soit pas fait de passe-droit. Enfin la cour s’assemble, d’ordinaire un jeudi, rejette vingt pourvois en masse, et renvoie le tout au ministre, qui renvoie au procureur général, qui renvoie au bourreau. » La justice est présentée comme une machine, les chiffres sont importants car tout est questions de temps de travail et de chiffre. Tout cela fait que les prisonniers sont traités comme des objets : « On m’a conduit au cabinet du directeur entre les mains duquel l’huissier m’a remis. C’était un échange. Le directeur l’a prié d’attendre un instant, lui annonçant qu’il allait avoir du gibier à lui remettre, afin qu’il le conduisit sur-le-champ a Bicêtre par le retour de la carriole. Sans doute le condamné d' aujourd’hui, celui qui doit coucher ce soir sur la botte de paille que je n’ai pas eu le temps d’user. – c’est bon, a dit l’huissier au directeur, je vais attendre un moment ; nous ferons les deux procès-verbaux à la fois, cela s’arrange bien. » Ainsi, un condamné en remplace un autre. Le prisonnier entend l’huissier dire qu’il va procéder à un échange pour ne pas perdre de temps et cela sans se préoccuper de la torture infligé aux condamnés.
Par le biais de la fiction, Victor Hugo réfute un à un les arguments des partisans de la peine de mort. Tout d’abord, Hugo nous démontre que la peine de mort n’est pas du tout dissuasive. « C’était l’autre condamné, le condamné du jour, celui qu’on attendait à Bicêtre, mon héritier. » ici, l’exemple du Friauche illustre bien qu’elle n’est pas du tout dissuasive car un condamné en remplace un autre .De plus elle déshumanise l’être humain car la mort est donnée en spectacle. « Je distinguais deux jeunes filles qui me suivaient avec des yeux avides. – Bon, dit la plus jeune en battant des mains, ce sera dans six semaines ! » L’homme est habitué au mal, il peut donc le commettre plus facilement. Enfin, la société « ne doit pas punir pour se venger, elle doit corriger pour améliorer. » Hugo réfute ce dernier argument encore une fois avec l’exemple du friauche. Lorsqu’il nous raconte son histoire on apprend que c’est un orphelin qui mendiait sur les routes et volait pour se nourrir, il a fini en prison puis au bagne : « je suis fils d’un bon peigre; c’est dommage que Charlot ait pris la peine de lui attacher sa cravate […] A six ans, je n’avais plus ni père, ni mère […] A neuf ans, j’ai commencé à me servir de mes louches [...] Puis, j’ai fait des connaissances a dix-sept ans, j’étais un grinche […] On m’a pris. J’avais l’âge, on m’a envoyé ramer dans la petite marine. ». L’auteur nous montre que la société est source d’injustice et qu’elle créée elle-même ces criminels. On a l’histoire d’un orphelin dont le père a été tué qui a du commettre des crimes pour survivre. Et cela est aussi dénoncé lorsque le condamné s’interroge sur le sort de sa mère, sa femme et sa fille après sa mort « Ainsi, après ma mort, trois femmes, sans fils, sans
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