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La septicémie

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Par   •  30 Janvier 2016  •  Cours  •  3 263 Mots (14 Pages)  •  881 Vues

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La septicémie

Le mot « septicémie » dérive du grec sepein qui signifie corrompre et haima qui signifie sang. Ce terme a été utilisé pour la première fois par le médecin français Pierre-Adolphe Piorry en 1867. Il s’agit d’une infection générale de l’organisme, caractérisée par des décharges importantes et répétées de germes pathogènes vivants dans la voie sanguine. Les septicémies sont très souvent causées par des bactéries mais peuvent être aussi dues à des virus ou des champignons dans de plus rares cas. Voici quelques exemples de bactéries pouvant être à l’origine de septicémies. Et voici, deux photos d’E.Coli et S.Aureus observées au MEB. Il s’agit des agents pathogènes les communément  responsables des septicémies.

 Les bactéries proviennent d’un foyer infectieux initial, se multiplient de façon extracellulaire (restent libre dans la circulation et les tissus) et peuvent créer des foyers secondaires multiples plus ou moins apparents. La septicémie est une affection dangereuse qui touche environ 3 personnes pour 1000 dans le monde entier. Les personnes les plus sensibles à la septicémie sont les nouveaux-nés, les personnes âgées, les immunodéprimés, les toxicomanes, les alcooliques, les porteurs de matériaux biologiques. (ccl : La septicémie peut être diagnostiquée par hémoculture, antibiogramme).  

  • Les types de septicémie

Il existe différents types de septicémies et les plus fréquentes sont celles à point de départ thrombo-embolique. Les localisations des portes d’entrées sont diverses : elles peuvent être urinaire, digestive, cutanée, pulmonaire, gynécologique. Les infractions sont notamment dues à la pose de cathéters, de sondes urinaires, aux intubations ou encore aux trachéotomies. En fait, au lieu de pénétration, il se produit une stase de la circulation et une réaction inflammatoire locale qui va entrainer une vasodilation de l’endothélium vasculaire. Cela va conduire à la formation  d’un caillot qui va être colonisé par les bactéries. Des fragments du caillot vont se disperser, ce qui va donc permettre la migration des bactéries dans la circulation sanguine.

Il existe aussi des septicémies d’origine lymphatique, mais elles sont plus rares. Leur porte d’entrée est essentiellement digestive et les principaux germes qui en sont responsables sont la Salmonella Typhi et Brucella. Après ingestion, les bactéries passent dans les plaques de Peyer, et sont drainées par la lymphe jusqu’aux ganglions mésentériques. Sans être détruites par les macrophages ganglionnaires, elles rejoignent le canal thoracique par les vaisseaux lymphatiques, puis elles passent enfin dans la circulation sanguine.  

Dans le cas des septicémies endocardiques (greffe…), le foyer infectieux de départ se situe d’emblée dans le système circulatoire. Il se trouve le plus souvent sur l’endocarde et les germes se détachent progressivement du foyer pour entrer dans la circulation.

  • Les états septiques

Selon l’évolution de l’infection, on distingue plusieurs états septiques, allant par ordre croissant de gravité :

-le SRIS ou Syndrome de Réponse Inflammatoire Systémique, qui désigne l’ensemble des symptômes survenant lors de la réponse inflammatoire non spécifique de l’organisme. Il se définit par la présence d’au moins 2 signes parmi les éléments suivants :

                -fièvre ou hypothermie

                -une fréquence cardiaque supérieure à 90 bat/min

                -une fréquence respiratoire supérieure à 20 cycles / min

                -le nombre de leucocytes supérieur à 12 000 / mm3 ou inférieur à 4000 / mm3.

        -un patient atteint de sepsis présente les symptômes d’un SRIS avec des signes cliniques observables.

        -le sepsis sévère est un sepsis s’accompagnant d’hypotension, et/ou d’hypoperfusion et/ ou de disfonctionnement d’au moins un organe.

-le choc septique présente l’évolution ultime d’un sepsis non traité. Le patient souffre de sepsis grave accompagné d’hypotension réfractaire au remplissage vasculaire.  (mortel dans 10 à 80% des cas)

I- Reconnaissance des bactéries pathogènes

        1) Pouvoir pathogène des bactéries

Le pouvoir pathogène d’une bactérie est sa capacité à provoquer une maladie et l’intensité du pouvoir pathogène constitue sa virulence. Deux éléments déterminent la virulence d’une bactérie :

  • -le pouvoir de multiplication de cette bactérie (pouvoir invasif)
  • -la capacité à produire des toxines (pouvoir toxique)
  • Le pouvoir invasif est lié à l’existence de plusieurs facteurs favorisant: l’adhérence, l’agression de l’hôte, l’échappement aux défenses de l’hôte.

        - l’adhérence des bactéries aux cellules de l’hôte est un phénomène non spécifique dû aux attractions électrostatiques. Par exemple, elle se fait par le biais d’adhésines comme les pili ou les fimbriae, grâce à des flagelles pour leur mobilité, sécrétion de polysaccharides permettant la formation de biofilm….

        -l’agression de l’hôte. Les bactéries sécrètent des enzymes qui ont un effet délétère sur les composantes des tissus, ce qui favorise leur dissémination. Il s’agit par exemple des protéases qui hydrolysent les défensines (peptides anti-bactériens) ; la hyaluronidase…Les bactéries ont également besoin de se nourrir et pour cela, elles vont sécréter des sidérophores qui vont capturer le fer des hématies.

        - Les bactéries doivent échapper aux défenses de l’organisme. S.Aureus sécrète la protéine A, qui fixe les fragments Fc des immunoglobulines. Certaines bactéries possèdent une capsule qui est une enveloppe externe polysaccharidique, que l’on peut voir sur cette photographie de la souche E.Coli K1. Elle masque les constituants de la paroi vis-à-vis du complément ou des anticorps.

Il peut y avoir une variation antigénique de certains composants. Par exemple, les bactéries à gram – peuvent rapidement changer la nature de l’antigène O du LPS pour échapper à la détection.

Le pouvoir toxique des bactéries est lié à leur sécrétion de toxines. Ce sont des macromolécules (métabolites ou constituants cellulaires) qui peuvent provoquer des lésions cellulaires locales ou des altérations d’activités physiologiques essentielles et l’apparition d’anticorps spécifiques.

Ces toxines peuvent être soit distingue les exotoxines et les endotoxines. Les exotoxines sont de nature protéique, thermosensibles, très immunogènes. Elles diffusent à l’extérieur de la bactérie à un moment donné lors de la croissance bactérienne qui peuvent être de 3 types :

        -toxines à 2 composants. Un 1er composant permet la reconnaissance du composé de la cellule eucaryote, et permet l’entrée du second composant qui possède  le véritable pouvoir toxique (ex : shigatoxine de E.Coli)

        -cytolysines. Ce sont des toxines qui déstabilisent ou rompent les membranes des cellules eucaryotes (ex : phagolysosome, hématies...)

        -toxines de type super antigènes. Il s’agit de protéines capables de se lier aux lymphocytes T CD4 (T helper) et aux protéines du CMH II des cellules présentatrices d’antigènes, qui induisent une hyperstimulation polyclonale Vβ, qui va conduire à une importante production de cytokines (Ex : TSST-1 de S.Aureus). Ce type de toxine est capable de provoquer un choc fatal en quelques heures.

Les endotoxines sont de nature lipidiques, peu sensibles à la chaleur, peu immunogènes. Elles sont libérées lors de la lyse bactérienne; correspondent au lipide A du LPS et peuvent provoquer le choc septique (endotoxinique).

Des facteurs de virulence sont aussi présents au niveau des parois bactériennes. Chez les bactéries à Gram +, le pouvoir pathogène est dû au peptidoglycane, qui recouvre la membrane plasmique et qui renferme des acides téichoiques. Ce sont des polymères de glycérol ou de ribitol reliés par des groupes phosphates. Des acides aminés comme la D-alanine ou des sucres comme le glucose sont attachés au glycérol ou au ribitol. Chez les bactéries à Gram -, la virulence est due au LPS qui est inséré au niveau de la membrane externe.

2) Les récepteurs de reconnaissance des germes pathogènes

L’immunité innée anti-bactérienne est liée à la reconnaissance des motifs moléculaires propres aux micro-organismes par les PRR des cellules de l’hôte. Ces PRR sont notamment les Toll-like Receptor ou TLR et les Nod-like Receptor ou NLR. Ils peuvent identifier spécifiquement des PAMPs qui sont essentiels à la survie des germes. Les PAMPs que j’ai indiqués ici sont les ligands majeurs de ces récepteurs, cela signifie qu’ils sont capables de fixer d’autres motifs comme par exemple les DAMPs.

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