Dissertation Sur Le Théâtre Et Sa Représentation.
Mémoire : Dissertation Sur Le Théâtre Et Sa Représentation.. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresur intemporelle et intense qu'on peut encore voir dans Roméo et Juliette de Shakespeare.
B. Elle met en scène des conflits sociaux tout à fait réels.
Une pièce ne semble pas seulement naturelle parce qu'elle copie des sentiments universels, elle peut aussi se pencher sur des conflits sociaux observables par le spectateur dans sa vie de tout les jours. Ainsi, le Dernier Caravansérail, mis en scène par A. Mnouchkine , traite de la situation des réfugiés politiques, des difficultés quotidiennes des demandeurs d'asile. Cette question était tout à fait d'actualité au moment de la fermeture du camp de Sangatte, dans le nord de la France. Le domaine du théâtre vient ici se confondre avec la réalité.
C. Les acteurs se servent de leur propre expérience pour jouer.
Enfin, outre les sentiments et les situations qui semblent directement inspirés de la réalité pour être mis en scène, le jeu même de l'acteur semble consister à s'inspirer du réel, de son propre vécu pour exprimer des émotions. Stanislavski, metteur en scène russe, suggérait à ses élèves , pour jouer le désespoir , de visualiser une situation dans laquelle ils avaient éprouvé ce sentiment, un deuil par exemple. Il encourageait le comédien, par cet exercice intellectuel à "retrouver le ton de la vie" ( La Répétition, J.Anouilh) sur scène. Le bon acteur serait donc celui qui est sur scène comme dans la vie, qui exprime des émotions qu'il a vécues , de la façon dont il les a vécues.
Ainsi, les représentations théâtrales présentent des personnages qui éprouvent des sentiments communs, proposent un regard sur des conflits sociaux réels , mettent en scène des acteurs qui cherchent à faire ressurgir des émotions qu'ils ont réellement ressenties : dès lors, le naturel théâtral semble bien-être, que ce soit du point de vue des intrigues ou de la mise en scène , ce qui s'apparente à la réalité. Pourtant, si le théâtre copie la réalité, il ne la reproduit pas parfaitement.
II. Mais en réalité, ce qui apparaît vraisemblable au théâtre n'est pas le vrai.
A. Les artifices de la mise en scène.
En effet, ce qui nous apparait vraisemblable au théâtre n'est pas forcément conforme à la réalité. Tout d'abord, de nombreux éléments de la représentation se démarquent du réel. Ainsi, les décors doivent s'adapter à la taille et à la configuration de l'espace scénographie. Imaginez le plateau de la cour d'honneur , à Avignon, transformée en un salon bourgeois ! Les chaises et la table, le canapé et l'armoire, d'une taille tout à fait habituelle , apparaitraient aux spectateurs des derniers rangs ridiculement petits ! On ne peut donc pas transposer un décor réel sur une scène de théâtre , il faut l'adapter. Il en est de même pour les costumes. Au XVIIème siècle on joue les tragédies antiques en costumes contemporains. Ainsi, Titus est vêtu d'un pourpoint à rubans et d'une perruque digne de Louis XIV lui-même. Cela semblait naturel au public de l'époque , qui eût jugé choquant de voir un Titus en toge, pieds nus dans des sandales. Le naturel est donc plus affaire de convention que de réalisme. Ajoutons que le jeu des acteurs obéit lui aussi à des conventions. Si les acteurs parlaient sur scène comme ils s'expriment hors scène, seuls les spectateurs des premiers rangs pourraient les entendre : ils doivent crier, insister sur certains mots pour les rendre audibles. Quant à la gestuelle de l'acteur, elle doit être visible et expressive. Le geste qui consiste à se cacher le visage de ses mains pour signifier que l'on pleure apparaitrait légitimement exagéré dans la vie quotidienne, il est tout à fait naturel au théâtre. L'acteur n'agit donc pas naturellement. Cela est tout à fait sensible dans L'Esquive qui présente des adolescents jouant une pièce de Marivaux, le Jeu de l'amour et du hasard. Un des comédiens , censé incarner Arlequin, n'a accepté son rôle que pour séduire une de ses camarades, qui joue Lisette, mais il se refuse à jouer la comédie et reste naturel. Il se comporte dans la pièce comme dans la vie et pourtant c'est lui qui est le plus faux, au point que le professeur- metteur en scène est obligé de choisir un autre comédien pour le rôle. La représentation même dans ce qu'elle a de plus naturel, est donc un univers d'artifices. De plus, tout dramaturges respectent les règles de vraisemblance.
B. Des intrigues qui n'ont rien de naturel.
Le naturel des intrigues ne semble pas non plus pouvoir se confondre avec le réel. D'une part, les intrigues théâtrales opèrent un processus de condensation. Il n'est pas question de montrer sur scène toute une vie par exemple, l'auteur se focalise sur la période la plus dramatique. Ainsi, au lieu de peindre tout le règne de Néron, Racine choisit dans Britannicus de montrer au spectateur le moment où l'empereur bascule dans le mal, en commettant ses premières exactions, l'enlèvement de Junie, l'assassinat de son demi-frère. D'autre part , comme le signale le comte dans la Répétition de J.Anouilh "c'est très joli la vie mais cela n'a pas de forme. L'art a pour objet de lui en donner une précisément et de le faire par tous les artifices possibles". En effet, la vie est le temps du hasard, le théâtre est celui de la logique : tous les événements doivent s'enchaîner logiquement de la scène d'exposition au dénouement , sous peine de désarçonner le spectateur. Il apparaît naturel au spectateur que Cyrano, dans la pièce d'Edmond Rostand , dissimule pendant quatorze ans son amour à Roxane, sous prétexte qu'il l'a promis à Christian. Une telle fidélité à la parole donnée semblerait dans la réalité tout à fait invraisemblable ! Le théâtre
...