La Mort De Robert Jordan Dans Pour Qui Sonne Le Glas
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-Le discours d’un spécialiste
En effet, Hemingway donne à Robert Jordan le vocabulaire d’un spécialiste. On retrouvera parmi le lexique employé les termes « os », « cuisse », « reins », « crâne », « poitrine » (p 496). L’anatomie est donc décrite de manière précise, afin de donner au lecteur les clés pour s’imaginer la scène au plus près de la réalité. Les mouvements du corps sont analysés de manière précise comme le montre cette phrase : « Il tâta du doigt sa cuisse tout en roulant sur sa poitrine, face contre terre. Il dégagea ses coudes, allongea sa jambe gauche derrière lui avec ses deux mains et, d’un poussée du pied droit, il se trouva là où il voulait aller, tout en sueur » (p496). Aucun détail n’est laissé au hasard dans cette description du corps humain dans ses moindres recoins. On pourra noter ici l’influence du père de l’auteur, qui était médecin. Hemingway a donc probablement reçu un enseignement du corps humain plus précis en ayant baigné dans la médecine grâce à son père dès l’enfance. La fascination d’Hemingway pour la mort se retrouve d’ailleurs dans ce lexique anatomique, puisqu’il imagine clairement et très précisément la situation physique de ses personnages, engendrant leurs douleurs et leurs souffrances. D’autre part, cette douleur évolue au fil du passage, d’où une analyse médicale pointue de la situation. « ça ne fait vraiment pas mal du tout » (p 496) à « la jambe commence à me faire mal » (p498), « sa jambe lui faisait très mal maintenant » (p 498) et « essayant de retenir ce qu’il sentait glisser hors de lui » (p 499). Sa blessure se fait donc de plus en plus présente, la douleur augmentant avec le temps. Les termes sont précis, on parle d’ « hémorragie interne », d’ « os cassé », de s’ « évanouir ».
-Une description aussi précise que possible de la réalité
L’auteur s’efforce de donner une représentation aussi précise que possible de la réalité. « La plus grande difficulté, dit-il, c'était de décrire ce qui s'était réellement passé au moment de l'événement. Quand on écrit pour un journal, on raconte ce qui s'est passé et, à l'aide d'un procédé ou d'un autre, on arrive à communiquer l'émotion au lecteur, car l'émotion confère toujours une certaine vérité au récit d'un événement du jour. Mais la chose réelle, la succession mouvante des phénomènes qui produit l'émotion, cette réalité qui serait valable dans un an ou dans dix ans et, avec de la chance et assez de pureté d'expression, pour toujours, j'en étais encore loin et je m'acharnais à l'atteindre. » « J'essayais, ajoute-t-il, d'écrire en commençant par les choses les plus simples. »
C'est alors qu'il met au point son célèbre style, glacé, simple, rigoureux, qui note les faits avec une objectivité de procès-verbal. D'abord il remplace les développements psychologiques par le récit de l'action et du comportement des personnages. Puis il utilise les mots vrais, techniques. Enfin, il tisse un réseau de correspondances qui crée une ambiance climatique ou linguistique. Et ce style discipliné est celui de la panique contrôlée.
Les techniques de style sont, chez Hemingway, de la même nature que les techniques de chasse, de pêche, de boxe, de tauromachie ou de stratégie. Il s'agit à la fois d'évasion et de discipline. Chez l’auteur, on retrouve une quête permanente de l’instant, qui se traduit bien dans ce style du reportage. C’est l’instant qui compte, ce qui s’est passé, avec précision. Les faits, les conséquences. « Dépouiller le langage pour le purifier, le mettre nu jusqu’à l’os », Hemingway. Pas de chichis ni de lyrisme à outrance, pour Hemingway l’important est la précision. Peu de mots employés, mais des mots qui ont du sens.
« Le seul moyen d'exprimer une émotion de façon artistique, c'est de trouver un ensemble d'objets, une situation, un enchaînement d'événements qui seront la formule de cette situation particulière, de telle sorte que, quand les faits extérieurs sont donnés, l'émotion est immédiatement évoquée. » Ainsi, Hemingway décrit non pas une émotion, mais le geste et l'objet qui la matérialisent et la symbolisent. Ce nouveau roman, qui remplace l'analyse par la vision et met un terme à la littérature d'introspection et au romancier omniscient, doit naturellement beaucoup au cinéma.
B) dialogue de Robert Jordan avec lui-même
-Le héros essaye de se convaincre de l’absence de douleur
Le héros dans cet extrait, discute avec lui-même. Il se répond même « On devrait avoir des émetteurs portatifs à ondes courtes. Oui, il y a des tas de choses qu’on devrait avoir » (p498) ou encore « Pense au Montana. Non je ne peux pas » (p 499). Il dialogue avec lui-même, comme si deux choses se bousculaient dans sa tête, deux idées, ou comme s’il parlait et qu’en même temps il pensait à quelque chose d’autre. Nous avons même la sensation parfois qu’ils sont deux. Hemingway fait d’ailleurs en sorte de mettre en évidence ce dialogue entre le héros et sa conscience, de manière typographique. Les réponses qu’il se donne sont en italique, ce qui souligne le fait qu’elles semblent véritablement interagir avec les questions ou les réflexions qui viennent juste avant, et accentuant l’idée que ces idées qui se répondent viennent de deux endroits différents, de deux personnes différentes presque.
Dans ce roman, Robert Jordan est le héros d’Hemingway. Ce dernier veut vaincre la mort à travers l’écriture, c’est pourquoi le héros de Pour qui sonne le glas est jeune. Il représente la quête d’Hemingway. Or ce personnage présente de nombreuses similitudes aussi avec l’auteur. Pas jusqu’à parler d’un roman autobiographique, ou pas assez pour dire que le héros, c’est l’auteur lui-même, mais tout de même ce héros s’apparente en partie à Hemingway. Hemingway est fasciné par la mort, autant qu’il en a peur. Dans cet extrait, nous voyons un héros qui tente de se convaincre qu’il n’a pas mal. « ça ne fait pas mal du tout » dit-il p 496. Il se rassure avec des explications rationnelles « ça, c’est quand l’os pince quelque chose d’autre. Tu vois ? » (p 497). La technique du dialogue qu’emploi l’auteur tout au long de cet extrait permet de mettre en évidence finalement la solitude du personnage. Il ne peut se plaindre de cette douleur puisque de toute façon il est seul, cela ne changera rien. Le héros cherche à oublier cette souffrance, afin de rester concentré sur ce qu’il fait, ce qu’il vit. Il faut outrepasser cette douleur.
De plus, le héros nie aussi toute douleur ou difficulté morale « c’est merveilleux qu’ils soient partis. Ça ne me fait plus rien du tout, maintenant qu’ils sont partis » (p 497). Or il est seul, seul et blessé, il n’a d’autre issue que de rester où il est. S’il accepte cette solitude en y voyant un avantage ou au moins en tentant de se consoler en pensant que c’est mieux, c’est surement car il n’a pas d’autre choix. Se laisser gagner par l’angoisse de la solitude ne le rendra pas plus fort. Or ce héros ne veut pas se laisser dominer par ses émotions. Il cherche à garder le contrôle.
Il se bat cependant avec lui-même, il tente de se convaincre qu’il n’a pas mal, mais finalement la douleur semble gagner du terrain dans son esprit, même s’il désirerait l’empêcher de pénétrer son esprit. « Ecoute, il faudra peut-être que je le fasse, parce que si je m’évanouis, ou quelque chose de ce genre, je ne suis plus bon à rien » (p 498). Le héros apostrophe avec des « écoute » à plusieurs reprises, comme si quelqu’un pouvait entendre ses pensées. Il sent bien que malgré son combat contre la douleur, il ne peut plus la nier et donc lorsqu’il en est à songer à l’accepter, il voit bien qu’elle la mène directement à la mort : « Essayant de retenir ce qu’il sentait glisser hors de lui » (p 499). Cette mort qu’il semble accepter comme sa destinée, il veut la recevoir dignement, sans souffrance, en pleine conscience de ses actes. Il refoule la douleur afin d’être jusqu’au dernier instant investit dans la guerre, c’est encore une manière pour l’auteur de faire jouer son héros avec la mort. Elle l’attend, elle le guette, mais il résiste tant qu’il peut, en la repoussant le plus loin possible dans son esprit, en refusant d’accepter cette blessure et la douleur qu’elle lui inflige.
-Technique de l’Iceberg de l’auteur
Le but de cette technique est de permettre au lecteur de ressentir ce qui n’est pas formulé dans le texte, la partie émergée du texte qui suggère la partie immergée. L’auteur découvre que c’est la partie immergée de l’iceberg qui confère de la « majesté » à ce qui est dit en surface et non l’inverse. Les événements, objets ou dialogues rapportés par le narrateur sont colorés par le lecteur, grâce au contexte affectif sous-jacent ; c’est bel et bien la partie omise qui crée du sens.
« […] Et le lecteur, si l’écrivain écrit avec assez de vérité, aura de ces choses un sentiment aussi fort que si l’écrivain les avait exprimés. La majesté du mouvement d’un iceberg est due à ce qu’un huitième seulement de sa hauteur sort de l’eau », Hemingway
C’est ainsi que Robert
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