« Charles Baudelaire » : L’albatros

e le Ciel et la Terre.

Les termes valorisants se rapportent à l'animal dans son univers : ‘’vastes oiseau des mers’’V2, ‘’roi de l’azur’’V6

Les adjectifs dévalorisants se réfèrent à l'albatros dans l’univers des Hommes : ‘’maladroits et honteux’’V6, ‘’piteusement’’V7, ‘’laid’’V10.

L’albatros est mit en valeur dans son univers pour cela l’auteur évoque

Sa pureté ‘’ailes blanches’’V7, ‘’azur’’V6.

Son amplitude ‘’grandes ailes’’V7, ‘’géant’’V16, ‘’vaste’’V2 qui nous permet d'imaginer d’immenses ailes recouvrant et protégeant les océans (hypallage : ‘’vaste oiseaux des mers’’V2 = oiseaux des vastes mers),

Ses 'Ailes' connoté à la légèreté, la sérénité ('indolents') et à sa grâce, car ils se laissent porter par le vent

Sans oublier, sa puissance dominante et supérieure dans son propre univers ('rois, prince'), l'albatros, majestueux, règne au dessus des Hommes ('grandes ailes blanches' peut même évoquer une hermine impériale)

Et enfin, son caractère pacifique : aucune présence d'hostilité, il fait même preuve d'humanité : ce qui donne une impression d'égalité avec les Hommes ('compagnon de voyage') mais l'albatros se révélera même plus humain que les matelots.

Cependant cette image valorisante s’inverse, notons la présence de l’Oxymore qui marque transition ‘’infirme qui volait’’.

En effet, le Poème donne deux visions radicalement opposées :

autant l'albatros est majestueux, autant il paraît ridicule lorsqu’il se pose le

Du vol royal, on passe au boitement de l'infirme, et du majestueux on passe au piteux ; les ‘’grandes ailes blanches’’ qui symbolisaient sa légèreté deviennent mécaniques, peu nobles, d'où la comparaison avec des avirons (rames)

2) Un poème construit judicieusement :

Dans l’albatros de Baudelaire le mouvement des phrases, le jeu des sonorités prenne une valeur exceptionnelle

D’abord, Une ample phrase bien balancée, présente l'albatros en vol dans la 1ère strophe ‘’Qui suivent, indolents compagnons de voyages’’V3

Ensuite, Une nouvelle phrase très ample mais avec nuance moqueuse présente ‘’albatros’’ capturé et posé dans 2ème strophe ‘’A peine les ont-ils déposé sur la planche’’V5

Puis, une série de 3 phrases exclamatives, plus courtes, avec un rythme haché pour traduire la souffrance, la persécution de l'albatros dans la 3ème strophe ‘’Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !’’V9 ; ‘’Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !’’V10 ; ‘’L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !’’V12

Enfin, La phrase en deux parties explique l'opposition entre les deux mondes et les deux statuts de l'albatros dans la 4ème strophe qui est la 4ème strophe.

Quant au jeu des sonorités il est remarquable car il renforce le contraste :

En premier lieu, La majesté de l'albatros est rendu par une assonance en 'en' et une allitération en 'v' dans la 1ère strophe ‘’

Ensuite, La 2ème et 3ème strophes accumulent des sonorités désagréables avec une assonance en 'e' ('honteux, piteusement, à côté d'eux, veule, gueule') et une allitération en 'c' et 'gu'.

Et en final, Le vers 12 donne un décrochement au gérondif et une cadence plus lente, qui suggère le boitement

Ainsi le jeu des sonorités accentue la différence de l'albatros au fur et à mesure du poème.

Dans le vers 1 Baudelaire débute en insistant sur 'souvent' : les Hommes pour rompre l'ennui, se divertissent dans une cruauté habituelle.

Cependant, la 2ème strophe change complètement d'optique car les marins obtiennent le rôle dominant. L'albatros est livré aux regards cinglants de l’équipage. Jusqu’aux vers11-12 qui illustrent le manque de respect ; l’équipage ne taquine plus l’albatros, il lui fait subir une douleur physique. Le terme ‘’brûle-gueule’’ accentue le sentiment de mépris suscité par le comportement barbare des marins.

3) Un récit allégorique (symbolisme, riche en symbole)

Lors de notre lecture approfondie nous avons également été touchés par la richesse de symboles du poème ; Le récit est allégorique.

Les trois 1ères strophes donnent le récit de l'albatros tandis que la dernière est dédiée au poète : après la présentation, Baudelaire donne la clé du poème avec une réflexion sur le poète pour créer une surprise et la comparaison du poète au prince des nuées renforce le rapprochement entre l'albatros et le poète. Cette comparaison et association en même temps oblige une réinterprétation : (le ‘’voyageur ailé’’ devient poète, les ‘’H d'équipage’’ représente la Société, le bateau = la terre, les planches = le théâtre social, le voyage = la vie parcourue).

Il est à noter aussi le symbolisme du ‘’navire glissant’’

il crée une atmosphère calme mais qui peut être bouleversé à tout moment par le caractère imprévisible des ‘’gouffres amers’’ (métaphore mer). Et sans oublier, la répétition des consonnes ‘’v, s et f’’ qui traduit un doux sifflement renforçant l'idée de calme et d'harmonie. Ce qui nous guide vers la découverte du message caché entre les lignes : Les Hommes et le poète devraient être solidaires car embarqués dans le même voyage de la vie, sur le bateau symbole de la Terre, toujours menacé par un naufrage : leur condition humaine devrait les réunir.

Le symbolisme de l’équipage est également très intéressant à étudier L'équipage est toujours envisagé comme un ensemble anonyme,