Murat
Commentaires Composés : Murat. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresmesi gereken en önemli konulardan birisidir. Mizah sanatı göz önünde bulundurulmadan eğer bu eser okunursa, yanlış anlamalar ortaya çıkabilir. Şu halde Meursault sanıldığı kadar olaylara kayıtsız kalan duyarsız bir kişi değil tam tersine aşırı gözlemci yapısı olan, suskunluğu bile Socrates tarzında eleştirisel bir tutum sergileyen birisidir. Başka bir ifade ile Camus bu kişi aracılığı ile bir başkaldırı sanatı olarak mizahın insan hayatındaki işlevlerini en iyi şekilde ortaya koymaktadır. Sonuç olarak mizah tekniklerine duyarlı bir okuma,
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Synergies Turquie n° 2 - 2009 pp. 87-104 Murat Demirkan bize Camus’nün roman sanatını daha iyi anlama ve vermek istediği mesajları daha iyi irdeleme ve algılama fırsatı verir. Anahtar sözcükler: Saflık, gülünç, parodileştirme, saçma, paradoks, dolaylı söylem, mizah, kışkırtma, skandal.
Jusqu’à maintenant, de multiples lectures-sociologique, politique, existentialiste, stylistique et psychanalytique - ont été faites au sujet des œuvres de Camus. En revanche, deux caractéristiques primordiales ont souvent été négligées par les chercheurs : l’ironisation et ses enjeux. Que peuvent être les techniques privilégiées d’un auteur qui aime bien tourner tout en dérision: une panoplie des railleries apparaissent alors dans l’écriture camusienne : des antiphrases et des oxymores les plus provocants en passant par les paradoxes les plus absurdes jusqu’aux métaphores les plus dépréciatives. Les registres ironiques sont à tel point multipliés que parfois même ceux-ci se confondent l’un dans l’autre, tour à tour l’ironie devient humoresque et l’humour devient ironique, la satire devient ironique ou l’ironie devient satirique. La polyphonie de la dépréciation culmine alors dans une écriture multiforme. La rhétorique de l’ironie sait finalement jouer avec les mots, les situations, les personnages, l’auteur lui-même, les textes antérieurs, le sens des mots. Camus est donc un virtuose dans l’art de la théâtralisation. N’est-il pas alors inutile de rappeler que Camus traite le procès de Meursault comme une représentation théâtrale même si l’ensemble de ce drame se déroule dans un décor dysphorique qui signale la déshumanisation progressive. C’est peut-être ce jeu multiple et ses enjeux qui devraient faire le charme de la problématique de l’écriture ironique de Camus. C’est aussi cette rigoureuse théâtralisation qui marque les caractéristiques de l’ironisation camusienne. D’où l’abondance des réseaux lexicaux et des métaphores liés à la notion de spectacle. Le moi infantile Dans l’Etranger1 de Camus, on dirait que Meursault retombe en enfance par un retour en arrière régressif. En effet celui-ci nous apparaît la plupart du temps comme un enfant naïf. Le fait qu’il dise «maman» au lieu de dire «ma mère» est très révélateur. La façon d’appeler sa mère témoigne son refus de socialiser la relation aux êtres : «maman», c’est justement le mot de l’enfant et du rapport intime. Le mot «mère», c’est la définition formelle de cette relation socialisée. Même si l’on dit «maman» à sa mère, on dit «mère » lorsque l’on parle d’elle aux autres. Comme un enfant, sa nature sensuelle le met en rapport intime avec le monde naturel : la mer, le ciel, le soleil. Il qualifie encore les gens de «gentils» comme Raymond ou de «méchants» au cours de son jugement. Tous ces marqueurs lexicaux de la candeur de son personnage nous le révèlent comme un nouveau Candide qui démontre les contrefaçons de la justice et de la comédie sociale. A l’exemple d’Uzbek,
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L’absurde et l’humour dans l’Etranger de Camus
de Candide, de Migromégas, et de l’Ingénu, Meursault voit défiler devant ses yeux les gestes absurdes vides de sens des comportements humains. Sous la lumière nouvelle de son regard enfantin, exempt de préjugés, il ne prend rien au sérieux : «tout cela (lui) a paru un jeu.» (p. 100). Comme il ignore le fonctionnement de la justice, il s’étonne avec candeur que l’instruction de son procès s’effectue sans lui : «le juge discutait les charges avec mon avocat. Mais en vérité, ils ne s’occupaient jamais de moi, à ces moments-là.» (p. 110) Il avoue lui-même son ingéniosité et sa candeur lorsqu’il décrit en ces termes cette parodie de justice : «Tout était si naturel si bien réglé et si sombrement joué que j’avais l’impression ridicule de faire partie de la famille.» (p. 110) Le procédé qui consiste à créer un regard étranger afin de se livrer à une critique humoristique de son propre milieu n’est pas du tout une nouveauté spécifique à Camus. Bien avant lui, Montesquieu dans Les Lettres persanes (1721), avait tourné en dérision la société française du XVIIème siècle, en inventant la correspondance entre deux Persans venus à Paris et leur famille restée en Perse. Par ailleurs, Montaigne faisait déjà parler, dans le chapitre intitulé «des cannibales» de ses Essais (1580), des Indiens du Brésil et racontait leur étonnement face au fonctionnement de la monarchie et face aux inégalités sociales existantes en France. En ignorant certains interdits sociaux, Meursault semble totalement méconnaître la hiérarchie des valeurs imposées par le jeu social. Il ne fait pas le culte formel obligé à la mémoire de la mère, que la société exige de ses membres. Il ne joue pas en effet le jeu social pendant la cérémonie de l’enterrement. Meursault ne parvient pas à se reconnaître dans le personnage adulte d’un criminel que la justice a fait de lui. Par une nouvelle candeur encore, «il allait même lui tendre la main, mais il s’est souvenu à temps qu’il avait tué un homme.» (p. 100) Comme Freud le signale, ici le sens de l’humour résulte donc d’une comparaison entre le moi social et le moi infantile. Il signale par ailleurs que c’est cette dégradation vers l’enfance qui crée le regard humoristique et la situation comique. Il s’agit d’un comique involontaire procuré par un naïf qui a des traits infantiles. Comparé au moi adulte, ce naïf nous apparaît comme un enfant et il nous offre le plaisir des jeux d’antan2. Le détachement impassible La façon de voir Meursault semble ignorer les catégories morales du bien et du mal. Par conséquent comme Candide et Uzbek, Meursault est un vrai étranger, comme le titre du roman l’indique bien, dans ce monde de conventions où il est nécessaire de connaître les règles du jeu moral pour bien jouer son rôle social. Bien que l’étrangeté vienne du comportement serein et mou du personnage à l’enterrement de sa mère, selon nous la vraie bizarrerie provient surtout de la façon dont le récit est narré. Car Meursault, dans son rôle d’autobiographe, est un narrateur humoriste qui ne veut rien cacher. Restant fidèle à la description impassible de la vérité, son regard humoriste est étranger aux conventions de la représentation romanesque de sa personne. C’est pourquoi il n’adhère pas aux mythes collectifs de la représentation de la vie et de sa déformation en comédie. L’entêtement de Meursault est donc la volonté de ne pas vouloir
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devenir un comédien comme les autres personnages qui portent un masque d’apparence façonné. La situation narrative est celle de la focalisation interne comme l’exemple de Julien Sorel. La perception descriptive s’effectue à travers le filtre de la conscience de Meursault comme celui du personnage de Stendhal. Ainsi le personnage et le narrateur se confondent l’un l’autre dans la mesure où le narrateur ne raconte que ce que voit Meursault. Par le regard candide de ce personnage, nous suivons comment le procès se déroule, quelle ambiance y règne et quelles sont les attitudes des gens qui assistent à ce jugement. Meursault lui-même devient un spectateur de son procès par une distance humoristique. Ne faut-il pas justement parler ici plutôt d’un éclatement entre son moi d’à présent et son moi de tantôt. Le surmoi de Meursault console le moi de ce personnage, il trouve même des nouvelles consolations devant la mort. Ainsi ce détachement humoristique parvient à neutraliser la souffrance du sujet qui a besoin de recourir à cet humour cynique. Dans l’impossibilité de changer la situation par les supplications ou la révolte, il contrôle ses comportements, il joue l’indifférence impassible pour nier l’atroce, en le traitant par l’humour noir. Ainsi le monde féroce ne devient pour lui qu’un jeu d’enfant tout juste bon à faire l’objet d’une plaisanterie : «tout un remue-ménage qui m’a fait penser à ces fêtes de quartier.» (p. 128) Par un détachement, il se sent «de trop un peu comme un intrus.» (p. 130) Ce détachement fait de lui et par la même occasion du lecteur un spectateur de cette parodie de justice qui est son procès. Et même dans un sens, cela l’intéresse de voir un procès. Il dit qu’il n’en avait jamais eu l’occasion. Ce détachement ironique lui donne le recul nécessaire à une observation remarquable. Les comiques de gestes, de situation, de mots La qualité du don d’observation humoristique de Meursault est remarquable tout au long du procès. Les détails comiques relevés par Meursault sont assez significatifs pour démonter la comédie des sentiments :
- Les nuances de tons utilisés : «d’un ton péremptoire» (p. 141) - La manière de regarder : «le concierge m’a regardé
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