Lysias, oraison funèbre

INTRODUCTION :

Lysias est une figure emblématique de l'éloquence et de la rhétorique pendant la Grèce antique, il incarne le talent et la maîtrise des mots dans l'Athènes du IVe siècle. Il est notamment célèbre pour ses discours judiciaires, ses oraisons funèbres dont l'influence s’est entendu bien au-delà de son temps.

Né à Athènes vers 445 , Lysias était le fils d'un marchand d’armes originaire de Syracuse , qui a acquis une richesse considérable à son arrivée dans la cité.

Lysias lui acquis une renommée considérable à Athènes en tant qu'orateur public, en rédigeant des discours pour des particuliers impliqués dans des procès et en prononçant lui-même des plaidoyers persuasifs.

Son parcours atypique l'a mené à s'exiler en raison de son opposition au régime des Trente Tyrans, qui avait pris le contrôle d'Athènes après la guerre du Péloponnèse. Son engagement politique et son talent rhétorique ont façonné sa vie et sa carrière.

Son œuvre la plus célèbre reste peut-être ses discours judiciaires qui sont de précieux témoignages sur la vie quotidienne, les valeurs et les tensions sociales de l'Athènes antique.

On s’intéresse aujourd’hui à L’epitaphios ou “Oraison funèbre”de Lysias qui est une des pièces les plus éloquentes et émouvantes de la Grèce Antique , renommée pour sa maîtrise rhétorique , qui en fait un chef-d'œuvre oratoire.

L’epitaphios, ou éloge funèbre, est une invention athénienne , qui a été instaurer pour la première fois en l'honneur de ceux qui ont combattu à Salamine (480 avant JC) à Platées (479 BC) morts pour leur pays, et pour la gloire de la réussite à Marathon (490 BC) ».

Avant l’epitaphios de Lysias, il y a eu la célèbre oraison funèbre de Périclès par Thucydide ou encore le panégyrique d’Isocrate.

Cet texte raconte le contexte d’après guerre du Péloponnèse d’Athènes , profondément transformée par Sparte , qui a pris le contrôle pendant un temps de la cité , entraînant des bouleversements politiques et des purges au sein de la société athénienne.

La guerre avait laissé la cité en ruines, ayant entraîné la chute de son économie et des pertes humaines considérables.

l’Epitaphios a été composée pour honorer les soldats athéniens tombés au combat lors de la guerre de Corinthe entre 396 et 386. Pour contextualiser , une ligue s'était formée entre Corinthe, Thèbes et Athènes , avec le soutien de l'Empire achéménide qui souhaite mettre fin aux incursions du roi de Sparte Agésilas II en Asie Mineure et pour secouer le joug de Sparte.

Malgré les victoires terrestres remportées par les Lacédémoniens , Athènes prend l'avantage sur mer et lance plusieurs campagnes navales dans les années plus tardives de la guerre, reprenant quasiment ses îles d’antan qui faisaient partie de l’empire athénien.

Lysias rend donc hommage à ceux qui ont participé la reconstitution progressive de la cité , témoignant de la résilience et de la détermination du peuple athénien à se remettre des ravages de la guerre du Péloponnèse pour reconstruire une société idéal de manière plus solide.

Le contexte de cette époque offre un terrain propice pour comprendre l'importance de telles oraisons funèbres, à la fois comme moyen de rendre hommage aux défunts, mais aussi comme un outil politique et culturel.

En effet , l’objet de ma problématique est donc : En quoi l’Epitaphios de Lysias est un outil politique destiner à consolider l’identité et le patriotisme d’Athènes dans une période trouble pour la cité ?

Nous verrons dans une première partie , l’éloge de l’impérialisme athénien comme protecteur de la Grèce , puis dans une seconde partie la critique de l’hégémonie de Spartes et enfin la reprise d’Athènes et sa renaissance.

I / L’éloge de l’impérialisme athénien , protecteur de la Grèce

A ) L”Héroïsme” athénien et l’importance de la mémoire

Lysias commence tout d’abord son discours en portant une reconnaissance et de l'admiration profonde à ses combattants tombés au front. §54

Lysias reconnaît que même les mots les plus éloquents, prononcés par le plus habile des orateurs, ne suffiraient pas à capturer toute la grandeur des soldats inhumés à cet endroit.

Leur contribution à la suprématie d'Athènes, en maintenant la domination maritime pendant soixante-dix ans, est présentée comme une réalisation exceptionnelle, signe de leur bravoure et de leur détermination à servir leur patrie. §55

En somme, cet premier met en lumière l'engagement et le courage de ces soldats, insistant sur leur contribution fondamentale à la liberté de la Grèce et le maintien de la paix et de l'unité parmi les alliés.

B ) La concorde sous l’impérialisme athénien

En effet , le discours de Lysias met en valeur l'impérialisme athénien comme un bastion de la liberté pour les grecques , présentant la période où Athènes commandait sur mer comme un temps de concorde, d'égalité parmi les alliés et de dissuasion pour les tyrans.

Il cherche ici à exalté la puissance d'Athènes, en disant que même le redoutée grand roi Xerxès s’est plié face à la cité , en cédant certaines possessions par crainte de l’ennemi , § 56

On peut cependant percevoir que cette vision est un peu trop idéalisé , notamment le §57

Il parle ici de la période de la Pantécontaétie ou Athènes régnait en maitre sur la mer Egée et préservait , il occulte évidemment ses périodes de rivalités et d'alliances changeantes, ainsi que les révoltes sur ses iles.

Mais Lysias cherche évidemment à magnifier la grandeur et la réputation des Athéniens pour souligner leurs suprématie qui est donc légitime pour lui , “ c’est pourquoi les Athéniens méritent seuls d’être les patrons des Grecs et les guides des cités.”

Lysias suggère ainsi que cette période de sécurité et de respect était le résultat direct de la force et de la détermination des athéniens, faisant ainsi valoir leur droit à diriger la Grèce et à exercer une influence prédominante sur les autres États.

II / La critique du régime des Trente et de l’hégémonie de Spartes après la guerre du Péloponnèse

A ) La défaite d’Athènes et “la fin du monde grecque”

Cependant, cet éloge va s’assombrir avec le récit de la défaite navale des Athéniens d’Aegos-Potamos , qui a été la bataille finale décisive de la guerre du Péloponnèse , qui a scellé le sort d’Athènes.

Ici , Il insiste que le résultat n’implique que l’incompétence d’un seul homme et de la volonté des dieux et ce n’est pas la faute aux soldats athéniens , §58 “soit par l’impéritie d’un chef , soit par la volonté des Dieux . ( Stratège : Conon)

Cette défaite a ainsi eu des répercussions dévastatrices pour les cités grecques. Les Perses ont réussi à vaincre les Grecs dans une bataille navale, ce qui a conduit à la soumission de plusieurs villes grecques et à l'instauration de régimes tyranniques dans ces régions.

B ) "Des ennemis” à la tête du monde grecque

Il souligne aussi la fragilité de la situation politique et la vulnérabilité des cités grecques face à la domination