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L'Analphabétisme

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i elle ne peut à la fois lire et écrire, en le comprenant, un énoncé simple et bref se rapportant à sa vie quotidienne ». L’Unesco soutenait ainsi l’idée d’une « éducation fondamentale », principalement centrée sur les compétences en lecture et en écriture. Analphabète était alors un terme « générique », qui ne considérait pas le parcours (scolaire) de la personne.

Dans les années 1960-1970, l'alphabétisme a de plus en plus été considéré comme une condition nécessaire de la croissance économique et du développement national. En 1965, le Congrès mondial des ministres de l'éducation sur l'élimination de l'analphabétisme a mis en avant le lien existant entre alphabétisme et développement, et proposé pour la première fois le concept d'alphabétisme fonctionnel : « L'alphabétisation doit être considérée non comme une fin en soi mais comme un moyen de préparer l’homme à un rôle social, civique et économique qui va au-delà des limites de la forme rudimentaire de l'alphabétisation consistant simplement à enseigner la lecture et l’écriture. »

En 1978, l’UNESCO adopte une définition de l'analphabétisme fonctionnel, toujours en vigueur: « Une personne est analphabète du point de vue fonctionnel si elle ne peut se livrer à toutes les activités qui requièrent l’alphabétisme aux fins d’un fonctionnement efficace de son groupe ou de sa communauté et aussi pour lui permettre de continuer d’utiliser la lecture, l’écriture et le calcul pour son propre développement et celui de la communauté. »

Jusqu’au début des années 1980, l'analphabétisme était considéré en France comme un problème réglé, qui ne concernait plus que la population immigrée d'Afrique. En fait, dans ce cas, il s'agissait plus du problème d'insuffisance en français comme seconde langue.

En 1981, le rapport Oheix sur la pauvreté soulignait le fait que beaucoup de Français avaient des compétences limitées en lecture et en écriture. L’association ATD Quart-monde créa à la même époque le terme « illettrisme », afin de différencier les Français pauvres aux compétences limitées en lecture et en écriture, et les travailleurs immigrés qualifiés d'analphabètes. Le terme « illettrisme » fut utilisé pour décrire une personne ayant suivi le cycle de l'école primaire française sans pour autant y avoir acquis les compétences requises.

Définitions nationales

Les conceptions de l'alphabétisation et de l'alphabétisme au niveau des nations tendent à ressembler à celles présentées par l'UNESCO, mais il subsiste néanmoins des variations intéressantes. Ainsi, une enquête fut réalisée par l'UNESCO dans 105 pays entre 1993 et 2004 pour objectif de déterminer les différentes définitions nationales. Environ 80 % des pays définissent l'alphabétisme comme la « capacité de lire et ou d’écrire un énoncé simple dans une langue nationale ou une langue autochtone. »

Selon les pays, l'alphabétisme peut être défini par l'aptitude à lire facilement ou difficilement une lettre ou un journal, l'aptitude à lire et écrire des phrases simples (dans certaines langues ou dans une langue quelconque) ou encore dépendre du niveau d'instruction atteint. Au Mali, quelqu'un est considéré comme analphabète s'il n'a jamais été scolarisé, même s'il sait lire et écrire. En Chine, quelqu'un est considéré comme alphabète s'il connaît un minimum de 2 000 caractères dans les zones urbaines, 1500 dans les zones rurales.

B – Les différents types d’analphabétisme

Selon la définition contemporaine, l'analphabétisme est une faible capacité de traitement de l'écrit qui nuit au bon fonctionnement en société, tant sur le plan personnel que social et professionnel. Nous n’incluons donc plus dans cette définition seulement les personnes qui ne savent ni lire, ni écrire encore moins calculer.

Il faut distinguer l'analphabétisme en pays industrialisé de celui que l'on retrouve dans les pays en voie de développement. A partir des données d'une enquête menée par Statistique et selon les spécialistes de la question, on peut de façon très simple situer à trois niveaux l'analphabétisme :

Les analphabètes complets : C’est en quelque sorte le noyau dur de l'analphabétisme en pays industrialisés. Incapables de lire la plupart des documents écrits courants, ils ne reconnaissent que les éléments de base, soit leur Permis de Conduire ou l'étiquette d'un mode d'emploi. Ce groupe comprend aussi les gens souffrant d'incapacités intellectuelles.

Le deuxième niveau, regroupe les analphabètes dits fonctionnels et les dyslexiques. Ils peuvent reconnaître les mots, mais avouent avoir de la difficulté à comprendre le matériel de lecture usuel. Dans une classe, ils seraient au même niveau que les élèves du deuxième cycle de l'école primaire.

Le troisième degré est relatif aux autres analphabètes qui réunit ceux qui peuvent lire, mais dans un nombre limité de situations. (Il faut que le matériel soit court et les tâches à effectuer très simples). Ces personnes ne lisent pas à la maison et évitent les situations de lecture. Les chiffres sont alarmants : de 19 à 38 % d'analphabètes au Québec. En France, plus de trois millions de personnes vivent en situation d’illettrisme, soit près d'une personne sur dix, âgée de 18 à 65 ans et ayant été scolarisée en France. Selon les derniers chiffres rendus publics, début juin, par l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI). En Afrique et dans les pays pauvres, les chiffres sont intolérables.

C - Les causes de l’analphabétisme

Les raisons pouvant expliquer qu’il y ait un si grand nombre de personnes analphabètes sont diverses :

a) Sociopolitiques

L’exclusion, la pauvreté, la condition de vie matérielle difficile et précaire, le sentiment de fatalisme et la non

utilisation des savoirs.

b) Scolaires

Le parcours scolaire chaotique (changements fréquents d’écoles, absentéisme) et le sentiment de rejet par

l’école (dû à la culture par exemple).

c) Autres causes

- Socio-familial : Niveau socio-économique, condition du logement, intérêts des parents pour l’école.

- Personnel : Maladie et problèmes affectifs

- Géographique : Banlieues, zone rurale et éloignement de l’école.

Mais, quelles en sont les conséquences ?

D- les conséquences

Dans un monde où la lecture et l'écriture sont des outils incontournables pour fonctionner en société, ne pas pouvoir maîtriser le code écrit a des incidences dévastatrices :

la pauvreté

L'analphabétisme n'est pas un phénomène isolé. Il est lié à la pauvreté, à la misère et à l'exploitation. Il est d'ailleurs intéressant de constater que, dans la plupart des pays, les cartes de l'analphabétisme et de la pauvreté se superposent. Cela n'est évidemment pas l'effet du hasard : l'analphabétisme est à la fois un problème particulier et le symptôme d'une situation économique, politique, sociale et culturelle. Au Québec, et ailleurs l'analphabétisme est directement lié à la division sociale du travail. Les personnes analphabètes constituent une main-d'œuvre peu qualifiée, une réserve de travail que le capital utilise au gré des fluctuations du système économique. Ce sont en majorité des travailleurs et des travailleuses non qualifiés, des chômeurs et des chômeuses, des travailleurs et des travailleuses occasionnels, ainsi que des bénéficiaires de l'aide sociale. Par conséquent, l'analphabétisme n'est pas un accident historique.

Quant aux perspectives d'avenir, elles ne sont pas roses. La mondialisation, le libre-échange, le capitalisme sauvage (dans le sens de « non encadré par l'État ») ne profitent qu'à une minorité de privilégiés. Chaque jour, des usines ferment et des gens perdent leur emploi, tandis que les grandes compagnies et les banques font des profits records. Les politiques économiques de nos gouvernants provoquent l'appauvrissement de milliers de personnes tout en augmentant l'écart entre les plus riches et les plus pauvres.

L’exclusion

Ainsi, pour une personne analphabète :

Avoir besoin d'aide pour lire sa correspondance ou pour remplir une demande d'emploi, c'est être dépossédée de son autonomie;

Ne pas chercher un meilleur emploi par peur d'affronter l'inconnu, c'est être dépossédée de sa liberté;

Ne pas avoir accès à des renseignements sur des services aussi essentiels que la pension, les rentes, la santé ou l'aide sociale, c'est être dépossédée de ses droits de contribuable;

Être limitée dans l'exercice de ses droits fondamentaux,

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