La Gestion De La Penurie D''Eau Au Moyen-Orient

à la forte croissance des besoins en eaux, la maîtrise de cette ressource est une préoccupation majeure, pour cela de gigantesques aménagements sont mis en place. Toutefois, dans ce contexte de pénurie, le contrôle de l'eau est générateur de concurrences entre les usages de l'eau et les situations conflictuelles entre états s'accroissent.

En quoi le manque d'eau est-il à l'origine d'aménagements et de conflits au Moyen-Orient ?

Après avoir étudié la pénurie de l'eau au Moyen-Orient, nous analyserons les aménagements mis en oeuvre pour la contrôler et enfin nous verrons les conflits qui émanent de cette crise.

I. La pénurie d'eau au Moyen-Orient

La majorité des pays du Moyen-Orient sont touchés par la pénurie d'eau, celle-ci est dû principalement au climat sec de cette région et à la hausse de la demande en eau.

1) Les ressources en eau

Comme nous pouvons le constater dans le tableau ci-dessous, les disponibilités en eau ont pour la majorité des pays du Moyen-Orient baissé depuis 1985. Le seuil de pénurie se situe à 1000 m3 d'eau par an et par habitant.

Ainsi, le Liban, la Syrie, l'Iran, la Turquie et l'Irak ne sont pas en pénurie. Mais en réalité, seul l'Irak et la Turquie ont des ressources exédentaires. La Turquie dispose de 26 bassins fluviaux importants. A eux seuls, le Tigre et l'Euphate fournissent un tiers des eaux de surface du pays, mais comme nous le verrons plus tard, ces ressources sont contestées.

La Syrie, le Liban, l'Iran et l'Egypte sont quant à eux menacés de pénurie. Le Nil pourvoit l'Egypte en eau à hauteur de 97 % de ses ressources et près de 95 % des égyptiens vivent sur ses rives. Le Nil a donc un rôle vital dans l'existance du pays. La Syrie dépense quant à elle en grande partie de l'eau de l'Euphate et comme nous pourrons le voir dans le III, un conflit est né avec la Turquie pour le partage des eaux de ce fleuve.

Les pays les plus touchés par la pénurie ayant des ressources fortement déficitaires sont le Koweït, le Bahreïn, le Qatar, l'Arabie Saoudite, l'Israël, la Jordanie, le Yémen et l'Oman. La Jordanie est l'un des pays les plus touché, ce pays est située dans sa presque totalité dans une zone semi-aride. Seulement 6 % du territoire Jordanien reçoit des précipitations supérieurs à 300 mm/an (quantité minimum requise pour la culture du blé.) Une grande partie des ressources du pays proviennent de réserves non renouvelables.

Les disponibilités en eau par habitant au Moyen-Orient

Source : Les hommes occupent et aménagent la Terre, Géographie 2°

2) Climat et précipitations

Le premier élément pouvant expliquer la pénurie d'eau au Moyen-Orient est son climat. Ainsi comme nous le montre la carte des climats ci-dessous, la majeure partie de cette région est située dans une zone à climat sec désertique.

La latitude est le premier élément déterminant. En raison de la faiblesse et de l’irrégularité des précipitations combinées a une forte évaporation, l’aridité règne sur une majeure partie du Moyen-Orient. Elle est permanente en péninsule arabique, saisonnière ailleurs, sauf sur les rivages du nord de la Turquie et de l’Iran. L’aridité marque les paysages. La végétation se traduit par la précarité des écoulements et la pauvreté des sols, cela impose à l’Homme et à ses initiatives de dures contraintes. L’été compte de quatre à cinq mois secs et l’ensoleillement est considérable : plus de 3000 heures par an. La pluviosité est faible et peut atteindre des valeurs inférieures à 200 millimètres. Dans les régions humides, les précipitations peuvent varier du simple au double d’une année à l’autre. Dans les zones proches du désert, ce rapport s’élève de 1 à 18. L’excès d’eau, tout comme à l’inverse, des périodes de sécheresse prolongées, rendent les ressources en eau imprévisibles. La répartition des grandes masses de relief joue un rôle essentiel dans la distribution des précipitations. Les massifs montagneux comme le Taurus en Turquie a des précipitations qui dépassent 1000 à 1500 millimètres. Ces précipitations hivernales tombent en partie sous forme de neige, et autorisent un stockage de l’eau, libérée au printemps à une période propice pour l’agriculture. La montagne est un château d’eau, source de vie pour les plaines arides qui l’entourent. Nous pouvons donc constater que ce climat sec désertique combiné à des précipitations imprévisibles expliquent en grande partie la situation de pénurie d’eau au Moyen-Orient.

Les climats dans le monde

Source : Atlas Gisserot du Monde

Les précipitations annuelles

Source : Encarta

3) L'augmentation de la demande en eau

Croissance démographique et ressources en eau douce au Moyen-Orient

*comprend les eaux de surface, y compris celles provenant des pays voisins, et les nappes souterraines.

Source : Population Reference Bureau, novembre 2002.

L’ autre élément expliquant la pénurie est la hausse de la demande en eau.

Cette hausse s’explique tout d’abord par l’accroissement démographique. Avec l’aide de la carte ci-dessous, nous pouvons constater que la zone arabe est en pleine transition démographique. L’accroissement est en moyenne de l’ordre de 2 à 2,5 % par an. Si ces données restent inchangées, la population de 255 millions d’habitants en 1997 se situera à quelque 452 millions en 2025, soit presque un doublement en 30 an. Le recul très fort de la mortalité est la cause première de cet accroissement démographique, cela résulte d’une révolution sanitaire. En effet, ce taux a baissé de 60% ces trente dernières années.

Mais à l'accroissement naturel s'ajoute 2 autres facteurs : l'augmentation des surfaces irriguées et de la croissance urbaine. Faute de pouvoir conquérir de nouvelles surfaces cultivables, l'objectif prioritaire en matière agricole est donc l'intensification pour améliorer la production, et pour cela la mobilisation des eaux et l'extension de l'irrigation apparaissent essentielles.

De plus, la croissance des villes, le développement des activités industrielles et touristiques ont fait apparaître de nouvelles demandes. La demande urbaine ne cesse d'augmenter, cela est dû à la croissance urbaine qui a été très forte ces dernières années ; plus de 50 % des habitants du Moyen-Orient sont citadins. Nous pouvons donc voir que tous les facteurs sont cumulatifs.

Source : Atlas Gisserot du Monde

Rapport entre prélèvements et ressources en eau

Source : Science de la vie de la Terre, 1° ES

Le rapport entre la demande en eau et la ressouce disponible est très fort au Moyen-Orient comme en Afrique du nord ( 50 % ). Plus ce rapport est grand, plus la demande est forte par rapport à la ressource disponible.

Cela nous permet de conclure notre première partie en disant que la demande en eau au Moyen-Orient est en augmentation mais que les ressources disponibles sont quant à elles très faibles à cause du climat aride qui règne sur cette surface de la Terre.

II. Les aménagements pour contrôler l'eau

Afin de lutter contre la pénurie, les hommes ont cherché à modifier le cours d'eau où trouver de nouvelles ressources pour mieux maîtriser l'eau. Tous les modes d'aménagements hydrauliques ont été inventés par les premières civilisations. Aujourd'hui le contrôle des grands fleuves suppose des moyens puissants.

1) Le dessalement de l'eau de mer

Les océnans constituent une réserve inépuisable d'eau potable, à condition de la dessaler. De grands progrés ont été fait dans ce domaine ces derniéres années et les coûts se sont abaissés.

Usine de dessalement de l'eau de mer Source : Les hommes occupent et aménagent la terre, Géographie 2°

Le Moyen-Orient, riche en énergie, concentre les deux tiers de la production mondial d'eau douce à partir de l'eau de mer. C'est le Koweit qui a construit la premiere usine dans les années 50. Le pays est actuellement dépendant de quatre usines de dessalement pour sa consomation urbaine et industrielle du fait de ses très faible ressources en eau souterraines. Le Koweit consacre 48% de l'eau dessalée à la consomation domestique. Mais depuis les années 60, c'est l'Arabie Saoudite qui a mis en oeuvre le programme de dessalement le plus ambitieux. Elle a investit 10 milliard de dollards pour la construction de 23 complexes de dessalement. Elle est de ce fait, le premier producteur mondial (1517 millions de m3 en 1999 ). La plupart des villes saoudiennes sont alimentées en eau désalée via un réseau de canalisation