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Par son consentement au néant et à la culpabilité, il se place hors du temps et révèle en cela ses rapports étroits avec le jansénisme. Justement, les « Messieurs de Port-Royal » vivent en-dehors de la société, reclus, acceptant le silence du dieu « caché » dans l'espoir de la rédemption. D'ailleurs, dans le cadre de l'éducation qu'il transmet à ses filles, Madeleine et Toinette, c'est à « un homme qui appartenait à la société qui fréquentait Port-Royal, Monsieur de Bures » qu'il fait appel. M. de Bures leur inculque « les lettres, les chiffres, l'histoire sainte et les rudiments du latin » (p. 10), en toute fidélité avec ces convictions.
Ainsi, M. de Sainte Colombe, bien que n'étant pas janséniste à proprement parler - il aurait été protestant -, présente des liens étroits avec le jansénisme. Surtout, il se montre étranger à tout rapport sociétal.
II] Le refus proclamé de la vie en société
Le héros du roman ne crée en rien un débat théologique : l'épisode clé faisant de Sainte Colombe un être reclus, c'est en évidence la mort de sa femme. De fait, « Monsieur de Sainte Colombe ne se consola pas de la mort de son épouse » (p. 9). Sa mort le fit s'éloigner de tout divertissement, mais, surtout, de « la religion » (p. 17), et ce de façon quotidienne. Tout au long du roman se reflète en M. de Sainte Colombe le portrait de l'ascète sourd à son époque. Ainsi, lorsque M. Caignet, « joueur de viole attitré de Louis XIV » (p. 24), se présentait à Sainte Colombe, ce dernier lui répondit : « Vous direz à sa Majesté que son palais n'a rien à faire d'un sauvage qui fut présenté au feu roi son père il y a trente-cinq ans de cela » (p. 26).
C'est l'irritation d'un monde fait de fastes qui l'envahit. Il ironise sur les propos de l'abbé Mathieu, au chapitre V, qui trouve sa fraise Louis XIII démodée. Il rétorque : « c'est moi qui suis passé de mode » (p. 29); il accepte donc cette façon de vivre. De la même manière, « blême et furieux qu'on l'eût dérangé dans sa retraite », il répond à Caignet « qu'il ressentait du dégoût pour ce monde » (p. 25). Toutefois, en apprenant cela, le roi y voit l'adhésion consciente à l'hérésie janséniste (p. 32), qualifiant alors le personnage proche de Port-Royal d' « une espèce de récalcitrant ». Tel un moine, Sainte Colombe fait « vœu de silence », scellé par la culpabilité, en plus de son éloignement de la société. Effectivement, « il ne pouvait contenir le regret de ne pas avoir été présent quand sa femme avait rendu l'âme [...]. Il n'ouvrit pas la bouche mais ne vit plus personne » (p. 11). A ce mutisme grandissant – « on ne pouvait plus lui tirer un mot » (p. 16), « il s'excusa une autre fois auprès d'elles de ce qu'il ne s'entendait guère à parler » (p. 17) – correspond d'une part la composition du Tombeau des regrets mais aussi d'autre part cette volonté de se perfectionner dans l'art de la viole, sans oublier enfin la préservation constante de son intimité avec son épouse morte, Madame de Sainte Colombe : ainsi, il entend encore sa voix, « une voix basse, du moins contralto » (p. 49).
Par conséquent, nonobstant ce retrait de la société mis en exergue par son silence, il s'ouvre à la musique et au travail perpétuel. Surtout, il exprime ses passions avec zèle.
III] Un être de passion plus que de raison
Bien qu'ayant fait vœu de détachement, M. de Sainte Colombe subit les passions de l'âme et de la chair, conséquences du péché originel. Son comportement est changeant : tantôt maladroit, tantôt attentionné, il est aussi coléreux et même violent. Ainsi, il n'hésite pas à châtier ses filles, les laissant livrées à elle-même « dans le cellier ou dans la cave, où il les oubliait » (p. 18). Il se montre aussi strict avec Marin Marais, son élève, qu'il congédie une première fois après avoir brisé sa viole (p. 67), la fois suivante en le frappant cependant que l'élève l'espionnait en secret sous sa cabane.
Surtout, il désire encore sexuellement sa femme alors qu'il assure avoir renoncé « à toutes les choses qu'il aimait sur cette terre, les instruments,
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