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‘’Spartakus’’
(1919)
Drame
Un soldat qui revient de guerre retrouve sa fiancée engrossée par un autre, se fait jeter dehors par les riches parents de la demoiselle, fréquente les bistrots et les rues du prolétariat, excite les travailleurs à la révolution et se met à leur tête pour prendre d'assaut le quartier des journaux. Arrivé à ce point, le manuscrit partait dans différentes directions. Plusieurs variantes étaient proposées. Dans l'une d'elles, tout à fait caractéristique, la jeune femme rejoint son soldat en plein combat, et celui-ci, maintenant qu'il l'a récupérée, laisse tomber la révolution, prend avec lui la jeune fille (bien qu'un peu « abîmée ») et s'en va. Il en a jusque-là, la révolution, c'est bon pour les affamés ; maintenant il rentre chez lui, où un grand lit blanc est tout prêt
Commentaire
Alors que l'expressionnisme était très à la mode, la pièce était plutôt une ballade dramatique lancée d'un seul trait, sous une forme très peu littéraire. Les personnages y parlaient une langue hors des modes, sauvage, puissante, colorée, qui n'était pas puisée dans les livres mais tirée de la bouche du peuple.
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‘’Hans im Glück’’
(1919)
‘’Jean la chance’’
Pièce de théâtre
Jean est un paysan simple et naïf, qui se laisse (bien) vivre dans sa ferme-auberge avec sa femme. Arrive un homme de la ville qui la séduit. Elle quitte Jean et lui laisse la ferme. Jean échange la ferme contre deux charrettes, une charrette contre l’amitié, la seconde contre un manège, le manège contre une oie, l’oie contre la compagnie des hommes… Il est finalement dépouillé de tout.
Commentaire
C’est un conte des frères Grimm du même titre qui inspira à Brecht cette pièce qui est très différente de ses autres pièces, car c’est un texte très poétique, où les personnages sont dessinés comme au trait. Dans le conte, Jean est un paysan qui a beaucoup travaillé et qui procède à une série d’échanges : il échange son lingot d’or contre un cheval, puis contre une vache, etc. ; il finit avec une pierre qu’il jette dans le puits et se libère ainsi de toute contrainte, de tout « poids », matériels. Chez Brecht, Jean, homme bon, naïf, simple, est un être solaire, lumineux, une figure de la résistance. Il est à la fois innocent et coupable : innocent de l’état du monde et coupable de ne pas pouvoir / vouloir le combattre. Jean, au cours de son errance, perd tout ‘ y trouve-t-il le bonheur? l’achèvement? la nudité originelle? son identité? la mort? Dans sa bonté simple, il est agi. Ce n’est pas du tout pessimiste. Il meurt, mais il n’a cédé sur rien. Il est simplement inapte à ce monde-là.
Sous la farce paysanne, on trouve donc une fable profonde et un héros qui annonçait les grandes figures à venir, de Galy Gay à Schweik. Brecht fait d’ailleurs se rapprocher les deux personnages, même s’ils sont comme des doubles inversés. Dans les deux cas, on voit que le monde ne permet pas d’être un homme bon et qu’il faut trouver en soi la force de se défendre contre la brutalité du monde. Jean la Chance peut être considéré comme le chaînon manquant qui permet de mieux comprendre l’œuvre de Brecht. Le conte initiatique hisse haut cette interrogation brechtienne : comment conserver la bonté dans un monde vénal, régi par le mensonge?
Le texte était resté inabouti, divisé en plusieurs manuscrits. Dans le manuscrit A, il y a presque tout jusqu’à la scène de la cave. Cette scène, telle quelle, était incompréhensible car non reliée avec le reste. Il y avait ensuite les manuscrits B (B1, B2, …, B6) qui sont de petits bouts de textes, comme si Brecht avait voulu reprendre des scènes. Cela a servi pour écrire la fin. La mort de Jean n’est ni dans la version A, ni dans la version B. Mais des phrases éparses existantes ont permis de constituer la scène de la fin. « Une masse noire dans l’herbe, comme un sac vide », par exemple, a bien été écrit par Brecht, qui mettait cette phrase dans la bouche de la mère.
La maison d’édition L’Arche retrouva les manuscrits et les fit connaître à quelques personnes. Le Théâtre des Treize Vents, à Montpellier, a uni à la version A des fragments de B. Cet ensemble squelettique a été rapproché des autres pièces de Brecht grâce aux poèmes de Brecht de cette époque qui parlent aussi de Jean la Chance, traitent des mêmes thèmes que ceux qu’on trouve dans ‘’Jean la Chance’’, poèmes mis en musique par Stephen Warbeck, de sorte que la soirée s’organise, comme les grandes oeuvres de Brecht, avec ces « songs » qui interrompent l’action pour lui donner un autre nerf, une autre émotion. Le texte a vraiment l’intelligence rusée et le coup de poing rageur des pièces connues du dramaturge allemand.
La pièce, qui n’avait jamais été montée, ni en France, ni à l’étranger, a ainsi été créée en 2006 par le Théâtre des Treize Vents qui a ensuite été invité au Berliner Ensemble, pour le cinquantième anniversaire de la mort de Brecht.
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Brecht fut marqué par la disparition prématurée de Rosa Luxemburg et de Liebknecht. Tout en poursuivant ses études, il devint, en 1919, «dramaturg» au “Kammerspiele” de Munich, ce qui décida de son orientation future. Il vint à Berlin proposer sa deuxième pièce au metteur en scène Max Rheinhardt :
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“Baal”
(1920)
Drame
Baal, ivrogne, assassin, homme fou et libre, poète attaché à sa perte, est seul, irrémédiablement seul, même si Jeanne, Émilie, Sophie traversent sa vie, figures de passion et de dévotion, car il n'est habité que par la douleur. Il n’a qu’un seul ami, Ekart, double, diable, frère, qui l’accompagne envers et contre tous.
Commentaire
Cette superbe pièce de Brecht, restée restée inachevée, était encore plus violente, plus sauvage, que ‘’Spartakus’’, était tout à fait expressionniste. Le coeur bat, les genoux tremblent, l'amour s'y abîme. On y sent vibrer la peau du monde, le beau, le laid, le sale, le pur.
Mais Max Reinhardt la refusa. Elle ne fut jouée qu’en 1923.
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Cet échec humiliant fut cependant, pour Bertolt Brecht, jeune homme efflanqué à la casquette et au manteau de cuir rapé, l’occasion de faire connaissance avec le tourbillon de Berlin. Bien que fasciné par la capitale comme un jeune provincial pouvait l'être, il ne s'y sentait pas tout à fait à l'aise. Berlinois non de coeur, mais de raison, il était convaincu que les grandes cités étaient les foyers de tous les changements fondamentaux du siècle. Mais, mangeant à peine et logeant dans un réduit glacé, la vie misérable qu’il devait mener le fit complètement déchanter : «Il n'y a pas d'air dans cette ville, en ce lieu on ne peut pas vivre.» On le ramassa un jour en pleine rue, évanoui d'inanition. Au printemps 1922, il fut contraint de s'aliter. Des amis le firent conduire d'urgence à l'hôpital de la Charité.
Pourtant, la même année, il fut joué pour la première fois sur scène :
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“Trommeln in der Nacht”
(1922)
“Tambours dans la nuit”
Comédie
Une noce est en préparation, la fiancée étant enceinte. C'est alors que surgit Kragler, celui que tout le monde croyait mort, un revenant surgi de sa captivité en Afrique, pour réclamer la main de celle qui lui était promise avant la guerre.
Commentaire
L'espace de la pièce ne cesse de s'élargir, passant de la scène-salle à manger au cabaret expressionniste, puis aux rues et à tout l'espace de Berlin. Alors les destins individuels des personnages se fondent dans un grand mouvement collectif, dans le flux et, bientôt, le reflux de l'Histoire. Le point sensible de la pièce est sa fin, dont Brecht n'a jamais
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