Les obsèques de la Lionne
Commentaire de texte : Les obsèques de la Lionne. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et MémoiresPar kakine • 22 Février 2020 • Commentaire de texte • 1 852 Mots (8 Pages) • 1 019 Vues
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La Fontaine, « Les Obsèques de la Lionne »
Fable inspirée d’un auteur italien du XVe siècle, Astémius
Pbmatique : comment cette fable dresse-t-elle une satire de la Cour et du Monarque ?
- La mort de la Lionne (vers 1 à 16)
- Véritable empressement de la part du peuple pour se rendre aux obsèques de la Lionne, qui est d’ailleurs désignée par la périphrase « La femme du Lion » (v. 1), rappelant ainsi son statut. Les termes « aussitôt » et « accourut » qui encadrent le vers 2 montre cet empressement, qui relève de l’obligation comme le suggère le verbe « s’acquitter » (v.3), qui suppose une véritable obligation ; il s’agit d’un véritable empressement servile.
- Roi qui organise absolument tout. Il n’est pas vraiment nommé, mais cela apparaît comme une évidence que c’est lui qui fixe l’ensemble de la cérémonie : « un tel jour, en tel lieu » avec parallélisme de construction qui montre son autorité + vb « régler » et « pour placer » : on comprend que le peuple n’aura aucune liberté lors de cette cérémonie. Présence de « prévots » confirme cela + impératif « jugez ».
- Organisation qui tend à rendre théâtrale cette cérémonie à la fois de la part du lion, mais aussi de la part du peuple. Rime entre « s’abandonna » et « résonna » sous-entendent une certaine exagération, car cette attitude, même en pareilles circonstances, n’est pas digne d’un roi. (on notera l’ironie avec « antre » qui désigne le palais du roi et qui est associé au mot « temple »). Le peuple tombe aussi dans cet excès puisqu’il suit le roi « à son exemple » allant jusqu’à « rugir », même s’ils ne sont pas tous lions. Excès du peuple annoncé au vers 5 par « surcroît d’affliction ». on peut noter le terme « Courtisans » en fin de vers 14 afin de mettre en valeur « rugir » qui prouve imitation sans faille du peuple.
La suite de la fable amène une certaine satire de ces courtisans.
- Les courtisans (vers 17 à 23)
- Changement d’énonciation à partir du vers 17 avec utilisation de la 1ère personne et passage au présent. Satire et jugement de la part de l’auteur : désigne le peuple par le terme « gens », terme banal, qui indique une forme de mépris à l’égard de ces courtisans ; d’ailleurs ces deux mots riment ensemble. Volonté de généraliser le propos avec le présent, mais aussi le terme « je définis ».
- Véritable critique de la part du fabuliste qui montre leur soumission au roi : « sont ce qu’il plaît au Prince, ou s’ils ne peuvent l’être, / Tâchant au moins de le paraître ». Mise en avant de leur servilité ; ils se plient à ce que veut le roi comme le suggère l’antithèse « tristes, gais ». Ils peuvent passer d’un sentiment extrême à un autre, mais sans aucun sentiment réel comme l’exprime le chiasme « prêts à tout, à tout indifférents » qui prouve cette soumission ; il n’y aucun sentiment profond, ce que rend bien l’antithèse entre « être » et « paraître » qui riment pour mieux les opposer. Idée renforcée par le parallélisme « Peuple caméléon, peuple singe du maître » : la double métaphore du caméléon, animal capable de s’adapter, et du singe (cf. vb singer = imiter) prouvent que le peuple se contente de se plier aux exigences du Roi.
- Passage qui comprend aussi une critique du roi, qui impose sa façon d’être et de penser : « ce qu’il plaît au Prince ». De plus, on note l’opposition entre « un esprit » / « mille corps » ; elle démontre combien ce roi est influent sur ses sujets, sujets quelques peu déshumanisés, car désignés par « corps ». À cela s’ajoute la tournure emphatique « c’est bien là » qui met en avant l’emprise du roi sur le peuple, comme en témoigne le terme « ressorts » qui rime avec « corps », prouvant ainsi la manipulation du roi et le fait qu’ils ne son considérés que comme des sujets.
- Le Cerf, un courtisan à part (vers 24 à 32)
- Comportement annoncé en un seul alexandrin au vers 25 : vers qui utilise une tournure simple qui représente à ce stade l’honnêteté du Cerf, qui, contrairement aux autres, ne souhaite pas paraître ce qu’il n’est pas. À cette évocation de l’attitude s’ajoute la question « comment eût-il pu faire ? » qui montre implication du fabuliste, et sa prise de position. Donne assez vite explication avec « vengeait » à la césure du vers 26 et mise en début de vers de « étranglé » qui montre horreur et violence qu’il a subies de la part de la Reine. Pas ds’’effusion de sentiments, mais répétition de « ne pleura point », qui encadre cette explication et insiste sur l’honnêteté du Cerf.
- S’oppose aux autres courtisans, prêts à tout pour plaire au roi avec le terme « flatteur », sujet de « soutint », qui suggère le mensonge de la part de ce courtisan qui peut être n’importe lequel avec l’article indéfini « un flatteur ». On constate aussi la rapidité de cette action du délateur. Volonté de la part du fabuliste de montrer l’aspect opportuniste des courtisans.
- Également satire du Roi avec référence à la Bible qui montre arbitraire du pouvoir avec « colère », « terrible » renforcé par intervention « et surtout » du fabuliste. Tempérament arbitraire du roi en opposition avec la fragilité du Cerf qui n’a pas les mêmes connaissances. Annonce d’un jugement très sévère.
- Un jugement expéditif (vers 33 à 38)
- Jugement rendu qui est relaté au discours direct pour mieux mettre en avant le mépris du Roi envers le Cerf par cette désignation « chétif hôte des bois » qui insiste sur la faiblesse de l’animal. Mépris renforcé par les vers 35-36 avec la négation « nous n’appliquerons pas » et par le chiasme et antithèse « tes membres profanes/Nos sacrés ongles ». On voit la distance qui est mise entre le Roi et le Cerf et donc le mépris.
- Chef d’accusation qui semble illégitime, car il lui reproche de ne pas se soumettre avec « tu ne suis pas ces gémissantes voix » Ainsi, le Cerf est accusé quelque part d’être honnête et cette accusation vient appuyer le fait que le Roi ne souhaite que des courtisans sans aucune personnalité, mais qui se contentent d’obéir, mais s’il faut pour cela être malhonnête, d’où le terme « traitre » qui s’oppose à « augustes mânes », même si on comprend que ces mânes ne sont pas irréprochables.
- Autoritarisme du roi appuyé par les impératifs « venez », « vengez » et « immolez » + enchaînement rapide de ces ordres. Il ne laisse aucun répit et ne prend aucun recul ; le roi se contente de croire ce qu’on lui rapporte et affirme sa supériorité.
- Le discours du Cerf (vers 39 à 51)
- Discours très habile de la part du Cerf qui débute par différentes marques de respect envers le Roi ; « Sire », « votre digne moitié couchée entre des fleurs ». On comprend assez rapidement la flatterie, mais en même temps, il se montre assez ferme dans ses propos comme le souligne l’enjambement des vers 39-40 « le temps des pleurs/est passé » qui est appuyé par « la douleur est superflue », deux façons de signifier la même chose.
- Donne une image idyllique et merveilleuse du cadre dans lequel se trouverait la Reine : « entre des fleurs », « aux champs Elysiens » (dans les Enfers, séjour des héros dans la mythologie grecque), « mille charmes », « sains comme moi ». Invente une histoire dans laquelle il rapporterait les propos de la Reine afin d’accréditer son histoire. Le terme « ami » (qui débute les propos de la Reine) tend à prouver qu’elle aurait de la bienveillance pour le Cerf, bienveillance que le Roi doit donc avoir aussi. D’ailleurs, il intègre sa situation « ne t’oblige à des larmes » + impératifs « laisse », « garde ». En feignant de rapporter les paroles de la Reine, le Cerf ne semble ne se faire que le rapporteur de celle-ci, le roi ne peut donc qu’obéir à sa femme tant regrettée.
- Il explique aussi son absence de larmes à l’enterrement et évite toute sentence. La réaction du roi ne se fait pas attendre avec « à peine » qui suit directement la fin des paroles de la reine, ce qui tend à montrer la rapidité de la réaction, réaction exagérée à l’image du reste avec « Miracle, apothéose ! ». Phrase exclamative qui fait appel à la religion, une religion qu’on peut qualifier de mensongère, comme si le Cerf était un messager divin. Retournement de situation très rapide où l’on passe d’une condamnation à mort à des cadeaux, ce qui transparaît avec l’antithèse entre « un présent » / « être puni » appuyé par « bien loin ». La crédulité du roi est ainsi mise en avant.
- La morale (vers 52 à fin)
- Satire de la crédulité du Roi suggérée par les impératifs « amusez », « flattez », « payez » qui expriment le fait que le Roi est entouré de menteurs, qu’il en est ainsi à la Cour. L’aspect superficiel et menteur apparaît aussi avec les mots « songes » / « mensonges » qui riment ainsi que par le terme « agréables » qui vient compléter le second mot. À cela s’ajoute le verbe « goberont » et le mot « appât » qui exprime explicitement la crédulité du roi qui est très sensible au paraître et qui est prêt à tout croire et à changer d’avis très facilement : antithèse entre « indignation » et « ami », qui vient clore le texte.
- Véritable généralisation du portrait de la Cour et des Courtisans, car on retrouve l’utilisation du futur à valeur de certitude « goberont », « serez » ainsi que l’utilisation de procédés de généralisation « les Rois », « ils ». Portait négatif qui est fait par le fabuliste.
Conclusion
- Fable qui dresse le portrait de la Cour, qu’il montre comme un regroupement de personnes dépeintes à travers son hypocrisie. La Fontaine affirme sa critique du Roi et de la Cour, où les Courtisans ne sont qu’hypocrisie et paraître, prêts à tout pour être le premier. C’est une satire acerbe des courtisans, mais aussi de la crédulité du Roi.
- Le Cerf représente les plus faibles, qui l’emporte par son intelligence et par la maîtrise de la parole, qu’il utilise pour manipuler le Roi et la Cour. Imagination du Cerf, qui lui permet de s’en sortir et qui montre qu’il est lucide sur le Roi
- Lien qui peut être fait avec la fable Le Lion, le Loup et le Renard, où le Renard n’obéit pas au Roi. Il est dénoncé par le Loup, qui espère ainsi se débarrasser du Renard, mais ce dernier, plus rusé, réussi à faire périr son rival.
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