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Y A-T-Il Une Vérité Des Apparences ?

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lue, unique. Ainsi, comme le raconte le mythe de la caverne extrait du livre VII de La République, selon Platon, les hommes ont toujours vécu enchaînés dans le fond d’une caverne. Sur les murs, à la faible lueur d’un feu, ils voient les ombres de marionnettes que manipulent derrière eux d’autres hommes sans qu’ils soient vus. Comme les prisonniers n’ont jamais rien connu d’autres que ces images, ils les prennent pour la réalité et la vérité. Un jour, un prisonnier est détaché. Attiré vers la lumière du jour, il monte vers la sortie, symbole de l’ascension du philosophe vers la vérité, et découvre enfin la réalité avec ses êtres et ses choses, la vérité. Ébloui par sa découverte, il revient en faire part à ses anciens compagnons. Mais ceux-ci se liguent et le tuent. La mort de celui qui a reçu la révélation de la vérité renvoie à celle de Socrate. Pour Platon, la vérité, le vrai monde est ailleurs, dans les idées et philosopher, c’est sortir de la caverne, des illusions de nos sens et de nos opinions pour contempler enfin la réalité qui est à la fois pure pensée et vérité. Pour Platon, il n’y a donc pas de vérité des apparences, puisque celles-ci nous trompent : il faut dépasser ces illusions, ces limites de l’esprit, pour voir la vérité.

Nous ne pouvons donc pas savoir si les sens, le fondement de nos connaissances, ne nous trompent pas, nous offrent ou pas la vérité : quand on regarde un mirage, notre vision nous trompe ; lorsque nous voyons une illusion d’optique, notre interprétation nous trompe. Ainsi, toute connaissance, toute observation, toute constatation ne peut pas être acquise et admise puisqu’on ne peut pas savoir si c’est la vérité. De plus, on ne peut pas se fier à nos pensées, à ce que nous croyons vrai « Ce n'est pas parce que nous pensons d'une manière vraie que tu es blanc, que tu es blanc, mais c'est parce que tu es blanc, qu'en disant que tu l'es, nous disons la vérité. » Aristote, Métaphysique, Livre Gamma. Il faut donc dépasser les apparences et les limites de l’esprit qui nous enferment dans ce que nous croyons être la réalité. Toute vérité a donc besoin d’être cherchée et non admise, en confrontant intellect et réel en argumentant, en démontrant : « Le vrai est à la fois dans l'intellect et dans les choses. Toutefois, le vrai qui est dans les choses est substantiellement identique à l'être ; et le vrai qui est dans l'intellect est identique à l'être, mais comme une représentation l'est à ce qu'elle représente [...]. »Thomas d’Aquin, Somme théologique, I. Ce dernier avait aussi coutume de définir la vérité ainsi : « Veritas est adæquatio intellectus et rei.»: la vérité est l'adéquation de l'intellect aux choses. Cela montre bien qu’il y a un rapport entre vérité et intellect, réalité. Cependant, il semble y avoir une Vérité Absolue, Unique, qu’on ne peut pas contredire, qui est contenue dans chaque âme selon Socrate. Chercher cette vérité, c’est alors se souvenir, c’est rechercher un souvenir vrai, unique pour tous, qui est contredite par les apparences et l’esprit.

Ainsi, les barrières de l’induction et de l’esprit nous empêchent d’atteindre la vérité : il n’y a pas de vérité dans les apparences tant que nous sommes conditionnés par ce que nous acceptons ; ceci nous amène aux obstacles épistémologiques de Bachelard. En effet, les obstacles épistémologiques sont des obstacles à notre accès à la vérité. Ainsi, selon Bachelard, l’obstacle pour faire assimiler le principe d’Archimède à des élèves, n’est pas sa difficulté, ni même ses équations mathématiques, mais au contraire l’illusion que l’équilibre des corps flottant est dû au corps qui flotte : ce « tissu d’erreurs » est dû à l’intuition, à l’induction. Ce sont des obstacles internes à la pensée elle-même qui empêche l’accès à la connaissance, à la réalité, à la vérité. Et cette intuition est due aux apparences qui provoquent l’induction. Par exemple, le soleil s’est levé hier. Le soleil s’est levé avant-hier. Le soleil s’est levé avant-avant-hier … Donc le soleil s’est toujours levé et se lèvera demain. Ceci est une induction : on ne sait pas si c’est la vérité ! Autre exemple : une plume tombe toujours moins vite qu’une pomme, donc la vitesse de chute dépend de la masse des objets, ce qui semble évident. Mais ce n’est pas le cas : les corps tombent à la même vitesse, c’est la résistance de l’air qui influe sur la vitesse de chute de deux objets de masse et de formes différentes. Il ne faut donc pas se fier aux apparences qui ne nous livrent pas forcément la vérité. En confrontant pensée et réel, on ne peut pas trouver celle-ci, si toute pensée est basée sur notre observation du réel. Celle-ci n’existe pas en tant que concept abstrait et en tant que réalité. Il n’y a donc pas de vérité dans les apparences, dans la représentation du réel.

Néanmoins, en considérant la vérité de telle façon, on nie la seule fenêtre qui nous lie à la vérité : nos sens. Ce n’est jamais la réalité que nous connaissons par leur biais, c’est une perception du réel. Même si les avis divergent, la vérité est la conformité de notre pensée et du réel : ce que nous pensons, ce que nous connaissons, c’est la réalité telle qu’elle est pour nous. Si la seule façon de connaître la vérité, c’est de la percevoir, il y a donc une vérité des apparences. De plus, cette vérité, si elle n’est pas unique ou si on ne peut pas la démontrer, a quand même de l’intérêt : on ne doit pas la nier, car pourquoi la recherche de la vérité passerait-elle nécessairement par la démonstration ? En mettant la barre si haut, ne risque-t-on pas de passer à côté d’autres possibilités, d’autres vérités qui n’auraient pas la même autorité, mais quand même un impact certain ? L’argumentation dans le dialogue, par exemple, ne permet pas toujours des conclusions définitives, ni la vérité, mais elle permet de traiter des problèmes essentiels pour la communauté humaine : éthiques, politiques, esthétiques. Si on niait ces solutions, ces possibilités sous prétexte qu’elles ne sont pas vraies ou ne correspondent pas à une vérité unique, absolue, on limiterait fortement la résolution des problèmes de notre société. Il y a donc une certaine vérité des apparences. La logique, la démonstration ne suffisent pas à délimiter la vérité : ainsi, Hobbes développera une conception qui assimile le raisonnement à un simple calcul. Un jugement vrai repose sur des règles, des opérations, de calcul, sur la base de mots, et non sur l'évidence. Descartes refuse catégoriquement l'éventualité d'une « machine à produire de la vérité », car une machine ne saurait penser. La pensée est nécessaire pour trouver la vérité, car ce que la logique nous démontre comme vrai peut ne pas être moralement ou éthiquement juste : il y a donc une certaine vérité des apparences si on réfléchit sur celles-ci.

La pensée semble donc nécessaire à la vérité des apparences : Selon le « cogito » (je pense, en latin) de Descartes, si on renie une « vérité à base de toute réflexion», un axiome tel que 2+2=4, car les sens peuvent nous tromper, le monde tel que nous le connaissons est chamboulé, il ne restera que peu de vérité. Si nous doutons de tout ce que nous offrent nos sens, il n’empêche qu’on doute, donc qu’on pense, ce qui nous ancrera dans le réel, dans la vérité. Telle est l’évidence première du Cogito, plus vraie que les vérités mathématiques : non pas seulement vérité rationnelle, mais vérité métaphysique. Il existe donc une vérité, dans le réel donc dans les apparences. La vérité n’existe pas sans le rapport au réel. Dans les Méditations Métaphysiques de Descartes (seconde méditation), il décrit une expérience simple : quand on chauffe un morceau de cire, il perdra toutes ses qualités, son odeur, sa forme, sa couleur sa consistance … mais il ne cessera jamais d’exister ! Peu importe sous quelle forme on le voit, quelle apparence il a, il est vrai, tangible, réel.

« N’oublions pas que toute essence, toute vérité, pour ne pas rester abstraction pure, doit apparaître. » a dit Hegel, dans L’Esthétique. Il montre bien que la vérité n’existe pas sans la réalité, sans les apparences. En effet, si on considère la vérité comme abstraite, alors il peut exister une unique vérité, mais elle n’est d’aucune utilité, inaccessible. Dès qu’on passe la vérité dans le concret, on s’implique, il existe alors subjectivement plusieurs vérités qu’on peut défendre par l’argumentation. Ces vérités s’assimilent à des opinions qui sont vraies pour nous, pour nos convictions, pour nos apparences, mais elles sont considérées comme foncièrement justes, réelles, fondées et défendables. Si on ne peut pas défendre ses idées, alors il n’y a pas de vérité, car on retombe dans des pièges tels que l’induction ou les obstacles épistémologiques. Il faut donc se demander pourquoi c’est « évident », pour trouver des vérités.

La vérité apparaît donc comme indissociable de l’apparence, puisqu’une vérité sans rapport avec le réel n’existe pas. Même quand on cherche à le nier, on le reconnaît : c’est notamment le paradoxe du menteur, puisque celui-ci en mentant veut nier la vérité, mais la reconnait et la craint puisqu’il veut la maquiller… La vérité et l’apparence ne peuvent donc exister l’une sans l’autre, dans tous les domaines.

L’apparence et

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