Pechers
Documents Gratuits : Pechers. Rechercher de 53 000+ Dissertation Gratuites et Mémoiresis pas, J’en ferais pourtant un repas. Ha ! soutenez-moi, je me pâme ! Ce morceau me chatouille l’âme. Il rend une douce liqueur Qui me va confire le coeur ; Mon appétit se rassasie De pure et nouvelle ambroisie, Et mes sens, par le goût séduits, Au nombre d’un sont tous réduits. Non, le coco, fruit délectable, Qui lui tout seul fournit la table De tous les mets que le désir Puisse imaginer et choisir, Ni les baisers d’une maîtresse, Quand elle-même nous caresse, Ni ce qu’on tire des roseaux Que Crête nourrit dans ses eaux, Ni le cher abricot, que j’aime, Ni la fraise avecque la crème, Ni la manne qui vient du ciel, Ni le pur aliment du miel, Ni la poire de Tours sacrée, Ni la verte figue sucrée, Ni la prune au jus délicat, Ni même le raisin muscat (Parole pour moi bien étrange), Ne sont qu’amertume et que fange Au prix de ce MELON divin, Honneur du climat angevin. Que dis-je d’Anjou ? Je m’abuse : C’est un fruit du cru de ma Muse, Un fruit en Parnasse élevé, De l’eau d’Hippocrène abreuvé, Mont qui, pour les dieux seuls, rapporte D’excellents fruits de cette sorte, Pour être proche du soleil D’où leur vient leur goût non pareil : Car il ne serait pas croyable Qu’un lieu commun, quoique agréable, Eût pu produire ainsi pour nous Rien de si bon ni de si doux. Ô vive source de lumière ! Toi dont la route coutumière Illumine tout l’univers, Phoebus, dieu des fruits et des vers, Qui tout vois et qui tout embrasses, Ici je te rends humbles grâces, D’un cœur d’ingratitude exempt, De nous avoir fait ce présent. [...] Ô manger précieux ! délices de la bouche ! Ô doux reptile herbu, rampant sur une couche ! Ô beaucoup mieux que l’or, chef d’œuvre d’Apollon ! Ô fleur de tous les fruits ! Ô ravissant MELON ! Les hommes de la cour seront gens de parole, Les bordels de Rouen seront francs de vérole, Sans vermine et sans gale on verra les pédants, Les preneurs de pétun auront de belles dents, Les femmes des badauds ne seront plus coquettes, Les corps pleins de santé se plairont aux cliquettes, Les amoureux transis ne seront plus jaloux, Les paisibles bourgeois hanteront les filous, Les meilleurs cabarets deviendront solitaires, Les chantres du Pont-Neuf diront de hauts mystères, Les pauvres Quinze-Vingts vaudront trois cents argus, Les esprits doux du temps paraîtront fort aigus, Maillet fera des vers aussi bien que Malherbe, Je haïrai Faret, qui se rendra superbe, Pour amasser des biens avare je serai, Pour devenir plus grand mon cœur j’abaisserai, Bref, Ô MELON sucrin, pour t’accabler de gloire, Des faveurs de Margot je perdrai la mémoire Avant que je t’oublie et que ton goût charmant Soit biffé des cahiers du bon gros SAINT-AMANT.
LE PARFUMLecteur, as-tu quelquefois respiré Avec ivresse et lente gourmandise Ce grain d'encens qui remplit une église, Ou d'un sachet le musc invétéré ? Charme profond, magique, dont nous grise Dans le présent le passé restauré! Ainsi l'amant sur un corps adoré Du souvenir cueille la fleur exquise. De ses cheveux élastiques et lourds, Vivant sachet, encensoir de l'alcôve, Une senteur montait, sauvage et fauve, Et des habits, mousseline ou velours, Tout imprégnés de sa jeunesse pure, Se dégageait un parfum de fourrure.Charles Baudelaire.
La jalousie
Je veux bâtir pour toi, Madone, ma maîtresse, Un autel souterrain au fond de ma détresse, Et creuser dans le coin le plus noir de mon coeur, Loin du désir mondain et du regard moqueur, Une niche, d'azur et d'or tout émaillée, Où tu te dresseras, Statue émerveillée. Avec mes Vers polis, treillis d'un pur métal Savamment constellé de rimes de cristal Je ferai pour ta tête une énorme Couronne; Et dans ma Jalousie, ô mortelle Madone Je saurai te tailler un Manteau, de façon Barbare, roide et lourd, et doublé de soupçon, Qui, comme une guérite, enfermera tes charmes, Non de Perles brodé, mais de toutes mes Larmes! Ta Robe, ce sera mon Désir, frémissant, Onduleux, mon Désir qui monte et qui descend, Aux pointes se balance, aux vallons se repose, Et revêt d'un baiser tout ton corps blanc et rose. Je te ferai de mon Respect de beaux Souliers De satin, par tes pieds divins humiliés, Qui, les emprisonnant dans une molle étreinte Comme un moule fidèle en garderont l'empreinte. Si je ne puis, malgré tout mon art diligent Pour Marchepied tailler une Lune d'argent Je mettrai le Serpent qui me mord les entrailles Sous tes talons, afin que tu foules et railles Reine victorieuse et féconde en rachats Ce monstre tout gonflé de haine et de crachats. Tu verras mes Pensers, rangés comme les Cierges Devant l'autel fleuri de la Reine des Vierges Etoilant de reflets le plafond peint en bleu, Te regarder toujours avec des yeux de feu; Et comme tout en moi te chérit et t'admire, Tout se fera Benjoin, Encens, Oliban, Myrrhe, Et sans cesse vers toi, sommet blanc et neigeux, En Vapeurs montera mon Esprit orageux. Enfin, pour compléter ton rôle de Marie, Et pour mêler l'amour avec la barbarie, Volupté noire! des sept Péchés capitaux, Bourreau plein de remords, je ferai sept Couteaux Bien affilés, et comme un jongleur insensible, Prenant le plus profond de ton amour pour cible, Je les planterai tous dans ton Coeur pantelant, Dans ton Coeur sanglotant, dans ton Coeur ruisselant! Baudel
l'envi
XCVI. Le Jeu
Dans des fauteuils fanés des courtisanes vieilles, Pâles, le sourcil peint, l'oeil câlin et fatal, Minaudant, et faisant de leurs maigres oreilles Tomber un cliquetis de pierre et de métal; Autour des verts tapis des visages sans lèvre, Des lèvres sans couleur, des mâchoires sans dent, Et des doigts convulsés d'une infernale fièvre, Fouillant la poche vide ou le sein palpitant; Sous de sales plafonds un rang de pâles lustres Et d'énormes quinquets projetant leurs lueurs Sur des fronts ténébreux de poètes illustres Qui viennent gaspiller leurs sanglantes sueurs; Voilà le noir tableau qu'en un rêve nocturne Je vis se dérouler sous mon oeil clairvoyant. Moi-même, dans un coin de l'antre taciturne, Je me vis accoudé, froid, muet, enviant, Enviant de ces gens la passion tenace, De ces vieilles putains la funèbre gaieté, Et tous gaillardement trafiquant à ma face, L'un de son vieil honneur, l'autre de sa beauté! Et mon coeur s'effraya d'envier maint pauvre homme Courant avec ferveur à l'abîme béant, Et qui, soûl de son sang, préférerait en somme La douleur à la mort et l'enfer au néant! Charles
La colère
Alfred de VIGNY (1797-1863)
Arthur Rimbaud« Qu’est-ce pour nous, mon cœur... »Arthur Rimbaud
Qu’est-ce pour nous, mon cœur, que les nappes de sang Et de braise, et mille meurtres, et les longs cris De rage, sanglots de tout enfer renversant Tout ordre ; et l’Aquilon encor sur les débris ; Et toute vengeance ? Rien ! ... - Mais si, toute encor, Nous la voulons ! Industriels, princes, sénats : Périssez ! Puissance, justice, histoire : à bas ! Ça nous est dû. Le sang ! le sang ! la flamme d’or ! Tout à la guerre, à la vengeance, à la terreur, Mon esprit ! Tournons dans la morsure : Ah ! passez, Républiques de ce monde ! Des empereurs, Des régiments, des colons, des peuples, assez ! Qui remuerait les tourbillons de feu furieux, Que nous et ceux que nous nous imaginons frères ? À nous, romanesques amis : ça va nous plaire. Jamais nous ne travaillerons, ô flots de feux ! Europe, Asie, Amérique, disparaissez. Notre marche vengeresse a tout occupé, Cités et campagnes ! - Nous serons écrasés ! Les volcans sauterons ! Et l’Océan frappé... Oh ! mes amis ! - Mon cœur, c’est sûr, ils sont des frères : Noirs inconnus, si nous allions ! Allons ! allons ! Ô malheur ! je me sens frémir, la vieille terre, Sur moi de plus en plus à vous ! la terre fond, Ce n’est rien : j’y suis ; j’y suis toujours.
Paul VerlaineChild WifePaul Verlaine
Vous n’avez rien compris à ma simplicité, Rien, ô ma pauvre enfant ! Et c’est avec un front éventé, dépité Que vous fuyez devant. Vos yeux qui ne devaient refléter que douceur, Pauvre cher bleu miroir Ont pris un ton de fiel, ô lamentable sœur, Qui nous font mal à voir. Et vous gesticulez avec vos petits bras Comme un héros méchant, En poussant d’aigres cris poitrinaires, hélas ! Vous qui n’étiez que chant ! Car vous avez eu peur de l’orage et du cœur Qui grondait et sifflait, Et vous bêlâtes vers votre mère - ô douleur ! - Comme un triste agnelet. Et vous n’aurez pas su la lumière et l’honneur D’un amour brave et fort, Joyeux dans le malheur, grave dans le bonheur, Jeune jusqu’à la mort !
Londres, 2 avril 187
luxure
Stéphane Mallarmé« Parce que de la viande... »Stéphane Mallarmé
Parce que de la viande était à point rôtie, Parce que le journal détaillait un viol, Parce que sur sa gorge ignoble et mal bâtie La servante oublia de boutonner son col,
Parce que d’un lit, grand comme une sacristie, Il voit, sur la pendule, un couple antique et fol, Ou qu’il n’a pas sommeil, et que, sans modestie, Sa jambe sous les draps frôle une jambe au vol,
Un niais met sous lui sa femme froide et sèche, Contre ce bonnet blanc frotte son casque-à-mèche Et travaille en soufflant inexorablement :
Et de ce qu’une nuit, sans rage et sans
...