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L'Europe Dans l'Affrontement Américano-Soviétique De 1947 à 1975

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e « patrie du socialisme » L’Europe va être écartelée entre deux modèles qui lui sont imposées par les deux grandes puissances, chacune dans son camp. 1. Au modèle totalitaire soviétique (marxisme-léninisme ; dictature du prolétariat ; toute-puissance du parti unique ; centralisme démocratique) s’oppose la démocratie libérale américaine. 2. L’opposition des deux modèles économiques est la plus flagrante. Le fonctionnement de l’économie soviétique reste fidèle aux principes hérités de l’entre-deux guerres (collectivisationétatisation des moyens de production ; planification ; priorité à

l’industrie lourde), tandis que l’économie capitaliste libérale étatsunienne (initiative privée ; recherche du profit) va impulser à l’Europe de l’Ouest croissance économique et productivité importante, la présence des multinationales, l’usage du dollar comme monnaie de référence. 3. Les modèles sociaux s’affrontent. Du côté soviétique, le pouvoir met en avant la « société sans classes » mais la vie quotidienne des européens derrière le rideau de fer reste médiocre, encadrée par la police, la censure, des syndicats devenus de simples courroies de transmission des ordres du pouvoir. Du côté occidental, la société s’américanise et va aller progressivement vers une société de l’abondance, du confort par le recours au crédit et à l’endettement, soutenue par le développement du crédit et favorisée par la publicité. 4. Dans le domaine de la culture on assiste à l’offre de deux modèles. Celui de « l’homme nouveau », du « réalisme socialiste » du modèle soviétique auquel s’oppose la culture de masse étatsunienne basée du cinéma puis de la télévision naissante, la musique et de la littérature populaires. Transition : 1947 marque une véritable coupure idéologique en Europe confirmée dans la quinzaine d’années suivantes par la mise en place, à la faveur de crises, des blocs. 2e partie : L’Europe sous tutelle américano-soviétique (1948-1961) A. Trois crises (Berlin, 1948-1949 ; Corée 1950-1953 ; Berlin 1958-1961) mettent en oeuvre le partage de l’Europe en deux blocs dont les deux leaders garantissent la sécurité par la possession de l’arme nucléaire. 1. La 1re crise de Berlin et ses conséquences : - De juin 1948 à mai 1949, les Soviétiques mettent en place le blocus terrestre, fluvial et routier de Berlin-Ouest (enclave occidentale en zone d’occupation soviétique) que les Américains contournent par l’organisation d’un pont aérien qui maintient Berlin-Ouest dans le « camp de la liberté ». Si de part et d’autre l’irréparable n’a pas été commis (confrontation directe refusée), les conséquences de la crise sont doubles : - les zones d’occupation en Allemagne deviennent des Etats par la volonté des Deux Grands : RFA (République fédérale d’Allemagne) en mai 1949) et RDA (République démocratique allemande) en octobre 1949 et Berlin-Ouest est protégé militairement par les Etats-Unis tandis que Berlin-Est devient la capitale de la RDA ; - Etats-Unis et URSS prennent en mains la défense de leur camp : pour la 1re fois de leur histoire, les Etats-Unis acceptent de s’engager dans une alliance politique et militaire durable en temps de paix. Le 4 avril 1949 naît l’Alliance atlantique, alliance politique signée pour 20 ans entre les Etats-Unis, les 5 du traité de Bruxelles (France, Royaume-Uni, Benelux), l’Islande, la Norvège, l’Italie, le Portugal, le Danemark rejoints par la Grèce et la Turquie en 1952 et le Canada ; en 1950, l’alliance

politique se double d’une alliance militaire (défensive) : l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), sous commandement américain et dont l’état-major s’installe en France. De leur côté, les Soviétiques renforcent leur contrôle sur les Etats sous leur contrôle : les purges organisées de 1948 à 1952 (Tchécoslovaquie, Hongrie), l’exclusion de la Yougoslavie du Kominform (1948) permettent de se débarrasser des dirigeants communistes locaux qu’ils jugent insuffisamment fidèles. Plusieurs traités bilatéraux de défense mutuelle sont signés avec chaque État ; en 1949, le CAEM (Conseil d’Assistance Économique Mutuelle, en anglais Comecon) intègre les économies des « pays frères » dans un système contrôlé depuis Moscou. La satellisation devient effective et la démocratie populaire s’impose. 2. La guerre de Corée et ses conséquences en Europe Pour les gouvernements occidentaux, ce qui s’est passé en Corée peut advenir aussi en Europe et le lieu d’affrontement entre les deux camps se fera sur le territoire allemand. Il devient donc urgent de repenser la défense du camp occidental en favorisant le réarmement de la RFA. En 1948 la RFA devient « l’égale des autres nations » en intégrant l’Alliance atlantique et l’OTAN. Les Etats-Unis mettent à la disposition de l’OTAN près de 70 divisions en 1953, soit près de 300 000 hommes. En France, la Communauté Européenne de Défense qui aurait dû être constituée de contingents nationaux (y compris de contingents ouestallemands), est refusée par l’Assemblée nationale en août 1954 après trois ans de débats. A l’automne 1954, les accords de Londres créent une Union de l’Europe Occidentale (UEO) qui autorise le réarmement allemand. L’URSS, de son côté repense la défense du camp socialiste en Europe : en RDA elle autorise en 1956 la création d’une armée populaire en réplique au réarmement ouest-allemand. Elle complète les traités bilatéraux d’assistance mutuelle qui la lient aux démocraties populaires par la mise en place en mai 1955 d’une alliance multilatérale : le « Pacte de Varsovie », sous commandement soviétique. 3. La seconde crise de Berlin (1958-1961) et ses conséquences Inquiète de l’impact médiatique de la fuite des Allemands de RDA (Ossies) vers l’Ouest, l’URSS choisit de rouvrir le dossier berlinois et en décembre 1958, un ultimatum est adressé aux Occidentaux : Berlin doit devenir la capitale de la RDA ou bien être contrôlé par l’ONU [ce qui revient à exiger le départ des Occidentaux]. Devant le refus occidental d’obtempérer, l’URSS s’incline. C’est finalement en août 1961 que la crise se résout par la construction du mur de Berlin : le « mur de la honte », comme on dit à l’Ouest, le « mur de la liberté », comme on dit à l’Est, rend désormais totalement hermétique le « rideau de fer » abaissé dès 1946-1947 et achève le partage de l’Europe. B. Chacun dans leur camp, les européens ont-ils encore la possibilité d’agir indépendamment ?

Plusieurs situations de la décennie 1950 permettent de répondre par l’affirmative et/ou la négative à cette question. 1. Quand il s’agit de prendre une initiative contestant l’autorité du leader ou à affaiblir son camp, le désir d’indépendance est immédiatement bloqué. Deux exemples dans les deux blocs : - dans le camp occidental : Anglais et Français l’apprennent à leurs dépens lors de « l’affaire de Suez » (1956). Furieux de voir que la nouveau maître de l’Egypte, Gamal Abdel Nasser, met à mal leurs intérêts en nationalisant du canal de Suez ; français et anglais débarquent en Egypte, épaulent les israéliens engagés dans le Sinaï, occupent la zone du canal. La réplique américaine est immédiate : alors en pleine campagne électorale pour une éventuelle réélection, le président Eisenhower exige de ses alliés le cessez-le-feu immédiat réclamé par l’ONU. Les gouvernements anglais et français (menacés par ailleurs d’un hypothétique bombardement nucléaire soviétique) mettent fin à leur action : vainqueurs militaires, ils découvrent l’humiliation politique en étant relégués au second rang. Les Etats-Unis n’ont pas voulu se laisser entrainer par le jeu des alliances dans un conflit où leurs intérêts vitaux ne sont pas en jeu. - dans le camp soviétique : la « révolution hongroise » est noyée dans le sang à Budapest (1956). Le dirigeant hongrois Nagy incarne, à partir du 24 octobre 1956, la « révolution » avec des manifestations de rues, des comités révolutionnaires, les troupes soviétiques contraintes de quitter Budapest (mais pas le pays). L’annonce par Nagy de la formation d’un gouvernement de coalition, de son intention de faire sortir la Hongrie du Pacte de Varsovie et de rejoindre le camp de la neutralité pousse Moscou à écraser le soulèvement en faisant revenir les chars. 2. Quand l’initiative contribue à renforcer ou ne pas affaiblir le camp ou le bloc auquel elles appartiennent, l’autonomie est accordée : - dans le camp occidental : les Etats-Unis encouragent l’Europe occidentale à sa construction politique (mai 1949 réunion du Conseil de l’Europe) et économique (naissance de la CECA, en avril 1951). Une dimension supplémentaire est franchie lorsque six pays européens (France, Allemagne, Italie et le Benelux) choisissent, la voie de l’intégration économique, préalable à l’intégration politique. Près de deux années de négociations permettent en mars 1957 la signature du Traité de Rome qui met en place le Marché commun et l’Euratom (développement du nucléaire civil). - dans le camp soviétique : Pour éviter une possible contagion hongroise, Soviétiques et Polonais se mettent d’accord : une libéralisation intérieure prudente (agriculture, séjours à l’étranger des étudiants) contre la non-remise en cause du rôle dirigeant de l’URSS. Transition : La période 1948-1961 est donc une période au cours de laquelle les Deux Grands définissent les nouvelles règles

d’organisation de l’Europe d’après-guerre. Le monde qu’ils organisent a désormais la possibilité de s’auto-

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