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Colonisation

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ête coloniale coûte trop cher. Par exemple, pour le Français Jules Ferry, à l'origine de la conquête coloniale française en Indochine, « la politique coloniale est fille de la politique industrielle ».

• Mais le partage colonial de l'Afrique est surtout motivé par la montée des tensions entre les grandes puissances européennes concurrentes. Chacune aspire, sinon au leadership européen, du moins à la préservation de son statut d'État puissant auréolé de prestige. Ainsi la politique coloniale du Royaume-Uni, État au cœur de l'économie-monde, est à la fois motivée par une volonté de contrôle des grandes routes commerciales (canal de Suez), mais aussi par un désir de conserver le statut de première puissance mondiale.La France, vaincue en 1870 à Sedan, ambitionne de rayonner par la conquête d'un vaste empire, ce qui est aussi l'occasion « d'en découdre » avec l'Allemagne (pour le contrôle du Togo et du Cameroun). Cette dernière veut par ailleurs sortir de son statut de puissance européenne pour bénéficier d'un rayonnement mondial (« westpolitik » : politique mondiale, de Guillaume ii à partir de 1890). L'Italie quant à elle est marquée par le souvenir de l'Empire romain. L'Italie et l'Allemagne sont de surcroît des États jeunes, nouvellement unifiés, et la politique coloniale est une manière de renforcer leur unité en flattant le patriotisme de leurs populations. Le partage de l'Afrique est finalement un moyen pour les puissances européennes de s'affronter loin du sol européen.

• Les raisons économiques, et surtout politiques, sont donc au cœur de la conquête. C'est pourtant la « mission civilisatrice » qui est mise en avant : les Européens auraient ainsi reçu la responsabilité d'apporter la civilisation aux peuples « primitifs » d'Afrique (c'est « le fardeau de l'homme blanc » selon le britannique Rudyard Kipling). Ils prétendent également mettre fin à des pratiques inhumaines comme l'esclavage (les Européens n'y ont pourtant renoncé que peu de temps avant !). Les Européens croient alors que les populations du monde sont divisées en races hiérarchisées , les « races supérieures » ayant une responsabilité sur les autres. Mais cette volonté affichée d'aller répandre la civilisation en Afrique n'empêchera pas une colonisation brutale marquée par des violences à l'encontre de certaines populations autochtones.

La « ruée sur l'Afrique »• Jusqu'en 1881, l'Afrique n'est que très peu colonisée et une grande partie de son territoire reste inexplorée (« terra incognita »). Cette situation connaît deux exceptions : l'Afrique du Sud, qui est convoitée par le Royaume-Uni depuis 1814 (elle a été initialement colonisée par des Néerlandais, les Bœrs – aujourd'hui Afrikaners –), et l'Algérie, conquise par les Français entre 1830 et 1854 à la suite d'un différent avec le dey turc. À partir de 1870, on y favorise l'implantation de colons français pour consolider la conquête. En dehors de ces deux colonies, il y a bien des comptoirs commerciaux et des points d'appuis sur le littoral africain (principalement autour du Golfe de Guinée : héritage du commerce des esclaves) mais le cœur du continent n'a pas encore été exploré par les Européens.

• Les années 1880 se caractérisent par un changement net dans la politique des États européens face à l'Afrique : la relative « indifférence » de ces derniers vis-à-vis de l'essentiel du territoire africain cède la place à une course à la conquête, marquée par la compétition entre États : c'est le « scramble for Africa » (« la ruée sur l'Afrique »), dans le cadre de l'idéologie du nouvel impérialisme européen.Le point de départ de cette « ruée » est la mise en place d'un protectorat français en Tunisie en 1881. La Tunisie est proche du détroit de Gibraltar, un point stratégique pour le contrôle des routes maritimes depuis l'ouverture du canal de Suez par le Français Ferdinand de Lesseps en 1869. Inquiet de perdre le contrôle de la route des Indes depuis la construction du canal par les Français, le royaume d'Angleterre avait déjà racheté en 1875 les actions du chef d'État égyptien dans la société du canal. En 1882, ils occupent militairement la zone. Des explorateurs européens comme Livingstone ont déjà largement cartographié le continent : les Français entament une conquête de l'Afrique de l'Ouest vers l'Afrique de l'Est, les Britanniques de l'Afrique du Nord vers l'Afrique du Sud, les autres États européens se partagent le reste. Les armées coloniales sont souvent plus puissantes que les armées locales (l'Afrique est une mosaïque de petits royaumes qui peinent à s'allier) : la conquête est assez rapide. La compétition entre puissances coloniales ne donne jamais lieu à une guerre entre elles : la colonisation de l'Afrique a été organisée lors de la conférence de Berlin (1884-1885). Il y a cependant des crises ponctuelles sur le terrain, comme celle de Fachoda en 1898, entre la France et le Royaume-Uni, ou celle qui oppose la France et l'Allemagne sur le protectorat du Maroc. Toutes sont réglées par la diplomatie.

• En 1914, un seul État africain indépendant subsiste : l'Éthiopie, qui a vaincu l'Italie en 1896. Deux grands empires se partagent la plus grande partie de l'Afrique : l'empire britannique et l'empire français. La Belgique possède le Congo ; l'Allemagne le sud-ouest africain (Namibie actuelle), le Togo et le Cameroun ; le Portugal domine l'Angola et le Nyassaland (Mozambique).

• Dans les pays colonisateurs, la conquête a longtemps été considérée comme une source de dépenses inutiles par beaucoup de politiciens, tout en ne provoquant au mieux que de l'indifférence dans la majorité de la population. Mais la situation change à partir des années 1890. Les partis coloniaux de chaque État mènent une politique active de promotion de la colonisation au sein du monde politique et de la population. Ces partis sont composés de politiciens, mais aussi d'hommes d'affaires, de missionnaires, d'explorateurs… Après avoir été dénigrée, la colonisation s'impose et participe au développement des patriotismes. Mais la conquête ne suffit pas : les puissances coloniales doivent désormais administrer leurs colonies.

2. L'Empire français au moment de l'exposition coloniale de 1931 : réalités, représentations et contestations

En métropole, la propagande et la guerre ont fait triompher le colonialisme• En 1931, lors de l'apogée de l'Empire français, une grande exposition coloniale s'ouvre dans le Bois de Vincennes (à la Porte dorée) : elle fait suite à la célébration du centenaire de l'Algérie en 1930. Organisée par le maréchal Lyautey (qui a eu une part active dans la conquête), elle s'étale sur plus de 110 hectares où ont été construits des monuments représentant chaque colonie africaine et asiatique de la France. Mais on y trouve aussi les pavillons des grandes entreprises comme Suez, des représentants des missions catholiques et protestantes, et des « indigènes » exhibés devant les 8 millions de visiteurs venus faire le « tour du monde en un jour » et par là même faire le tour de la « plus grande France ».Cette exposition coloniale est symbolique de la propagande coloniale en France métropolitaine : l'objectif est de flatter les visiteurs français en faisant une démonstration de l'expansion et de la puissance d'un Empire de plus de 12 millions de km2 et de plus de 60 millions d'habitants (avec la métropole : 100 millions d'habitants). L'exposition fait aussi la promotion de la « mission civilisatrice » française dans ses colonies au travers des missionnaires présents, mais aussi de l'intérêt économique des colonies en temps de crise, tant du point de vue des matières premières que des débouchés commerciaux (présence d'entreprises métropolitaines et d'industriels coloniaux). On ne manque pas non plus d'inviter à l'exposition le futur roi d'Angleterre (Georges VI), dans un pur esprit de compétition entre les deux plus grands empires mondiaux.

• La propagande coloniale est véhiculée dans l'opinion publique par ce type d'exposition, mais aussi par l'école où on apprend aux écoliers français la grandeur de l'Empire. La Première Guerre mondiale a eu une influence décisive dans la popularité l'empire : les colonies ont fourni plus de 550 000 soldats venus « mourir pour la France » dans les tranchées européennes, et plus de 180 000 travailleurs (beaucoup d'Asiatiques) ; le traité de Versailles a aussi permis à la France de récupérer des colonies allemandes (Togo, Cameroun, Syrie, Liban sont des mandats français). L'image du tirailleur sénégalais est diffusée depuis lors sur les boites de chocolat : les colonies et leur exotisme sont à la mode et influencent la publicité mais aussi l'art, la littérature et le cinéma populaire. Ainsi, des stars françaises comme Jean Gabin tournent dans des films qui popularisent une vision exotique des colonies (par exemple, la casbah d'Alger dans Pépé le Moko). À l'exception du parti communiste, les partis politiques participent au consensus colonialiste : la droite nationaliste longtemps rétive est séduite par l'image de puissance qu'il procure à la France, la gauche se contente

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