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La séparation entre le sacré et le profane

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Par   •  21 Septembre 2018  •  Dissertation  •  1 763 Mots (8 Pages)  •  651 Vues

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Profane / Sacré : La séparation

Platon dit : « Laissez les profanes à la porte du Temple » ! La séparation entre le profane et le sacré se résumerait‑elle à une porte et à la création d’un espace ? Ou bien n’est‑ce pas plutôt une différente manière de voir, de comprendre, bref, un état d’esprit ? S’il est vrai qu’au sein de notre Ordre nous définissons un espace sacré tant par le rituel d’ouverture que par le tracé d’un tableau sur le sol, cela est bien davantage conditionné par une démarche, une recherche, que par les mots du Couvreur : « Les profanes sont écartés, nous pouvons nous livrer à nos travaux en toute sécurité »

Lorsque l’homme primitif a commencé par établir des liens avec son environnement, il a pris conscience de son existence. La fragilité de son existence comparée à la prééminence de ces rapports avec la nature imposèrent à sa raison la place centrale qu’il occupe dans l’univers. C’est donc bien un Homo religiosus qui précède l’Homo sapiens dans l’établissement de nos relations avec le sacré. Savoir relier les forces entre elles établit les bases d’un univers immatériel mais déterminant pour notre affect et donc par conséquent sur nos actes. L’existence la plus falote fourmille de symboles, l’homme le plus réaliste vit d’images. Ainsi considéré l’homme devient lui‑même le lieu de rencontre des deux mondes. Sanctuaire, puisque dépositaire de la conscience de son essence, l’initié est le relais que chaque génération se transmet depuis la nuit des temps.

C’est dans l’étude des évolutions techniques, économiques, de la naissance de nouvelles formes du pouvoir politique, des changements de structures sociales que le phénomène de «désacralisation» apparaît; mais il est plutôt postulé que montré. Mais il suffit de songer à ce que l’on sait de la pénétration du religieux dans le profane pour reconnaître que ce sont les Églises, en séparant radicalement le domaine du sacré, relevant de la loi divine, de celui du profane, relevant du droit naturel et de la morale, qui ont entamé le travail de désacralisation, anéantissant des pans entiers de civilisations traditionnelles.

Etymologiquement, sacré s’oppose à profane. Sacré désigne ce qui est à la fois séparé et circonscrit ( sandre = délimiter, entourer, sacraliser, sanctifier ), tandis que profane indique ce qui se trouve devant l’enceinte réservée ( pro fanum ). II y a donc deux domaines: l’un qui est réglé de manière transcendante, dangereuse et capitale, le sacré, et un autre où l’homme a loisir et liberté de penser et d’agir à sa guise. La vie est constituée par l’équilibre entre ces deux domaines.

Le sacré n’est ni le signe d’un stade particulier de la conscience humaine, ni le fait d’une mentalité primitive mais un élément fondamental dans la structure de la conscience de l’Homo sapiens. Ainsi conçu comme un invariant universel, il se manifeste dans les images, des symboles, des comportements qui s’inscrivent dans les formes historiques particulières. Dans la morphologie du sacré, il faut savoir lever le voile de l’illusion pour révéler la face cachée d’un objet, d’un paysage ou d’un geste rituel, qui deviennent alors autant de manifestations du sacré ; c’est une expérience radicale du « tout autre » qui fait alors irruption dans le quotidien.

L’homme moderne, radicalement sécularisé, se croit ou se veut athée, areligieux, ou tout au moins indifférent. Mais il se trompe : il n’a pas encore réussi à abolir lHomo religiosus qui est en lui ! Cela veut dire qu’il est resté « païen » sans le savoir

Au fond de chaque être humain demeure un besoin, plus ou moins en éveil, de sacralité et de religiosité (Homo religiosus ). Cela explique que l’homme occidental moderne reconnaisse sans effort, dans les temps et les espaces lointains, les phénomènes religieux et sacrés comme tels. Ainsi, ce qui donne un sens humain à toutes choses, c’est précisément ce sentiment diffus du sacré que l’on porte en soi et qui se dévoile ici dans un objet rudimentaire, ailleurs dans une figure de dieu. Ainsi, le sacré se trouve‑t‑il dans notre inconscient collectif. Elle est dans la nature profonde de l’Homme, cette aspiration à un Absolu qu’il ne fait que pressentir. Connaître n’est pas savoir. Savoir est apprendre de l’Autre alors que Connaître est apprendre de soi, dans son rapport avec le monde, de sa propre expérience d’Homme Total, à la fois Homme pensant et Homme vivant. Comprendre l’autre, le lointain, c’est d’abord se (re)découvrir soi‑même et sublimer le temps et l’espace…

Esotérisme / FM.°. : La réunion

L’adverbe grec « Etaco » ( eiso ) signifie « au dedans » . II est indéniable que cet adjectif et le nom « ésotérisme » ont tendu à s’associer étroitement à l’idée de secret au sens d’« occulte » que peut prendre l’épithète. L’enseignement ésotérique d’un philosophe était celui qu’il réservait à ses disciples, s’associant ainsi à la notion d’un savoir réservé : C’est donc l’idée de secret qui frappe évidemment, mais « Ce que les philosophes s’efforcent d’atteindre par une voie détournée et comme par tâtonnement, il faut y parvenir immédiatement, par l’intuition sans laquelle nulle métaphysique réelle n’est possible et hors de laquelle on ne peut saisir qu’une ombre de la vérité » (R. GUENON).

S’il y a bien convergence de toutes les traditions vers un même noyau central de vérités fondamentales, on retrouve la nécessité d’une préalable et complète intégration à l’exotérisme d’une tradition avant de pouvoir espérer accéder à l’ésotérisme qu’elle encercle. Or, la tradition est la transmission (étymologiquement) d’un ensemble de moyens consacrés qui facilitent la prise de conscience de principes immanents d’ordre universel (puisque l’homme ne s’est semble‑t‑il pas donné à lui‑même ses raisons de vivre). C’est pourquoi l’on peut parler d’ésotérisme au sens large lorsque celui‑ci s’enrichit de la dimension théosophique. On peut préciser encore

« L’enseignement concernant l’inexprimable ne peut évidemment que le suggérer à l’aide d’images appropriées … Cela revient à dire qu’un tel enseignement prend nécessairement la forme symbolique ». A l’époque dite archaïque de la Grèce, le Mythos et le Logos ne s’opposent pas l’un à l’autre : en grec, le mythe c’est le mot et « Si le mythe est historiquement faux, il n’en est pas moins psychologiquement réel » (P. DIEL) .

 

Nous avons vu que les symboles permettent de rendre concrètes, sensibles, perceptibles, des vérités transcendantes que le langage serait incapable de formuler et que l’ésotérisme devient ainsi à même de dégager la réalité spirituelle sous‑jacente aux symboles. Mais à cela s’ajoute

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