Note De Synthèse La Ville Durable
Note de Recherches : Note De Synthèse La Ville Durable. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoirest du territoire et de l’Environnement, Dir. Ernst I., pp. 85-95 Chaline C., 2002, « Culture et ville durable dans un contexte de régénération urbaine », in. Cultures urbaines et développement durable, Ministère de l’Aménagement du territoire et d l’Environnement, Dir. Ernst I., pp. 101-120 Note biographique : Citations :
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1. Introduction Cet ouvrage répond d’une commande du Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement pour le groupe d’experts sur l’environnement urbain auprès de la Commission européenne. Il a pour objectif d’explorer les liens entre cultures urbaines et développement durable. En effet, aujourd’hui, ces interactions ne sont pas explicites, ni opératoires, même si chacun est conscient de leur existence. Pour répondre à cette demande, Ingrid Ernst a rassemblé les contributions d’auteurs très variés, ainsi que quelques études de cas concrets. Le territoire questionné ici est la ville européenne, avec quelques incursions aux Etats-Unis. Le thème qui en ressort est la ville durable et ses enjeux, interrogés notamment à travers la question culturelle. La culture étant une notion très vaste, Ernst définit préalablement les principaux domaines dans lesquels la question de la culture émerge, au regard du développement durable urbain. Il s’agit de : la gestion durable du patrimoine, la production culturelle, en tant qu’agent de mixité urbaine, la qualité de vie, considérée comme nécessaire à une ville durable, la forme urbaine et notamment la conception des espaces publics, la culture de projet, dans le sens des systèmes de valeur, de la « culture administrative » et des savoir-faire. C’est à l’appui de ce texte, essayant de préciser les thèmes d’articulation entre ces domaines et le développement urbain, tentant de situer le jeu des échelles, des systèmes de valeur et des pouvoirs que les différents auteurs apportent leur contribution. 2. Un point de vue d’urbaniste : mode de gestion des villes et appartenance, où se situe la ville durable ? Ingrid Ernst nous livre son point de vue d’urbaniste. En préambule, elle s’essaie à une définition du développement durable, un système complexe en évolution, un développement « capable de durer longtemps en tant que processus et qui génère des répercussions au-delà de son terme »(Ernst, p. 24). Elle s’attache ensuite à la ville durable en la mettant en regard avec la mondialisation, l’élaboration de la notion de la première étant allée de pair avec l’émergence de la seconde. Aujourd’hui, coexistent deux modes de gestion du pouvoir, politique ou économique. Ingrid Ernst cherche les valeurs qu’elles portent et/ou construisent. On a d’abord un système des pôles, auquel appartient la mondialisation qui correspond à un processus économique. Il fonctionne par monopolisation et concurrence, avec un mode de communication implicite, instable temporellement. Il en résulte une double exclusion, d’abord sociale, interne aux villes mais aussi entre la ville et son territoire alentour. Ce système se superpose à une armature urbaine préexistante, celle fondée sur les centres. En regard, on a le schéma polycentrique dont le fonctionnement correspondrait à celui de la ville durable, par émulation et affrontement concurrentiel régulé par négociation et partage des aires de gouvernement, de spécialisations complémentaires ou de marchés. Ici, il en résulte une communication explicite, et un système relativement plus stable temporellement. La typologie urbaine qui lui est associée est celle qui est recherchée pour la ville durable : mixité, densité, limite visible du tissu urbain et animation de l’aire d’influence.
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Le deuxième trait caractéristique de la ville durable selon Ernst est la valeur d’urbanité. Elle correspond, selon elle, aux valeurs universalistes. L’universalisme fonde l’identité sur la citoyenneté, elle privilégie l’appartenance au territoire à l’appartenance au groupe et permet ainsi un enracinement spatial. Arrive alors la première contradiction ; ce sont les « métropoles malsaines et dévorantes », c'est-à-dire les villes fonctionnant avec un système polaire qui ont toujours été les plus productives, économiquement comme culturellement, et qui « ont façonné les systèmes de valeur universalistes qui y sont associées » (Ernst, 2002, p. 31). Mais, la mondialisation ne renforce pas l’universalisme, dans le sens où elle s’appuie sur des valeurs communautaires, régionales et identitaires. Or, il s’agit en effet de territoires trop vastes s’unifiant pour avoir une réelle cohésion. Il en résulte alors des ensembles polycentriques instables et un système de valeurs différentialistes plutôt qu’universalistes. Ainsi, l’identité culturelle communautaire conduit à la déterritorialisation, et le développement autonome des régions peut alors soutenir une adhésion à un système plus vaste que l’Etat. Aujourd’hui, le développement spatial ne soutient plus les centralités, et la polarisation s’appuie sur le différentialisme. L’action publique a du mal à se définir. Elle veut développer les centralités avec une économie polarisante, et renforcer l’enracinement spatial en s’appuyant sur une identité acquise par héritage. La ville durable serait donc un système polycentrique, pluriculturel et défendrait des valeurs universalistes fondées sur les identités citoyennes. Le développement durable urbain serait alors une affaire de culture de projet des acteurs publics avec un renversement des processus en cours. Il nécessiterait la conception de nouveaux équilibres dans le contexte actuel. Pour Ernst, c’est dans la civilisation des Lumières qu’il faut chercher une pensée durable et urbaine, et l’actualiser.
3. Un point de vue de géographes : une synthèse du développement durable urbain, ses antécédents et son devenir. Où placer la culture dans ce processus ? Cyria Emelianoff et Claude Chaline amènent une vision de géographes. En ce qui concerne la culture, les deux auteurs considèrent qu’elle a toujours été inhérente au fait urbain et remarquent un engouement pour le patrimoine sous toutes ses (nombreuses) formes ces dernières années. Au niveau politique, Claude Chaline note que le rayonnement culturel est au cœur des stratégies locales de développement, ses effets en terme d’image et d’attractivité n’étant plus à prouver. Cependant, toujours pour Claude Chaline, le domaine culturel reste secondaire dans les pratiques du développement durable, même s’il existe dans la plupart des textes destinés à guider l’action et le développement urbain. La difficulté du couplage des domaines de la culture et du développement durable tiendrait au fait que ce sont des notions qualitatives. Malgré tout, dans quelques cas, ils peuvent se rencontrer, notamment dans une des tâches visées par la ville durable : la recherche de réponses aux situations de dégradation de certains territoires urbains. On assiste ainsi à de nombreuses opérations ponctuelles de reconversion à des fins culturelles, ou encore à des grandes opérations de régénération de quartiers avec la programmation d’un édifice-phare à vocation culturelle, qui sert de repère et de justificatif à l’opération. Ainsi, en privilégiant la dimension culturelle, on rehausse l’image du quartier et on améliore durablement le cadre de vie locale. Chaline remarque également que l’homogénéisation des espaces culturels dans un objectif de plus grande équité sociale figure dans le discours sur la ville durable. Concernant l’explication théorique de cette place occupée par la culture dans quelques initiatives de développement durable, les deux auteurs sont d’accord pour affirmer qu’elle est
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née d’une critique de l’urbanisme « moderne », déconsidéré notamment pour ses excès normatifs, et se tourne vers un nouvel urbanisme, héritier des Lumières, symbolisé par le projet urbain. Cyria Emelianoff parle d’un renversement des principes entre la charte d’Athènes et la charte d’Aalborg (1994). On a ainsi : un souci d’adaptation aux milieux et de mise en valeur des potentiels locaux plutôt qu’une décontextualisation de l’architecture moderne, une valorisation du ou des patrimoines plutôt qu’un principe de la table rase, un souci de contenir l’urbanisation plutôt que l’extension des limites de la ville, une construction partenariale et participative de la ville plutôt qu’un urbanisme d’experts. Elle note de la même façon une inversion symétrique des principes hygiénistes, considérés comme une des bases des principes de l’urbanisme progressiste. Elle rapproche alors plutôt la pensée de la ville durable de celle de quelques culturalistes, notamment Olmsted et Geddes, qui prônent entre autres l’amélioration des conditions de vie urbaine, le contrôle de la croissance urbaine et la coopération intercommunale, tout en se préoccupant des générations futures. Olmsted considère ainsi les parcs comme des réserves foncières, permettant d’anticiper et guider la croissance urbaine. Geddes, quant à lui, prône l’inscription de la ville dans son milieu écologique et culturel, ainsi qu’un renouvellement politique pour un urbanisme démocratique et participatif. Pour Emelianoff, il s’agit alors d’une reconquête multidimensionnelle de la ville qui préfigure la ville durable. Aujourd’hui, en effet, avec la notion de ville durable, on s’appuie sur des principes d’équité sociale, de mixité fonctionnelle et
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