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Les Faux-Monnayeurs, André Gide

Commentaire de texte : Les Faux-Monnayeurs, André Gide. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  10 Novembre 2018  •  Commentaire de texte  •  1 534 Mots (7 Pages)  •  1 091 Vues

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pages 126/127

L'extrait est issue du roman d'André Gide Les Faux-Monnayeurs et se situe à la fin du chapitre 12, première partie. Ce chapitre commence avec le journal d’Édouard, écrivain, et se termine par la réaction de Bernard. Ce dernier ne connait pas personnellement Édouard, sinon par l'intermédiaire de son ami Olivier, qui se trouve être le neveu de l'écrivain. Par la suite, Bernard entre en possession de sa valise après les avoir tous les deux suivis. S'étant emparé du journal il découvre des éléments sur l'intrigue entre Vincent et Laura, ainsi que les réflexions d'Édouard à propos de l'écriture de son roman. Nous nous demanderons comment la mise en abyme dans cet extrait sert l'apprentissage de Bernard et celui du lecteur. Dans une première partie, nous envisagerons les caractéristiques de la mise en abyme. Puis nous étudierons les réflexions de l'auteur à travers son double romanesque ainsi que les différents destinataires. Enfin, nous observerons les liens que l'auteur fait entre les différents thèmes de son roman.

Tout au long du roman des Faux-Monnayeurs et notamment dans cet extrait, la narration mêle plusieurs intrigues avec des passages du journal d'Édouard, écrivain qui travaille à l'élaboration d'un roman . Ces passages sont des passages clefs, car ils viennent éclairer l'intrigue, mais aussi parce qu'ils font partie de la mise en abyme élaborée par Gide. En effet, on peut ici parler de méta-roman, car l'auteur met en scène dans son roman les Faux-Monnayeurs, un autre romancier qui travaille lui-même a l'écriture d'un roman portant le même nom. Tout comme André Gide, Édouard tient un journal dans lequel il déploie ses réflexions sur le sujet de son roman et sur sa vie en général. De ce fait, Édouard est interprété par l'auteur lui-même comme son double romanesque. Nous sommes alors amenés à lire par-dessus l'épaule d'un personnage ( ici Bernard) les réflexions de Gide sur la construction du roman que nous sommes en train de lire. Ce procédé de mise en abyme peut être déconcertant pour les lecteurs et représente à l'époque une grande modernité. Par ailleurs, si l'on retrouve cet effet de trompe l'œil en peinture, comme au théâtre, il est peu présent dans le genre romanesque, qui à l'époque connaît une grande tendance réaliste. En effet, c'est Gide qui invente l'expression mise en abyme pour la littérature «  J'aime assez qu'en une œuvre d'art, on retrouve ainsi transposé à l'échelle des personnages le sujet même de cette œuvre par comparaison avec ce procédé du Blason qui consiste dans le premier, à mettre le second en abyme. » Par là, l'auteur souligne le fait que ses réflexions sont accessibles par la vision des personnages, et qu'elles font donc partie intégrante de l'œuvre puisqu'elle est son propre sujet : l'écriture d'un roman, le travail du romancier. De ce fait, les lecteurs et les personnages sont intimement liées par cette mise en abime, ce qui plonge le lecteur dans l'œuvre, il est alors un lecteur attentif et actif.

Par ailleurs, l'auteur délivre ses réflexions à travers son double romanesque, vers plusieurs destinataires. En effet, l'extrait s'ouvre sur le journal d'Édouard, avec des réflexions sur la famille et la place d'un enfant illégitime. S'ensuit une réflexion sur les personnages de son roman et sur la réalité. Ainsi, Édouard explique qu'il n'invente pas ses personnages de toutes pièces, mais s'inspire de « modèles » que lui offre la société. L'auteur élabore une véritable argumentation, par la comparaison du rapport de l'écrivain avec ses personnages et du peintre avec son modèle à qui il fait prendre certains aspects, mais qui fait toujours partie du réel. En effet, la réalité est matière de sa fiction, et l'auteur, «  sous la dictée » de ses personnages exploite les possibilités qu'ils lui offre. Cette démarche fait du personnage une sorte d'expérience dans une reproduction proche du réel par leur diversité et leur capacité de changement. Par ailleurs, le style de Gide est marqué par l'argumentation. La première phrase, «  je n'ai jamais rien pu inventer » prend la forme d'une thèse, qu'il s'applique à étayer par la suite à l'aide de comparaisons, d'arguments, et d'exemples afin que le lecteur soit convaincu.

Dans le paragraphe suivant, le lecteur est désarçonné par le changement de point de vue d'Édouard qui affirme que dans sa réflexion de la veille « rien n'est vrai » . Là encore il explique sa pensée par une comparaison, la réalité est matière, et ce sont les possibilités et transformations de cette matière sur lesquelles il aime travailler. De plus, il déplore que la réalité soit limitée par des meurs réducteurs et tend alors ses personnages vers une réflexion grâce notamment au journal, et aux situations qu'ils traversent. Le lecteur étant actif et impliqué dans le cheminement des personnages par la mise en abyme est amené à suivre la réflexion

Par ailleurs, cet extrait présente des caractéristiques particulières de l'écriture de Gide par le chevauchement de plusieurs parole/voix narratives. En effet, nous basculons de la lecture du journal ( découpée en plusieurs parties) aux réflexions de Bernard, pour enfin lire les remarques du narrateur. Cependant, ces cassures dans la continuité du récit tissent un réseau de liens dans le roman. En effet,cet extrait est particulièrement représentatif des différents liens entre les réflexions proposées et les thèmes du roman. Premièrement,

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