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Bon sauvage et bonheur

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chi de tout lien social, entièrement libre certes mais sans contraintes ni lois. Il vit seul, ne reconnait pas ses semblables, il n’a pas développé sa raison, il n’a pas conscience de son existence.

Au contraire de l’homme qui lui possède une conscience est un être de désirs, dont ces derniers évoluent en permanence et une fois satisfait se reportent sur un autre objet. Le désir est en que quelque sorte lié à la souffrance. Car en effet, il est insatiable, il repose sur des objets indistincts et n’est pas seulement le désir d’objet mais également le désir d’être le support de cet objet. Si l’on repense au FATUM du bon sauvage, on constate qu’au contraire l’homme est nécessairement preneur de risques afin de s’intégrer dans la société il n’assume pas totalement son destin. Il a besoin d’être quelqu’un pour exister.

Selon les stoïciens l’homme heureux est celui qui s’abandonne à son destin sans en être affecté. Pour cela, il doit être capable de maîtriser ses passions, comme le plaisir, le déplaisir, la crainte et l’envie afin d’atteindre un état d’apathie qui le laisse libre et maître de lui-même et le met en harmonie avec la nature. Le stoïcisme fait appel à la connaissance comme moyen d’accéder à la vertu. Le bonheur est donc fondé sur l’ascétisme.

• Nature / Culture :

Le bon sauvage est au centre du débat qui oppose les notions de nature et de culture, s’intègre à une série d’interrogations sociales, morales et politiques. Il est utilisé par certains philosophes dans une stratégie du regard extérieur : le monde occidental est découvert par des yeux étrangers, ce qui permet de mettre en relief les anomalies de la société, le conformisme intellectuel et moral.

= > Transition : On peut constater l’évolution du rôle joué par le concept de nature qui devient un instrument de dénonciation de la société, de dérision des mythes que se compose cette société pour compenser ses incohérences.

II ° Le mythe et naïveté

Il est bien connu que l’homme, foncièrement nostalgique, a toujours eu besoin de retrouver son passé: le mythe du bon sauvage lui propose l’image rassurante d’un primitif heureux qui vit du fond des âges en parfaite harmonie avec la nature. Ainsi, ces hypothèses lui permettront d’échapper au réel en voyageant dans des pays imaginaires et bienheureux. Offrant d’autres manières de penser et de vivre, cette utopie chère aux philosophes défend la recherche du bonheur individuel et collectif tout en affirmant déjà les valeurs qui seront proposées quelques années plus tard par la devise même de la Révolution française : «Liberté, égalité et fraternité ». Si elle annonce en quelque sorte le monde rêvé de demain, elle maintient aussi d’anciennes croyances judéo-chrétiennes associées au péché originel : l’homme, dans La Bible, aurait connu le paradis, mais l’aurait perdu après avoir croqué la pomme, symbolisant la connaissance. La chute, associée au mal, se trouve du coup au cœur même du « mythe du bon sauvage » : en effet, l’Européen « perverti », par sa culture énorme et sa quête incessante de savoirs mais aussi par son goût du luxe, aurait donc signé sa propre perte.

• Montaigne réfléchit sur la notion de sauvage face à l’intérêt grandissant que manifestera la société européenne, pour la figure du « bon sauvage » : image idéalisante de l’homme, vivant dans un milieu « naturel », non détérioré par la civilisation ; image favorisée par le goût des voyages, la prolifération des récits de périples lointains.

• Bougainville dans Voyage autour du monde (1771) compose un éloge de la société tahitienne, la rapprochant de cette notion d’état de nature, qui serait non pas le stade d’origine d’une société, mais le produit d’un véritable changement qualitatif qui fait que les besoins premiers des hommes sont satisfaits, sans nécessiter ni travail, ni recherche, ni industrie. Il l’oppose donc à la vie européenne, pervertie et dévoyée.

• Jean-Jacques Rousseau, à travers le Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes, se sert de ce modèle pour imaginer une vie primitive qui serait l’état originel de l’humanité ignorant la propriété, source selon lui de l’inégalité et des malheurs de l’homme civilisé. Pour Rousseau, l’évolution, irréversible, entraîne la perversion de la nature humaine qui est bonne à l’origine.

• Si Voltaire utilise le « bon sauvage » pour dénoncer l’absolutisme, le conformisme politique, religieux et social, dans une société intolérante, injuste et inégalitaire c’est qu’il considère qu’à l’état primitif l’homme n’est pas atteint par ces complexités.

= > Transition : Dans cette perspective, la nature apparaît pour le penseur du XVIIIe siècle comme un motif critique, qui lui permet de réfléchir à sa propre condition d’homme européen, l’utopie n’étant dès lors qu’un fantasme de société idéale. L’éloge de la nature opèrerait donc davantage comme une arme critique contre la civilisation européenne, contre ses mœurs, ses modèles de représentations.

MAIS La plupart des Philosophes n’excluent pas, dans leur interrogation sur l’état de nature, l’éventualité d’un progrès fondé sur l’évolution des sciences et des techniques et le développement des échanges, le progrès devenant parfois un facteur essentiel du bonheur. En effet, avec l’apparition des Lumières au 18ième siècle, l’idéal encyclopédique est à son apogée il s’agit alors que l’humanité se constitue elle-même par son propre savoir et ses propres expériences. L’avenir de l’humanité semblait tout tracé, à savoir que la science et la technique allaient dominer la nature et rendre tout le monde heureux. N’oublions pas que l’ouvrage fondamental du 18° siècle est avant tout l’Encyclopédie qui a su faire preuve d’esprit critique à l’encontre du système politique de l’Ancien Régime. Cette confiance dans la science débouchera au siècle suivant sur le scientisme étant idéologie selon laquelle la science est le seul mode de connaissance valable et qu'elle est supérieure à toutes les autres formes d'interprétation du monde.

III ° Ce que l’occident a perdu

A-t-on déjà vu une civilisation être à ce point obsédée par le malaise, si ce n’est le dégoût, qu’elle génère ? Avant même que l’on parle de structuralisme, Freud avait déjà annoncé la couleur en publiant “Malaise dans la civilisation”. Ce malaise ne va aller qu’en s’amplifiant jusqu’à la nausée, au rejet et à la haine de sa propre civilisation.

Constatons que le « bon sauvage » incarne les aspirations d’une époque, partagée entre des volontés de changement, de progrès, et le sentiment d’une perte, d’une déchéance, la nostalgie d’un paradis perdu.

• Cette idée du bon sauvage remonte finalement à la Bible et à la création du paradis telle qu’on peut la lire dans le livre de la Genèse. L’homme et la femme vivaient au milieu de la nature et des animaux sans se soucier de rien, dans un état de bonheur indescriptible et sans devoir travailler. Pendant que d’autres voyaient dans la civilisation le seul moyen de dominer cette nature. Tant qu’on s’en tenait à la version biblique, il n’y avait pas de problème : Dieu ayant créé l’homme à son image, celui-ci se voyait distingué du reste de la création par son essence-même. Dans la Genèse il est écrit « Remplissez la terre et soumettez

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