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Proust amour du coté de chez Swann

Dissertation : Proust amour du coté de chez Swann. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoires

Par   •  30 Janvier 2019  •  Dissertation  •  1 265 Mots (6 Pages)  •  1 621 Vues

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Dissertation Proust

« Un amour de Swann », deuxième partie du premier roman de Proust publié en 1913, est souvent décrit comme le roman de la jalousie et de la découverte de l’art. Pourtant, c’est bien l’amour qui y occupe la place centrale. Dans cette partie, le lecteur fait face à une analepse le menant à la rencontre de Swann avec celle qui deviendra son épouse : Odette. Alors que l’incipit de « Combray » étonnait le lecteur, cette seconde partie respecte les codes du roman du 19ème siècle, peignant un segment de la société française. Le lecteur découvre le clan fermé des Verdurin, là où Swann développe une passion déchirante pour Odette. Il convient alors de se demander : « Un amour de Swann » est-il seulement un roman d’amour ? Nous verrons tout d’abord qu’il s’agit du roman de l’amour entre Swann et Odette, mais qu’on y trouve aussi un roman de la jalousie. Enfin, il apparaît surtout comme un roman de la souffrance, thème récurrent en littérature.

  « Un amour de Swann » est d’abord le roman de l’amour entre Odette et Swann. On retrouve ce thème à travers celui de la cristallisation amoureuse. Ce concept, mis en lumière par Stendhal dans De L’amour, explique que l’être aimé est d’abord transfiguré. Il est idéalisé, si bien que celui qui aime vient effacer ses défauts pour qu’il convienne à ce qu’il désire. Swann supprime les défauts d’Odette dans son esprit pour qu’elle lui plaise entièrement « l’imperfection de son corps ne garderait plus aucune importance ». Il fait d’Odette un être idéal, fruit de son imagination.

  Ce roman d’amour se caractérise également par le parallélisme que Swann établit entre Odette et une œuvre d’art. Il évoque en effet « sa ressemblance avec cette figure de Zéphora […] dans une fresque de la chapelle Sixtine », et la compare à la « vierge de Botticelli ». L’amour de Swann à l’égard d’Odette place sa beauté au niveau d’une œuvre d’art. Cette transfiguration de l’être rejoint l’idée de la cristallisation amoureuse, mais mérite une attention particulière lorsque l’on connaît la passion de Swann pour l’art. Son amour pour Odette semble alors être à la hauteur de son amour pour l’art.

  L’amour de Swann et d’Odette se matérialise enfin à travers la sonate de Vinteuil. Cette sonate permet, à l’instar de la madeleine dans « Combray », une transsubstantiation pour donner au son une dimension mnésique. Pour Swann, « la petite phrase de Vinteuil […] était comme l’air national de leur amour ». Par la suite, cette phrase apparaît comme un moyen douloureux de se souvenir de ses relations avec Odette lorsque leur amour devient souffrance « ses souvenirs du temps où Odette était éprise de lui […] étaient remontés lui chanter éperdument […] les refrains oubliés du bonheur ». L’amour est ainsi matérialisé.

  Ce roman de l’amour entre Swann et Odette apparaît aussi comme le roman de la jalousie.

  La jalousie prend très vite une place notable au sein de l’œuvre. Swann éprouve en effet une jalousie paranoïaque à l’égard d’Odette. C’est l’imagination de Swann qui joue un rôle primordial. Ainsi, le fait de l’imaginer parler avec d’autres hommes « causait à Swann plus de jalousie que l’union charnelle même ». Swann devient complètement paranoïaque envers Odette. Il n’a de cesse de l’imaginer qu’elle le trompe, notamment avec Forcheville. Il va même jusqu’à espionner la résidence d’Odette et lire son courrier.

  Cette jalousie peut s’expliquer selon le principe de médiation introduit par Girard dans Mensonge romantique et Vérité romanesque. L’auteur explique la théorie du désir selon laquelle on ne recherche pas le bonheur en amour, mais plutôt une possession, une gratification. Le médiateur désigne au sujet l’objet du désir. Ce médiateur peut être externe (culturel, littéraire…) ou interne (autre personne). Cette triangulation fait des individus des modèles et des rivaux les uns pour les autres. Ainsi Swann a besoin de croire qu’Odette le trompe avec Forcheville pour continuer de la désirer. C’est pourquoi ce principe de médiation est propre à la jalousie.

  La jalousie de Swann va finalement le mener au dégoût envers Odette. Il ne sent plus son amour envers elle « voici qu’à l’affaiblissement de son amour correspondait simultanément un affaiblissement du désir de reste amoureux ». Il ressent même un désir de violence et d’anéantissement : « il éprouvait de la haine pour Odette, il aurait voulu crever ses yeux qu’il aimait tant tout à l’heure, écraser ses joues sans fraîcheur ». Cette jalousie paranoïaque vient à le dégoûter d’Odette et lui donner envie d’être violent envers elle.

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