Aide a la dissertation : poésie et expression des sentiments personnels
Dissertation : Aide a la dissertation : poésie et expression des sentiments personnels. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresus souvent dans la souffrance.
La poésie est en effet souvent reliée à des sentiments mélancoliques ou de désespoir. Pour Musset, l'inspiration poétique proviendrait même de cette souffrance : "Les plus désespérés sont les chants les plus beaux", dit-il. Le thème privilégié, surtout chez les romantiques mais aussi chez les poètes des courants suivants, est celui de l'amour. Les femmes inspirant cet amour, dans le bonheur ou dans la souffrance, sont parfois devenues de véritables muses, comme Jeanne Duval pour Baudelaire ou Elsa pour Aragon. Apollinaire, dans Le Guetteur Mélancolique, crie sa douleur de ne pas être aimé et apostrophe "ô mon cœur". Les Sonnets de Louise Labbé sont également inspirés par une déception amoureuse.
Le poète est souvent un être malheureux, mais l'amour n'est pas la seule cause de son désarroi. Il s'agit parfois d'un mal plus abstrait, plus profond : le spleen. C'est un état d'insatisfaction générale de l'âme, une sensation de vide, d'inachèvement. Au XIXème siècle, de nombreux poètes ressentent un manque essentiel, un besoin d'idéal ou d'ailleurs qu'ils ne peuvent exprimer qu'à travers la poésie. Baudelaire évoque ainsi dans Spleen les "longs ennuis" et "l'Angoisse atroce", qui qualifient son mal-être, son mal de vivre. En plus de ce dégoût du monde, le poète recherche parfois un idéal, un monde meilleur. Baudelaire, dans le poème Elevation, exprime ainsi son désir d'ascension vers un idéal qu'il ne peut trouver sur Terre. Stéphane Mallarmé, dans Poésies, ressent des tourments si profonds que seule la mort lui paraît libératrice : "j'ôterai la pierre et me pendrai". La poésie se fait alors plainte élégiaque.
Cet art peut également être l'occasion de s'explorer, de se rechercher, comme Rimbaud quand il affirme que "je est un autre". Au début du XXème siècle, Nerval amorce le mouvement du surréalisme, qui donnera naissance à des poèmes insolites, dominés par des métaphores étranges. Les poètes surréalistes sont en quête d'eux-mêmes, et donnent libre cours à leur inconscient notamment par le biais du poème en prose. Cette prose poétique est qualifiée par Baudelaire de "musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme". Il illustre le genre dans Le Spleen de Paris. Verlaine, dans Les faux beaux jours, s'exprime à travers un lyrisme symbolique, personnel, et renvoie à son passé dans un désir de rédemption.
La poésie permet donc ainsi au poète d'exprimer ses sentiments, que ce soit dans l'amour, le spleen ou la quête de soi-même.
Cependant, la poésie n'est pas centrée uniquement sur la personnalité et les émotions du poète. Elle lui permet de faire le lien entre l'homme et la nature, et de mieux comprendre le monde. Quant à la poésie engagée, c'est un outil qui permet au poète d'exprimer ses opinions politiques et d'inciter le lecteur à l'action, afin de changer la société.
Tandis que certains auteurs comme Verlaine refusent que la poésie soit au service d'un engagement et revendiquent "de la musique encore et toujours!", d'autres écrivains se servent de la poésie pour leur militantisme, et mettent la force de l'écriture au service de leurs idées. Cette poésie engagée prend son essor surtout au XIXème siècle chez les Romantiques, après la révolution.
Ainsi, Victor Hugo dénonce Napoléon III dans Napoléon le Petit, et les horreurs de la guerre avec, par exemple, L'Enfant. En effet, la forme poétique renforce la puissance de l'argumentation, permet de susciter colère et pitié chez le lecteur. L'utilisation d'images poétiques telles que "son crâne était ouvert comme un bois qui se fend" dans Les Châtiments, ajoute de l'émotion et augmente les chances de convaincre le lecteur par rapport à une autre forme littéraire.
La poésie peut donc aider le poète à susciter une action, à éveiller la conscience de ses contemporains. Robert Desnos, avec Maréchal Ducono, se sert d'un poème pamphlétaire et satirique pour dresser un portrait virulent du maréchal Pétain. Avec la poésie engagée, le poète n'exprime plus seulement ses opinions et sentiments personnels : il agit pour transformer une société qui le révolte.
En plus des opinions politiques, l'amour de la liberté est un thème fréquent chez les poètes engagés. On peut le constater par exemple dans l'œuvre Poésie et Vérité de Paul Eluard, avec son célèbre poème Liberté, où il nous fait comprendre la notion abstraite de liberté à travers une série d'images concrètes.
Bien qu'elle puisse exprimer des opinions politiques et idéologiques, la poésie reste tout de même une création artistique qui peut également être une clé de compréhension du monde.
Le poète, tel que Baudelaire dans L'Harmonie du Soir, peut faire pour ses lecteurs un lien avec la nature, afin de nous redonner un regard neuf sur le monde, ce qui se retrouve dans le courant de peinture des impressionnistes. Par un système d'échos et de correspondances, que l'on peut remarquer dans les Ariettes du recueil Romance sans paroles de Verlaine, le poète nous montre l'unité qui peut exister dans le monde, le lien entre tous les éléments qui le composent, et peut-être tente de nous révéler une part du mystère de ce monde. Dans le poème en prose Aube, la poésie de Rimbaud a le pouvoir d'illuminer le monde, de le féconder par les images, et ainsi de le réenchanter.
Dans son célèbre poème Correspondances, Baudelaire définit la nature comme un espace où de multiples relations entre les êtres et les objets sont perturbées. Il évoque des "forêts de symboles", qui doivent être restaurés par le poète afin que le monde retrouve son sens. La poésie peut ainsi avoir pour fonction de rénover notre regard sur notre environnement. Le poète est donc presque un être supérieur, privilégié, doté du pouvoir de changer la vision des gens sur le monde. Rimbaud, dans sa Lettre à Paul Demeny, dit ainsi "Le Poète se fait voyant". De même, dans Les Rayons et les Ombres, Victor Hugo assimile la poésie à un intermédiaire entre les hommes et Dieu : "Car la poésie est l'étoile/Qui mène à Dieu
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