Artifices

Chloé MONGENET et Pauline MAGNIER

Il y a plusieurs siècles, le tatouage remplaçait les habits maintenant il n’est plus utilisé comme tel, il est utilisé pour décorer le corps, cacher des cicatrices du passé, graver à vie une date, un moment, une phrase. En étudiant une photographie, un éloge, un roman et un article la question de l’indispensabilité des artifices pour l’équilibre de l’homme se pose. Cette question évoque que les artifices sont comme des outils de construction identitaire et de socialisation mais qu’ils sont aussi comme des armes de conditionnement.

        Il existe de nombreux artifices comme les vêtements, le maquillage, le look, les tatouages et les piercings. David LE BRETON, anthropologue, sociologue et professeur des universités, évoque ces derniers artifices édités dans l’article de presses universitaires de France « Le corps, la limite : signes d’identité à l’adolescence » en 2005. Pour lui, les piercings et les tatouages sont des marques corporelles, qui sont censés différencier les individus entre eux et leurs permettre d’avoir une plus grande confiance en eux et une estime personnelle plus grande. Ils sont faits pour faire beau, éliminer des complexes du passé.

        Umberto ECO, dans son roman « La Pensée lombaire » en Édition Grasset publié en 1985, parle du passé d’un vêtement que les personnes portent quotidiennement mais pour des raisons différentes. En effet, le blue jeans était un outil de travail appelé bleu de travail qui était très pratique, très utile et très confortable. Aujourd’hui, ils ont pris une valeur esthétique et une coupe bien différente, le jeans est maintenant une seconde peau, il épouse parfaitement la forme du corps, c’est une extension de ce dernier. En outre le jeans est un moyen de se protéger, il devient donc essentiel à son équilibre à sa vie, il est un marqueur identitaire, il définit l’homme en apparence de l’extérieur. Le jeans permet donc de mettre en valeur les formes du corps humain et d’attirer l’œil. Tout comme le fait l’artifice qu’évoque Charles BAUDELAIRE dans son éloge « Éloge du maquillage » paru en 1868. Cet artifice est le maquillage, pour lui, le maquillage sert à mettre en valeur nos traits de personnalité, nos atouts naturels tel que la bouche, les yeux, le nez. Il permet de transcender la nature, la valoriser, la mettre en perspective.

        Dans la photographie, plusieurs punks formant un groupe sont réunis lors d’un festival de musique, le fait qu’ils soient dans un festival montre qu’il y a une grande sociabilité envers les personnes de leur groupe et qu’ils sont souvent réunis ensemble. Tout comme l’évoque U. ECO, c’est un choix personnel libre mais l’individu a tout de même besoin de reconnaissance, d’appartenance à un groupe. Les artifices deviennent une extension du corps, un outil de consommation qui personnalise et donne du caractère. Ceux-ci sont donc une valeur de socialisation mais pour cela il faut respecter les normes et les codes du groupe pour ne pas être exclu. C’est donc un choix conditionné par la société de consommation qui se nomme le consumérisme.

        Les artifices créent un besoin selon les tendances, les modes et deviennent des objets de consommation. Le corps est réduit à un objet d’ornement.

        D. LE BRETON évoque que la société a été conditionnée pour se fier à l’apparence et sans apprendre à connaitre la personne. Pour juger un homme non pas en fonction de ses aptitudes, de ses compétences réelles ni en fonction de sa réflexivité mais plutôt en fonction de ses biens. Le conditionnement des personnes sans artifice va jusqu’au fait qu’il stigmatise, catégorise les personnes ayant des artifices corporels. Comme l’explique U. ECO, le blue jeans était vu comme une tenue décontractée, que l’on mettait pour partir en vacances, mais pas pour sortir. Alors que maintenant quand une personne porte un blue jeans, il lui apporte une prestance, un charisme, une élégance que la personne n’a pas forcément au naturel. Le blue jeans est alors conditionné pour tenir par les hanches et non plus par la taille. U. ECO évoque également les femmes, en disant que le premier rôle de la femme est la séduction, la société impose des codes aux femmes, elles doivent porter des soutien-gorge, elles ont des normes et des attitudes à respecter si elles ne veulent pas être jugées, exclues ou stigmatisées par la société.