Est-Il Plus Efficace De Traiter Des Sujets Graves Sur Un Ton Léger Et Humoristiques Ou Sur Un Ton Sérieux ?

accentue pas le dramatisme d’un sujet qui l’est pourtant de nature. Il s’agit ici d’un enfant d’une dizaine d’années, atteint d’une leucémie. À l’hôpital il fait la connaissance de Mamie-Rose, la « dame rose », qui travaille là pour réconforter les enfants malades. Elle l’encourage à écrire des lettres à Dieu en lui demandant un vœu par jour. Le récit qui pourrait être véritablement sombre et morose est en réalité tout le contraire. Pour aider Oscar à prendre plaisir au reste de sa vie, Mamie-Rose invente un jeu dans lequel un jour compte pour dix ans, afin de lui faire connaitre toutes les étapes de la vie. Le lecteur est donc attendri par l’histoire sans pour autant être abattu. Cependant, d’autres auteurs préfèreraient traiter ce genre de sujets avec un ton grave.

Si certains écrivains choisissent une plume sérieuse pour leurs œuvres, c’est tout d’abord pour être pris au sérieux. Dans J’accuse… !, Zola se doit de l’être. En effet, il décide de prendre la défense d’Alfred Dreyfus, accusé à tort pour des raisons antisémites. L’écrivain décide de comparaitre aux assises afin qu’un nouveau procès puisse se dérouler. Par le biais de l’ « Aurore », le journal dans lequel il fait paraitre certaines chroniques, il dénonce publiquement, en citant le nom de dix fauteurs étant coupables de l’incarcération injuste de Dreyfus. Zola sait que cette publication est interdite comme il l’écrit à la fin de son article et sera condamné à l’exil. Sa parution a donc forcé les lecteurs à réfléchir sur les accusations qu’il portait.

La Rochefoucauld adopte le genre de la maxime qui a pour but d'exprimer une vérité de façon concise, paradoxale et brillante. Il se sert de ce moule plaisant pour développer une morale profonde et lucide. Dans Réflexions ou Sentences et maximes morales, il montre comment toute action s'explique par le jeu de l'amour-propre, pulsion instinctive qui pousse chaque individu à tout ramener à soi, à raisonner en fonction de son propre intérêt. L’auteur veut donc pousser ses lecteurs à réfléchir sur sa théorie et s’appuie sur sa propre expérience, étant issue de la haute aristocratie. Il développe ainsi une philosophie pessimiste reposant sur l'idée que l'être humain est incapable de rechercher l'absolu et d'aspirer à l'idéal du bien. La Rochefoucauld souhaite donc dénoncer une réalité.

C’est aussi le cas de George Orwell dans La Ferme des Animaux. Un jour les animaux, animés par les idéaux d'un vieux cochon, Sage l'Ancien décident de se révolter contre leur maître dans l’espoir de mener une vie autonome dans l’égalité, l’entraide et la paix entre tous. La ferme tombée entre leurs mains est gérée dans le respect des sept commandements qui prônent le pacifisme tout en définissant les spécificités des animaux présentées comme une richesse. L’ennemi est clairement pointé, l'homme doit disparaître, la cohésion se crée autour de cette menace. Les cochons sont très vite amenés à prendre le pouvoir, asservissant les autres animaux, utilisant leur intelligence supérieure pour manipuler leurs craintes et modifier le passé à leur avantage. Les idéaux sont très vite dénaturés, les principes généreux insensiblement dévoyés. Un dictateur émerge, chasse son principal rival Boule de neige, exécute les « traitres » pour assoir son pouvoir. Il instaure rapidement un culte de la personnalité et tient ses congénères dans un état de soumission les épuisant dans un travail harassant. Il conserve cependant leur espoir, fixe un objectif inatteignable, leur promettant une vie meilleure, les maintenant dans cette utopie. Orwell propose une satire de la Révolution russe et une critique du stalinisme.

Selon le but de son œuvre, l’auteur