«La Symphonie Pastorale Entre Récit Écrit Et Récit Filmique.
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5.3. Scène de confrontation entre Jacques et le Pasteur....................................... 58
5.4. La mort de Gertrude. Scène finale du film.................................................... 62
CONCLUSION.............................................................................................................64
BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………67
ANNEXES ….............................................................................................................. 69
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Introduction
Le cinéma, c'est l'écriture moderne dont l'encre est la lumière.
Jean Cocteau
La littérature semble être «l'ancêtre» du septième art: le cinéma. Biensûr, il n'y a
pas de corrélation directe entre les deux mais on sait très bien que l'art cinématographique
s'est beaucoup inspiré de la littérature dès ses débuts. En effet, les adaptations
cinématographiques des textes littéraires célèbres prouvent cet aspect important de la
parution du cinéma au XIXème siècle.
Alors, l'adaptation est devenue «le terrain d'affrontement, non seulement des deux
arts, mais aussi de deux façons d'approcher le réel, avec ou sans le filtre de la raison
conceptuelle.»1 Mais la question qui nous intéresse sera plutôt: comment porter à l'écran un
texte littéraire classique? Quels sont les aspects propres au texte littéraire et aussi ceux
propres au cinéma? Quelle est la meilleure adaptation: celle qui traduit avec fidélité le
littéraire ou celle qui s'éloigne de la littérature et introduit une vision différente du texte
d'origine?
Par le présent mémoire, nous avons envisagé de créer le lien entre la littérature et
le cinéma en choisissant un texte littéraire écrit par André Gide et le film homonyme,
réalisé par le cinéaste Jean Delannoy. La première partie du travail comportera une
première approche littéraire du roman La Symphonie pastorale du célèbre écrivain. Les
thèmes abordés et le trame narratif du roman gidien nous semble très importants pour
connaître le texte d'origine à partir duquel Delannoy a réalisé un film. Aussi, nous allons
aussi analyser les traits caractéristiques de l'écriture de Gide et la place de l'instance
narrative dans le discours, ce qui nous semble significatif pour comprendre le point de vue
subjectif du discours dans le roman qui prend la forme d'un journal intime.
1Jeanne-Marie Clerc, Monique Carcaud-Macaire, L’adaptation cinématographique et littéraire, Klincksieck,
Paris, 2004, p. 37
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Ensuite, la seconde partie est consacrée à l'analyse du film de Jean Delannoy, film
avoir obtenu la reconnaissance du public à Cannes en 1946. Dans cette partie du mémoire,
je souhaite faire une brève présentation des types d'adaptations cinématographiques
existantes et aussi des critères qui suscitent l'approbation ou le désaccord des critiques du
cinéma. Après, une analyse quantitative et qualitative du film La Symphonie pastorale
semble apporter tous les éléments qui répondent à nos questions de base: comment traduire
au cinéma un texte littéraire classique? Quels sont les procédés cinématographiques qui
remplacent ceux littéraires sans avoir le sentiment d'une trahison du texte?
Pour illustrer cette partie théorique du mémoire, nous envisageons analyser
quelques séquences filmiques pour montrer avec clarté la différence des points de vue
entre le livre et le roman.
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CHAPITRE I
1.André Gide au cinéma
La Symphonie Pastorale est rendue célèbre grâce au film de Jean Delannoy en
1946. Le point de départ de cette adaptation cinématographique est le roman écrit par
André Gide en 1919. Le sujet du roman prend ses ressources des oeuvres antérieures de
l'écrivain et aussi d'une idée datant depuis plus d'une dizaine d'années qu'il voulait
transcrire dans une oeuvre littéraire portant sur l'éducation d'une aveugle.
La carrière littéraire de Gide est incontestable, il a écrit des dizaines de romans,
de traductions et de correspondances littéraires pendant sa vie, parmi lesquels on
mentionne: Les Nourritures Terrestres (1897),La Symphonie pastorale (1919), Les
Faux-monnayeurs (1925), Si le grain ne meurt (1926) et bien d'autres. L'influence de
Gide a été immense: il est bien, selon les mots de Malraux, "le contemporain capital"
de tous les hommes nés à la vie intellectuelle et sensible entre 1920 et 1935. A la fois
«classique et insolent, puritain et immoraliste, attentif à lui-même et engagé dans son
temps, Gide vit ses contradictions dans l'inquiétude, mais il les vit jusqu'à la plénitude.
De même, son oeuvre n'assume un héritage que pour mieux en bouleverser le contenu et
les lois»2.
Ce que ne l'on sait pas d'André Gide est son fascination pour le septième art: le
cinéma. Même si l'écrivain est mort au moment de la naissance de la Nouvelle Vague3
et il n'a pas pu connaître l'oeuvre de Truffaut, Godard, Rivette; il a été un grand amateur
de cinéma dès sa jeunesse, il a vu au total environ cent cinquante films4 pendant sa vie.
A partir de l'année 1925, André Gide a joué un rôle très important dans la carrière
2 http://www.memo.fr/Dossier.asp?ID=1307
3 «Dénomination appliquée dès 1958 par la critique à de jeunes cinéastes qui affirment la primauté du
réalisateur sur le scénariste et défendaient un cinéma d'auteur, expression d'un regard personnel.» dans
Dictionnaire Le Petit LAROUSSE illustré en couleurs, Paris, 2000, p. 1574
4Cameron Tolton, «Gide au cinéma», Bulletins des amis d'André Gide, n°107, juillet 1995, p. 377-409 dans
Serges Cabioc'h et Pierre Masson, «Gide nouvelle vague», Gide aux miroirs, Le roman du Xxe siècle, Presses
Universitaires de Caen, Caen, 2002, p.143
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cinématographique de Marc Allégret, il a exercé plusieurs fonctions pour le soutenir:
scénariste, acteur, auteur, critique et aussi mentor.
Pourtant, l'adaptation cinématographique de l'oeuvre gidienne La Symphonie
pastorale n'a pas été appréciée par les adeptes de la Nouvelle Vague. En effet vivement
critiquée parce qu'elle traduisait à l'écran une copie fidèle du livre, fait inconcevable
pour la doctrine de la Nouvelle Vague qui proclamait l'authenticité et l'originalité
cinématographique. C'est curieux, mais les mêmes cinéastes s'intéressaient aux romans
d'André Gide et il incarnait à leurs yeux «le rapport intime, essentiel et ressenti entre
l'écrivain et son texte, l'oeuvre comme expression authentique et indéniable, spontanée
dans
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